Le conseiller était plus habile combattant que ne l'avait estimé Éléonore. Elle n'en fût pas inquiète pourtant. Au contraire, la protectrice sourit en anticipant un bon combat.

Les deux combattants entrèrent, sans attendre, en action, Hassin retira d'une poche deux kunais et les jeta l'un après l'autre à la fée noire. Légèrement accroupi, Eléonore se déroula comme un ressort et esquiva à gauche de nouveaux projectiles venant en sens inverse. La protectrice vit, trop tard, les fils attachés aux lames. Avec un remorqueur, Hassin changea la direction des armes, les renvoyant vers la femelle. En grognant, Eléonore plaça ses deux mains dans des directions opposées, les paumes tournées vers l'extérieur. Deux rafales d'air jaillirent de ses mains. L'une des rafales poussa son adversaire et l'envoya déraper au sol, jusque contre le mur ; l'autre fit disparaître les armes dans la direction opposée lorsque la tension du fil atteignit son maximum et se cassa.

-C'était impressionnant, protectrice. C'est un puissant sortilège de vent. Remarqua la gargouille.

"Les nobles... Ils prenaient même le temps d'une fausse politesse durant un combat."

La gargouille ne tarda pas à reprendre pied. Hassin profita de la petite seconde de distraction de Eléonore pour apparaître, accroupi, juste devant la fée noire. Appuyant ses mains sur le sol, l'ancien conseiller envoya un coup de pied sous le menton de la protectrice, l'envoyant voler dans les airs. Dans la seconde qui suivit, il se lança juste au-dessus de la combattante où il estimait être son point de vol le plus élevé. Il serra ses deux poings ensemble et envoya le femelle s'écraser au sol avec un double poing sur le côté de la tête.

Atterrissant doucement au sol, Hassin sourit, sûr de sa victoire. Il regarda, avec des yeux attentifs, le petit cratère qui s'était formé dans la pièce depuis longtemps dévastée. Il plissa les yeux, puis les écarquilla de surprise. Il eût juste le temps de lever la main pour empêcher le fil que Eléonore avait ramassé du sol de se resserrer autour de sa gorge. Il arriva à se dégager et à tourner autour de la protectrice jusqu'à se placer derrière elle, une fois de plus. Le fil tomba, inutile, sur le sol. Il se prépara à donner un autre poing à la tête de son ennemie mais fût surpris de trouver son poing naviguant directement à travers la tête de la protectrice. La femelle se dissipa dans un tourbillon de vent qui trancha ses bras comme s'il était fait de lames.

Un clone de vent ! Une illusion !

Tout à sa surprise, Hassin fût incapable de bloquer le kunai que Eléonore poignarda dans sa jambe, même s'il parvint à se déplacer à la dernière minute pour être toucher à la cuisse et épargner ses plus importants tendons. Il esquissa rapidement des signes de la main, il lança un sort de feu à bout portant sur la gardienne de Ariman. Le sortilège déferla à travers la pièce dans un enfer de feu. Hassin s'éloigna à une distance de sécurité pour prendre un petit répit et retirer le kunai de sa jambe. Il grimaça légèrement en réalisant l'acte.

Lorsqu'il retourna son attention sur le combat, Hassin sentit ses yeux s'écarquiller d'un émerveillement involontaire. Le vent était censé être faible contre le feu car il attise les flammes et les rend trop difficiles à contrôler. C'était d'autant plus vrai pour les feux effectués par les gargouilles étaient souvent le fruit d'années d'entraînement et de perfectionnement. Hassin avait compté sur ce sortilège pour se donner le temps de récupérer. Il était dit qu'il ne pourrait pas compter là-dessus.

Au centre même du phénomène, Hassin voyait que la protectrice avait formé une sorte de cercle protecteur autour d'elle. L'air avait été retiré de force de la proximité des flammes, les faisant mourir sans bruit. La férocité de la nature du vent de la fée noire était de trop pour le sortilège d'incendie simple mais fort de l'ancien conseiller.

