Partie 25

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Partie 25

Je reste sans voix devant ces paroles. Devant cette magnifique déclaration, brutale, déchirante. Mais encore une fois, comme 3 ans avant cela, je ne me sens pas prête à imaginer quelque chose avec Sahir.

- Moi : Sahir c'que tu me dis ça me touche mais malheureusement c'est pas avec un message que tout va s'arranger entre nous. Et puis, tu vis dans le sud, moi dans le nord, tu montes même pas une fois par an, tu sais très bien que dans ces conditions on ira pas loin

- Sahir : Sanaa j'te demande juste de répondre quand je t'appelle, de m'écouter quand j'ai besoin de parler parce que y'a qu'avec toi que j'ai envie de faire ça. J'te promet pas plus j'ai juste besoin de ton épaule

Honnêtement, s'il s'agit juste de ça alors je veux bien garder ce lien précieux que l'on a Sahir et moi.

Les jours et les semaines passent et je reçois effectivement de temps en temps des appels de lui. Il change souvent de numéro, je ne lui demande jamais pourquoi. Je pose pas de question. J'écoute juste.

Parfois, il m'appelle et le seul bruit qu'il y a dans le combiné, c'est celui de nos deux respirations. Parfois je sens qu'il a juste besoin de ma présence. Pas de mes mots, de mes paroles. Juste savoir qu'à l'autre bout du fil, je suis là.

Comme je l'ai dit je ne pose pas de question. Il m'appelle souvent le soir. Très tard. Je laisse mon portable en mode sonnerie pour répondre en cas d'appel. Si je me réveille en voyant que j'ai raté son appel, je suis prise de panique et m'empresse de lui envoyer un message pour savoir s'il ne lui ait rien arrivé.

Car en réalité je ne connais plus rien de la vie de Sahir. J'ai juste l'impression qu'il fait n'importe quoi. Souvent lorsqu'il m'appelle, il est avec des amis, il fume la chicha, d'autres choses aussi et il parle à ses potes, fait comme ci j'étais pas là. Alors je raccroche me demandant ce que je fou là.

Il me rappelle aussitôt pour me demander pourquoi j'ai raccroché. Et quand je lui dit qu'il n'a pas besoin de ma compagnie il s'énerve et me demande de ne plus le refaire.

Enfin bref. Les semaines passent comme ça. Ses appels sont très aléatoires. Je peux avoir 3 appels en une semaine puis plus rien pendant 2 mois.

Je ne sais pas ce qu'il fait, avec qui il est rien. Mais ça me fait mal car je sens que ce lien fort que l'on a reprend du terrain dans mon coeur. Et je m'oblige à ne pas l'appeler, ne pas lui poser de question. De toute façon le peu de fois ou j'ai souhaité le faire car je n'avais pas de nouvelles depuis 1 mois ou plus, le numéro n'étais plus attribué.

De mon côté c'est la routine. Les cours, maison, faire à manger, le ménage, réviser. Seulement, j'ai commencé à prendre un certain chemin.

Au lycée je traîne avec pas mal de babtous. J'ai toujours mon lien particulier avec les jumeaux mais je ne les calcule plus vraiment au lycée.

Je me fais inviter dans les soirées des babtous de mon lycée. Je refuse une fois, deux fois. Puis finalement, je me décide à y aller.

Je commence à sortir souvent, plusieurs fois par mois le soir. Je rentre à 6h du matin. Ma mère n'est pas là, je commence à voir le dégoût dans les yeux de ma soeur. Ma soeur qui commence à alerter Sofia de ma situation. Sofia essaie de me raisonner, me dit qu'elle ne me reconnaît pas. Qu'elle reconnaît plus la Sanaa qu'elle aimait tant.

Moi , je troque mes pantalons pour des jupes, mes tee shirt et sweat par des décolletés. Je commence à mettre du rouge à lèvres, des talons.
En soirée, j'attire le regard. Je me fais draguer, les gens me proposent à boire mais je dis toujours non. Je n'ai jamais touché à l'alcool. En soirée les garçons, je les repousse. Je repousse leurs avances, leurs jeux de regards.

Je ne sais même pas pourquoi j'allais dans ces soirées. Je n'aimais pas la plupart des gens. Arrivait un moment à la fin de soirée où la plupart étaient bourrés et moi une des seules totalement sobres. Je les voyaient comme des gros ksos. Pourtant, j'étais avec eux.

Sahir ne donne plus de nouvelles. Ça doit faire 2 mois que je n'en ai pas entendu parler.

