Promised to Hell

Chapitre XXVII

Kara

Je ne ferme pas l'œil de la nuit, ces dernières semaines ont été pour le moins compliqué. J'aurais aimé pouvoir fuir la réalité, dormir et ne plus me réveiller, mais apparemment ça ne marche pas comme ça.

Putain de vie.

Dès que je pense atteindre le sommeil, je me réveille en sursaut en ayant l'impression de me prendre un énième coup dans le dos. Mes bras autour de mes genoux sur le sol froid en marbre.

Mais je n'y suis pas. Mon corps recroquevillé entre les draps de mon lit.

- Ça va ? Un faible reflet de lumière provenant de la lune à travers la fenêtre éclaire le visage d'Aimee. La compassion se lit sur ses traits comme chaque nuit depuis que je suis de retour. Et à chaque fois, je donne la même réponse.

- Oui. Rendors-toi. Elle sait que je mens, mais ne fait aucune remarque. Elle me prends dans ses bras et je ferme les yeux, la mâchoire douloureuse, tellement contracté à force de retenir mes émotions. Et je commence enfin à réussir, la douleur physique m'aide à oublier celle dans mon cœur.

Même si j'adore Aimee, je n'ai envie de parler à personne, surtout si ça m'oblige à m'exprimer sur ce qu'il s'est passé là-bas. J'essaye de ne pas y penser, mais les souvenirs violents sont marqués sur ma peau, du moins pour encore quelques jours, et je sais pourtant qu'ils ne quitteront pas mon esprit. Liam a voulu aborder le sujet, je ne pouvais rien dire, mais personne n'avait la possibilité d'ignorer les traces laissées sur tout mon corps par Ezio, encore moins quand les plus douloureuses sont sur mon visage.

J'aurais pu en parler avec une seule personne, mais elle n'est pas là. Parler de moi voulait dire parler de lui, et j'aimerais qu'il m'avoue ce qu'Ezio Salvatore lui a probablement fait subir. L'imaginer était suffisamment atroce, mon ventre se tord à l'idée.

Mon propre corps me trahit et me surprend lorsque je suis avec James. J'aurais apprécié qu'il soit là, même si cela voulait dire qu'il reste silencieux. La proximité de son corps me brûlait et me réconfortait à la fois.

Je poserais la tête contre son torse en écoutant les battements réguliers de son cœur lorsqu'il me retiendrait de ses bras. Comme une fois, dans une chambre, après un de mes nombreux cauchemars. Mais ça n'arrivera pas. Tu t'affaiblis Kara, ressaisis-toi.

Même si je le voulais, je ne devrais pas, je ne pourrais pas. Chaque réveil est plus dur que le précédent, je pense avoir vécu un cauchemar ensuite je me souviens de la réalité qui n'est pas meilleure.
Je le trahis.

La trahison est pourtant un des mots que je pensais avoir banni de mon vocabulaire après celle que m'a infligé mon père. J'y repense tout le temps, me promettant de ne jamais produire une erreur telle que la sienne. Je ne peux m'empêcher de me dire qu'en faisant ça, je serais comme lui. Une manipulatrice.

C'est aussi une des raisons pour laquelle je garde le silence, en dénonçant James, je les trahirais tous. Je n'ose plus croiser leurs regards.

Je lutte pour me raisonner, je tente d'éviter James malgré cette sensation étrange d'absence que je ressens dans ma poitrine. Et à vrai dire, Liam m'aide à m'en éloigner. Je ne sais pas ce qu'il s'est produit lorsque j'étais au Canada, mais on dirait bien que le monde a continué de tourner.

Et oui, surprise Kara.

Même si l'envie me prenait de le voir, Liam ne voudrait pas. C'est tendu entre eux, et je ne peux m'empêcher de penser que cela me concerne. À moins que cela est dû à un nouveau secret qu'ils tenteraient de me cacher.

La respiration calme d'Aimee m'indique qu'elle s'est rendormie. J'en profite pour me lever, ravie à l'idée d'avoir la télé du salon pour moi toute seule quelques heures avant de devoir me renfermer dans ma chambre. Personne ne sera là pour juger mes goûts en matière de programme télé et je ne serais pas forcée à mentir en affichant un faux sourire. J'entends le bruit atroce du tic-tac de l'horloge dans le salon, il est six heures. Je suis contente de voir que la maison s'est enfin calmée.