Les protecteurs de Ariman, tome 5 : Damnés dans l'amour

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Marcus se réveilla une heure précise après s'être couché. Il se sentait bien, même s'il sentait qu'il aurait besoin de plus de repos pour être vraiment en pleine forme. Il ressentait une lassitude qui ne s'expliquait que par le Figement. Ce n'était pas de l'épuisement, pas tout à fait. C'était plutôt un état proche de la dépression. Voilà pourquoi le repos était si important après le réveil. Cette lassitude terne pouvait s'accroître jusqu'à conduire au processus de vieillissement. Par ouï-dire, Marcus avait entendu qu'il pouvait être difficile d'en sortir, même dans les meilleures conditions. En grande partie parce que ces sentiments étaient accompagnés de douleurs musculaires plus ou moins intenses. Marcus en faisait les frais, bien entendu. Il se sentait faible et manquait d'énergie pour accomplir ce qu'il voulait. Ce qui était loin d'être idéal si cela le conduisait à être confronté aux traîtres qui avaient commandité cet acte ignoble.

Marcus sortit du lit pour se rendre dans la salle de bain. Peut-être se sentirait-il plus ragaillardi après une douche fraîche. Il se déshabilla et, avant de pénétrer dans la cabine, il s'examina objectivement dans le miroir. Il voulait s'assurer qu'il était assez en forme (omettant les conséquences d'un Figement) pour combattre. L'image que lui rendit le miroir était, sans surprise, inchangée.

Il était demeuré inchangé, bien entendu. Il avait la peau pâle de la majorité de ses congénères et des cheveux bruns raides, encore soigneusement coiffés malgré son récent voyage. Sa chevelure était assez longue, bien qu'elle ne dépassa pas son cou. Ses yeux bruns mettaient son âme à nue et révélaient tout de son conflit interne et de ses inquiétudes, contrairement à son visage qui ne révélait rien (la plupart du temps). Moyennement grand et plutôt musclé, il faisait honneur à son espèce. Même s'il ne le ressentait pas de cette façon pour le moment.

Il dut se résigner : la douche n'avait rien changé ! Il se sentait toujours faible et découragé. Il aurait dû prendre le temps de se reposer mais il refusait d'en prendre le risque. Il aurait été facile de se reposer ici, chez son ami. Il se sentait en sécurité et savait qu'il serait bien accueilli. Un accueil pas uniquement basé sur sa position sociale. Passé les premiers jours, Verpa lui avait toujours montré qu'il faisait peu cas de son statut. Bien qu'il respecta et soit loyal à la famille royale (comme toutes les bonnes gargouilles), il ne les idéalisait pas comme d'autres le faisaient. Il voyait les membres royaux comme de simples immortels, seulement un peu mieux lotis. Sa famille avait toujours bien accueilli Marcus lorsqu'il était venu se réfugier ici pour fuir ses devoirs quelque temps. Marcus trouverait, certainement, le repos et la paix dont il avait besoin ici. Pourtant, ce serait une mauvaise idée. Le temps jouait contre lui. Il sentait la pression à chaque minute qui passait.

Donc, après s'être rapidement rafraîchi, le prince était redescendu pour trouver Verpa. Marcus l'avait vu soupirer de loin. Le prince ne doutait pas que son ami avait espéré qu'il reste plus longtemps pour se ressourcer. Cependant, lorsque Marcus arriva à la hauteur de l'autre gargouille, son ami s'était résigné à ne pas pouvoir le garder ici. D'ailleurs, la façon dont Marcus l'aborda aurait réduit à néant ses inspirations.

-Alors, qu'est-ce que tu as ?

-J'ai trouvé Drael. Il est resté près de la bulle principale.

Verpa contourna le bar et s'éloigna en direction du jardin arrière pour de l'intimité. Marcus fronça les sourcils et Verpa hocha la tête.

-Je sais. Ça peut paraître étrange mais c'est une bonne idée après ce qu'il a fait. Il devait savoir que ce n'était qu'une question de temps avant que tout le peuple gargouille sache qu'il était derrière cette traîtrise. Tout le monde voudra sa tête.

-Oui. Ses anciens complices en tête de liste vu ce qu'il a fait capoter leur plan.

-Très vrai ! Je suis sûr qu'il a dû prendre conscience de la dure réalité lorsque les environs grouillaient de protecteurs. Ils sont arrivés très rapidement sur les lieux.