Jusqu'à ce soir ou je suis à la maison, après une énième dispute avec ma soeur qui ne peut plus me voir, qui me traite de grosse chienne, de pute.

Qu'on soit clair, je n'ai donné ma virginité à personne pendant ces soirées. Je n'ai même jamais embrassé quelqu'un. Mais je prends un chemin boueux. Un chemin qui souvent dans nos quartiers fini par causer la perte de certaines filles.

Il y en a eu des filles au quartier. Au début des filles bien, toutes hnina et discrètes. Et puis finalement, elles ont mal finies et elles ont quitté le quartier sans jamais y remettre un pied pour tenter de se faire oublier.

Je pense que ma soeur commençait à croire que je finirai peut-être comme ça. Et ça l'a déçue énormément car j'ai longtemps été un modèle pour elle. Je n'avais pas d'embrouilles avec les gens, discrète, intelligente, forte à l'école, très attachée à ma religion.

Et de me voir emprunter la pente descendante, je pense qu'elle a eu peur. Peur que je ne remonte plus. Que l'ancienne Sanaa n'était plus là.

Bref ce soir là je reçois un appel d'un nouveau numéro. Pas besoin de réfléchir je sais déjà qui c'est

- Moi : Sahir ?

- Sahir : Ça va ?

- Moi : Moi ça va mais toi tu dates

- Sahir : Je sais. J'ai quelques trucs à gérer en ce moment. Et n'oublie pas Sanaa. J'tai rien promis

- Moi : Je sais Sahir. Je suppose que tu veux pas me parler de ces "trucs à gérer" ?

- Sahir : Bien vu tu supposes bien

Et là je sais pas pourquoi mais ça doit faire bien 6 mois qui se sont passés entre le moment de son message sur instagram (que j'avais désactivé entre temps parce que vraiment ce réseau ne me servait à rien) et le moment de cette discussion.
Et franchement j'en avais marre de répondre présente alors que lui est à gauche à droite, ne pas savoir ce qu'il fait, où il est. Oui on était pas ensemble certes.

- Moi : Je suis quoi pour toi Sahir ?

- Sahir : Oh putain tu vas pas commencer

- Moi : Nan mais j'aimerais savoir. Tu m'appelles, tu disparaît, des fois t'es totalement défoncé, tu réapparaît.

Et là je perd mon sang froid

- Moi : TU SAIS TRÈS BIEN QUE JE SUIS PAS INDIFFÉRENTE À TOI ALORS JE SUIS QUOI POUR TOI ? PARCE QUE OUI TU NE M'AVAIS RIEN PROMIS MAIS C'EST ÇA QUE TU M'OFFRE ?

- Sahir : Sanaa j'ai pas la tête à ça tu vas pas commencer à me casser les couilles j'vais me zehef tu vas plus jamais entendre parler de moi

- Moi : Mais mdrrr tu fais que ça de disparaître. Tu crois que j'vais me jeter par la fenêtre ?

Et là je sens que je l'ai fait vrillé. Qu'il était déjà à bout de nerfs et que là il va exploser. Il m'a dit

- Sahir : TU VEUX SAVOIR T'ES QUOI POUR MOI ? JE M'EN BAS LES COUILLES DE TA GUEULE SANAA. JE M'EN FOU. T'ES PERSONNE POUR MOI SANAA. JUSTE UNE PRISE DE TÊTE. T'ES RIEN D'AUTRE ALORS ARRÊTE DE ME CASSER LES COUILLES AVEC TES QUESTIONS TAH LES ROMANS ROMANTIQUES ON EST DANS LA VRAIE VIE LÀ

Aïe. Comment dire que mon coeur s'est brisé en entendant que je n'était personne. Je sens ma gorge trembler et les larmes monter

- Moi : Tu penses pas c'que tu dis Sahir. Tu penses rien de tout ça

- Sahir : Un conseil Sanaa si un jour je te rappelle. Ne répond plus jamais.

Et il raccroche

Le téléphone est toujours à mon oreille mais il n'y a personne à l'autre bout du fil. Je regarde dans le vide... et j'explose en sanglot. Je pleure, je cherche l'air, je suffoque.

Je vois l'état de ma vie à ce moment et me demande vraiment c'que je suis en train de foutre. Je m'endors avec les larmes aux yeux.

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⏰ Dernière mise à jour : May 01 ⏰

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Sanaa : Les yeux ne trompent pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant