Chapitre XXV

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Kara

Assise derrière le volant, mes mains restent accrochées en observant l'immense demeure cachée dans les bois face à moi. J'ai vu suffisamment de film pour sentir la mort émaner de ce genre d'endroit. Une fille seule qui s'apprête à entrer dans une maison isolée qui appartient à un dangereux mafieux, ça ressemble étrangement à un synopsis d'un film d'action qui tourne mal.

En général, la fille est vendue pour son corps ou finit six pieds sous terre. Je ne sais pas ce qu'il me prend de m'aventurer dans un tel merdier, mais je ne peux plus reculer. Le son de la pluie torrentielle qui s'abat sur le pare-brise m'apaise étrangement. La météo ressemble plus à celle d'un automne que celle d'un mois d'août.

Cela fait plusieurs jours que je patiente, incapable de bouger de ma chambre, terrifiée à l'idée de sortir et de croiser un membre du gang. Me rendre chez le père Salvatore me semble délicat et James ne dirait probablement pas le contraire.

Je sais qu'il désapprouverait, mais je ne peux pas être angoissée éternellement, et c'est ce qui risque d'arriver si je ne fais pas bouger les choses.
James est hospitalisé depuis trois jours, Aimee veille sur lui ce qui enlève une part de ma culpabilité. Fifty à d'autres problèmes à régler, et Liam est sans doute épuisé entre l'entreprise et son meilleur ami. Il ne reste plus que moi, et cet Ezio Salvatore.

Je ne veux pas penser à James, même si c'est plus fort que moi. Il a marqué mon esprit par sa présence permanente. L'idée de parler à son père est pour le moins douteuse. Je sais qu'il ne l'apprécie pas trop, il semble avoir lui aussi des problèmes importants avec sa famille. James est silencieux voir irritable sur le sujet.

Paul, un médecin envoyé par Curtis, a installé James dans un avion en direction de Miami, pour qu'il bénéficie des soins qu'il a besoin dans notre pays, et mon frère sera présent pour lui. Prendre cette décision n'a pas été dure. Je ne pouvais pas me tenir à ses côtés, alors que je n'étais pas présente pour ma mère lorsqu'ils tentaient de la réanimer cette nuit-là, et même si c'était déjà trop tard.

Une drôle de sensation m'a tordu le ventre quand il est parti, j'ai paniqué en imaginant le pire.

J'ai foncé droit vers l'hôtel, et j'ai lâchement pleuré toute la nuit, me sentant complètement idiote. Pas parce que je culpabilisais de ce que je m'apprêtais à faire, mais plutôt par ce que j'avais fini par ressentir pour lui. Je suis une menteuse.
Je mens à moi-même, en disant que rien à changer. Je veux le détester.

Nos tourments nous lient et nos démons nous réunissent dans cet enfer. Nous sommes deux âmes blessées qui ressentent de la souffrance. On se ressemble plus que je n'ose l'admettre, et c'est ce qui m'effraie. Parfois vivre est plus dur que mourir. Quand je croise le regard de James, j'ai l'impression que c'est ce qu'il ressent lui aussi.

Je connais mes faiblesses, je suis terrifiée à l'idée qu'il s'amuse avec chacune d'elles. Et même si je ne le montre pas, il me fait peur. Je sais que s'il voulait me pousser comme tous les autres l'ont déjà fait, ma chute serait mortelle.

Parce qu'il en a la capacité, c'est James Salvatore. Et cette étrange relation qui s'est créé entre nous n'arrange rien à la trouille que je ressens.

Le problème n'est pas notre attirance, ni cette tension éternelle que l'on éprouve. Ma crainte est que nos traumatismes mutuels nous accrochent l'un à l'autre.

Un coup contre ma vitre me fait sursauter, me rappelant à la réalité fâcheuse dans laquelle je me trouve. Un homme imposant ouvre ma portière et je reconnais aussitôt le garde du corps d'Ezio Salvatore, que j'avais aperçu à la soirée du gang.

Promised to HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant