Chapitre XXIII

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James

Je ne pensais pas que seize jours enfermés seraient aussi longs, et il faut dire que la tarée qui me sert de coloc n'a pas aidé à arranger les choses. Cette collocation est pour le moins... Mouvementé. Mais je dois l'avouer, ça n'a pas été si horrible. Étonnamment, et après les erreurs commises entre nous, nous avons finalement trouvé un terrain d'entente, mais pour combien de temps ?

J'ai accepté de fumer dans la cour extérieure à conditions qu'elle fasse sa manucure loin de moi et avec la fenêtre ouverte, ça empeste vraiment ces trucs-là. Nous avons même commencé à regarder une série ensemble chaque soir, une fois que je termine ce que j'ai à faire de mon côté et qu'elle a fini d'appeler sa meilleure amie pour lui partager son ennui mortel, nous nous retrouvons sur le sofa, deux pauvres animaux bloqués dans leur cage qui font passer le temps comme ils le peuvent. Même si mon esprit continue de me proposer d'autres manières de passer le temps. Être en sa compagnie n'a rien d'insupportable quand elle n'est pas têtue. Certaines des règles qu'elle impose me rendent fou, j'accepte ses conditions tant qu'elle respecte les miennes.

Depuis notre discussion, nous n'avons jamais parlé du baiser et du fait que c'était une erreur. Elle me la dit, et je ne l'ai pas cru. J'avais tort. On ne s'est pas trompé, mais c'était une faute. Ce sont deux choses bien distinctes. Nous ne parlons peut-être plus, mais nos corps s'expriment d'eux même naturellement. Je le ressens quand elle se crispe et que je passe à côté d'elle dans la chambre, je le vois quand nos peaux se frôlent par erreur quand nous attrapons la télécommande ou une tasse de café en même temps, je le sais quand elle fuit mon regard qui ne cache aucune mes pensées. Alors nous fermons les yeux et patientons jusqu'à ce que nous puissions partir.

Nous ne sommes pas sortis depuis la soirée des Blood From Hell, nous sommes encore dans l'attente du feu vert. Curtis cherche toujours Rojas, qui a disparu des radars depuis plusieurs jours, ce qui n'est pas le cas de mes parents. Mon téléphone n'a pas arrêté de sonner.

On dirait bien qu'ils n'ont pas compris que je n'avais aucune envie de leur parler, ni même du temps à leur consacrer. Après tout ce que mon père a fait, je ne comprends pas comment ma mère arrive encore à l'aimer, j'ai presque envie de le tuer pour que nous soyons une bonne fois pour toutes débarrasser de lui. Cette solution m'a traversé l'esprit plus d'une fois.

Pour affronter ces journées sans fin de bonne humeur, rien d'autre qu'un joint pour me détendre. Assis dans la cour sur le rebord de la fontaine, je tirais une taffe laissant la fumée entrer. L'effet n'est pas immédiat, presque absent.

À force de tirer des taffes, j'ai pris l'habitude de ne plus rien ressentir. Un peu comme avec le sexe. J'ai beau aimer ça, je suis du genre à me lasser des femmes dans mon pieu. Pourquoi j'ai l'impression qu'avec elle se serait différent ? L'interdit probablement.

Aujourd'hui, c'est à mon tour de cuisiner, et j'en suis ravi. À vrai dire, Kara n'est pas très douée, c'est une piètre cuisinière. Le pire, c'est qu'elle le sait, mais elle persiste pour ne pas changer. Une vraie têtue. Je pose nos assiettes remplies sur la table, je n'ai pas besoin de l'appeler qu'elle est déjà installée.

- Mmhh, ça sent bon ici, remarqua-t-elle en posant ses fesses à peine couvertes sur la chaise.

- Oui, pas comme quand c'est toi aux fourneaux. Dis-moi merci, fini les intoxications alimentaires. Elle ignore ma critique et croise ses jambes nues sous la table, que je fixe comme un affamé.

Je suis jaloux d'une chaise...

Je chasse mes pensées et m'installe face à elle, mon whisky à la main, je laisse le liquide brûler ma gorge avant de remplir une deuxième fois mon verre vide. En deux semaines, mon esprit ne s'est pas calmé, à vrai dire, il bouillonne. Je me suis surpris à rêver de chose à laquelle je ne devrais pas, et Kara n'arrange pas les choses. On dirait bien qu'elle veut me faire payer pour ma lâcheté, ce qui risque de bientôt me tuer.

Promised to HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant