Sanaa : Les yeux ne trompent pas

Partie 3

Partie 3 -

Quelques jours plus tard, je sors avec Sofia en ville. On s'ennuie grave au quartier, il fait chaud et les mecs ont décidé d'aller se baigner au kayak. On est restées entre meufs.

Sofia reçoit un appel. C'est sa mère.

- Sofia : ouais

- Sa mère : ......

- Sofia : mais déjà ?! Et karim il peut pas les garder ?

- Sa mère : ....

- Sofia : ok c'est bon j'arrive.

Elle raccroche.

- Sofia : Vas-y j'dois décaler y'a ma mère qui doit partir. J'dois garder mes p'tits frères parce Karim (son frère) est déjà sorti.

- Moi : vas-y on décale mahlich.

On prend le chemin du retour et on voit une petite golf s'arrêter à notre hauteur.

- Sahir : wesh les filles ça fou quoi ?

- Sofia : Dépose nous stp j'dois rentrer garder mes reufs

- Sahir : allez-y montez.

- Moi : T'as l'permis Sahir ?

- Sahir : bien sûr que nan ! J'prend la voiture de ma mère noormal. J'fais des dou^a pour pas qu'on m'chope c'est tout.

Je rappelle que Sahir a 16 ans à ce moment. On arrive chez Sofia.

- Sahir et moi : Vas-y So à plus !

- Sahir : j'ai la dalle pas toi ?

- Moi : Si de ouuuf.

- Sahir : Tant mieux, j'crois bien que j'te devais un grec en plus

Arrivés au grec on commande et on se pose sur la terrasse. Je passe un trop bon moment. On plane, il m'raconte des petites anecdotes sur sa vie...

Sahir, c'est le mec qui peut te faire pleurer de rire. Tu te pose avec lui et t'oublies tes soucis.

Ce mec, il est pas négatif, il parle pas de ses problèmes, rien. Juste un mec qui rigole H24 et qui fait rire les autres.

Sahir est issu d'une grande fraterie. Il a beaucoup, beaucoup de demi frères et soeurs. Ça engendre son lot de soucis. Certains de ses frères ont des problèmes avec la justice, une mère à la santé fragile... mais il en parle jamais. Tout ça c'était c'que les gens disent. Lui, il parle pas de tout ça.

Après avoir dégusté cet excellent grec, il me dépose à la maison. Je prends ma douche et me pose au tel avec Naïla. Elle me raconte ses histoires de p'tite meuf. Elle commence à bien kiffer un mec.

- Naïla : Nan mais tu crois qu'il me kiff ?

- Moi : j'sais pas Ney mais j'pense qu'il est pas indifférent.

- Naïla : Vas-y qu'est-ce qu'il m'arrive ? C'est même pas un rebeu stp !

- Moi : Franchement pour le coup, j'peux qu'être d'accord avec toi. Vous vous êtes mises dans un beau bourbier Lina et toi.

- Naïla : Purée m'en parle pas...

Lina aussi est amoureuse. D'un babtou. Ces mecs sont à l'antipode de ce qu'on connaît. Alors l'inconnu, l'interdit, ça éveille toujours la curiosité.

On avait 15 ans et c'est leurs premiers flirts, leurs premiers amours loins des quartiers. Elles s'imaginent déjà dans leurs résidences pavillonnaires. Ney avec son p'tit Loïc et Lina avec son petit Jérôme.

Ney et moi sommes les aînées de nos fratries et nos parents sont assez cool. Lina par contre, elle a deux grands frères, bien connus de tous. Au moindre faux pas qu'elle ferait, ses grands frères seraient alertés. Ils sont beaucoup trop sur ses côtes. Pareil pour sa mère qui est très stricte. Trop stricte... Avec le recul, je pense que c'est ce comportement qui a pu mener Lina à sa perte.

Quelques jours plus tard, je me retrouve au city, comme d'hab avec la bande.

- Nouhed : ça vous dit on se fait un p'tit grec là ? J'ai grave la dalle.

- Moi : Nan merci, j'viens juste de manger là j'suis full

- Sahir : putain première fois d'sa vie qu'elle refuse de la graille celle là.

Je lui fais un gros fuck.

- Sofia : vas-y Nouhed j'ai faim aussi.

- Sahir : Allez au grec ensemble et j'reste ici avec Sanaa en attendant. J'ai pas faim non plus.

- Sofia : Bon... comme vous voulez.

J'me dirige vers le tourniquet et me pose dessus. Sahir me suit. Il dit rien et je sens la patate arriver.
Il commence à faire tourner le tourniquet à toute allure.

- Moi : SAHIR PUTAAAAAIN ARRÊTE J'VAIS VOMIR J'AI TROP MANGÉ

Bien sûr, il fait comme ci de rien n'était et me fait tourner de plus belle.

- Moi : SAHIR STOOOOOOOOPP J'VAIS TOMBER. HAHAHAHAHA. ARRÊTE. HAHAHAHAA. ARRÊTE J'ARRIVE PLUS À M'TENIR.

Et là, à force de rire et de crier, mes forces me lâchent et je me fais littéralement éjecter du tourniquet. Je fini sur les fesses et je n'ai même pas la force de me lever.
Sahir se pose à côté de moi.

- Sahir : Alors, bientôt la rentrée ? Tu rentres au lycée c'est ça ?

- Moi : ouais... et toi en terminale comme Sofia ?

- Sahir : Exactement. J'en ai plus pour très longtemps ici. Ça va me manquer...

Pour vous expliquer : nous vivions dans une petite ville entre deux grandes villes. Tout le monde partait vivre dans une de ces grandes villes pour ses études sup. Bien sûr, il n'échappera pas à la règle.

Parce que Sahir et la bande, c'est des mecs de quartier, certes. Mais des mecs qui ont une certaine ambition, loin des bancs et des tours de la cité. C'est pas des mecs qui vendent, qui cherchent l'argent facile alors passer par la case étude sup, même si c'est pour faire électricien ou plombier, c'est la base pour eux.

C'est ça que j'apprécie chez eux. On est tous des jeunes bloqués ici mais qui veulent s'en sortir dans le hlel. C'est le plus important.

- Moi : Ah ouais, moi j'ai qu'une envie c'est d'me casser d'ici.

- Sahir : T'as rien qui te retiens ?

- Moi : A part ma mère, y'a rien qui me retient non.

- Sahir : Zehma t'as pas un mec ou un truc comme ça.

Je fronce les sourcils.

- Sahir : Eh j'sais pas, vous les meufs vous avez toujours un mec dans la tête

- Moi : alors tu sauras que je ne suis pas « les meufs ». J'ai pas de mec ni dans ma vie, ni dans ma tête. Par contre toi, t'as l'air d'en savoir beaucoup sur les meufs

Il me sort son sourire en coin

- Sahir : Ah moi tu sais... les meufs c'est pas c'qu'il me manque. Mais... j'sais pas pourquoi ces derniers temps j'pense à u....

- Sofia : Eeeh ! On vous a pris des teufri au cas où vous auri...Mais pourquoi vous êtes assis par terre wsh ?

- Moi : A ton avis ?

- Sofia : Ah ouais... le tourniquet

On se partage les frites avec Sahir et on fini l'aprem tranquilou.

J'aurais bien voulu connaître la fin de sa phrase. Ça devait pas être bien important de toute façon.