Hassin jura bas en songeant que c'était l'un des meilleurs sortilèges éolien qu'il ait jamais vu. Le sourire de Eléonore devint pratiquement sauvage lorsqu'elle devina les pensées de Hassin et capta sa nouvelle panique.

-Tu n'as encore rien vu, traître. Siffla-t-elle après son adversaire.

Sans avertissement, Eléonore se précipita en avant et, dans la seconde qui suivit, elle tenait la gorge de la gargouille dans une main et un des propres kunais de Hassin dans l'autre. Ce n'était pas son arme de prédilection mais cela faisait partie de l'arsenal de base que les protecteurs devaient savoir manier. D'une poussée sommaire de magie, elle cloua son adversaire au sol. Il n'y avait pas d'échappatoire pour Hassin.

-Par la présente, au nom du clan Dumaine, protecteur de Ariman : Je te condamne, Hassin, à mort.

Avec ces mots décisifs, le kunai de la fée noire trouva le cœur de x et la mort embrassa le traître.

Eléonore se redressa avec un doux soupir, elle ne ressentait que la satisfaction d'un travail bien fait. Son regard glissa sur les autres traîtres. Contrairement à Hassin, ceux-là n'étaient que blessés et inconscients. Ils ne trouveraient pas la mort des mains de Eléonore. C'était des traîtres aussi, certes, mais seulement des suiveurs d'après les informations qu'elle avait recueilli. Hassin était celui qui avait été l'instigateur de ce complot contre sa reine et, par extension, à Ariman. C'était lui qui avait perdu le droit à un jugement ! C'était l'une des lois de Ariman : si vous mettiez Ariman en danger, si vous l'exposiez ou étiez proche de le faire, c'était la mort assurée. Hassin avait répondu aux critères pour justifier un bon jugement alors que ses alliés pouvaient, de peu, avoir droit à un procès. La fée noire se contenta, donc, de lier fermement ces déchets surnaturels avec un sort. Ses amis et collègues se chargeraient de les récupérer.

Elle prit son temps pour sortir du palais et rejoindre le point de ralliement. Lorsqu'elle arriva en vue, elle repéra avec soulagement Michael, avec à ses côtés Marcus. Eléonore secoua la tête, un sourire heureux et spontané se dessina sur son visage. Selon le plan et le protocole, Marcus aurait dû être évacué avec le reste de sa famille. Michael n'était pas parvenu à convaincre et se faire obéir du prince gargouille. Cela n'étonna même pas Eléonore qui ressentit une bouffée d'affection pour le mâle. Elle aimait vraiment son Destiné. Ce qui, à l'expression exaspérée et énervée de Michael, était loin d'être son cas. Mieux valait ne pas irriter davantage Michael. Aussi, ce fût dans ce but que Eléonore s'adressa à lui en premier. Même si elle ne ressentait que le désir de se rapprocher de son aimé. Le devoir avant tout. C'était le credo des protecteurs.

-Le principal traître est définitivement neutraliser, trois autres individus attendent, inconscients, leur emprisonnement.

-Bien. Les lieux sont sécurisés, je vais attendre que l'autre équipe arrive pour le nettoyage. Vous deux pouvez rentrer.

Eléonore comprit que ce n'était pas une simple suggestion mais bien un ordre. De toute évidence, Michael était à bout de patience avec Marcus. Eléonore rit, malgré elle, s'attirant un regard noir de son camarade avant qu'il ne tourne les talons pour entre dans un bâtiment abandonné où une base d'opération temporaire avait été établi par son équipe.

Marcus s'empressa de prendre Eléonore dans ses bras sitôt que Michael fût hors de vue. Toujours soucieux du décorum, il avait attendu qu'ils disposent d'un semblant d'intimité pour se laisser aller à une démonstration d'affection. Eléonore espérait le débarrasser rapidement de cette pudeur inutile. Rien ne serait plus amusant que de gêner ses camarades de clan avec ces démonstrations d'affection. Pour le moment, néanmoins, elle se contenterait de profiter de l'étreinte de Marcus.

Les protecteurs de Ariman, tome 5 : Damnés dans l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant