Chapitre XVI

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James

Joyeuse comme un enfant revenant d'un parc d'attractions, Kara passa la porte et lève le bras victorieusement, tenant dans sa main une enveloppe.

Elle avait pris l'habitude de s'inviter dans mes moments de solitude sans même demander, et ça m'agaçai. Parce que dès qu'elle entre, la sérénité qui se crée en moi par sa présence me dérange.

Je déteste voir que je ne suis pas insensible à sa compagnie.

- Nous sommes invités à la soirée du célèbre gang canadien... Ou mexicain, j'en sais rien. Enfin, bref, regarde ça.

La fierté sur son visage et le sourire qui l'illumine font apparaître naturellement un demi-sourire sur mes lèvres.

Elle me tend l'enveloppe que je ne prends pas la peine à ouvrir avec précaution, je déchire l'extrémité et retire le papier décoré à l'intérieur, impatient de découvrir l'heure de la réception.

- Je l'ai reçu ce matin.

Je reconnais immédiatement l'emblème du gang ainsi que l'adresse, que je surveillais une semaine plus tôt.

- Seize heures trente. C'est tôt pour une soirée.

- Ouais, c'est ce que j'ai pensé.

- Max m'a dit qu'ils commençaient toujours la soirée en « famille ». Mime-t-elle en faisant des guillemets avec ses doigts. L'occasion de me présenter aux siens.

Je me demande plutôt ce qui va se passer pendant ces retrouvailles familiales des Blood from Hell.
Kara m'a assuré que Max n'avait pas fait référence au gang durant leur rendez-vous. Et ce que leurs familles étaient au courant de leurs activités ?

Curtis m'avait prévenu qu'ils étaient du genre discret, mais à ce point-là, je n'en suis pas sûr. Kara attend une réaction de ma part, moi-même, je ne sais pas quoi en penser. Je suis du genre méfiant, maintenant encore plus. Peut-être avait-il un plan pour revenir à la charge en Floride.

De toute façon, ça ne change rien à notre plan. Kara s'impatiente assise contre la tête du lit. J'espère qu'elle va se relever rapidement car mon cerveau est plutôt du genre créatif, lorsqu'il assimile sa présence à un lit.

Je commence à dérailler à force de rester enfermé ici telle une bête en cage. Je sais aussi que si je reste là, mes pensées persistantes ne vont pas se calmer.

- Ça te dit d'aller manger un truc pour reparler de tout ça ? J'arriverais pas à réfléchir sans manger un truc.

Elle soupire de soulagement.

- Merci, j'allais mourir de faim.

Sans attendre nous sortons de la chambre, lorsqu'elle s'excuse d'avoir oublié sa carte bleue et retourne à l'intérieur, me laissant seul dans le long couloir de l'hôtel.

On dirait qu'elle avait enfin compris mon manège.

Je m'adosse au mur et roule un joint que je place ensuite entre mes lèvres. Les yeux fixant la fenêtre, j'ai une vue directe sur le parking. Deux hommes âgés rigolent ensemble, dans le bar au coin de la rue.

Une jeune femme se présente devant eux et leur sert une énorme bière, chacun a une table. J'allais probablement finir comme ça ma vie. Un vieux, tout seul, qui fait les yeux doux à une serveuse et crée des amitiés avec les autres retraités de la ville.

Promised to HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant