Lors de chacune de ses rencontres avec un monarque, Kassyen trouvait une nouvelle raison de détester les aristocrates. Alors qu'il patientait depuis plus d'une heure que le Roi d'Urwah ne daigne décider de les rencontrer, il en contemplait une autre : leur culot.
Il avait été convenu que des soldats viendraient les chercher chez l'oncle d'Orann, pour les mener directement au souverain. Mais au lieu de cela, ils les avaient laissés dans cette pièce, à poireauter.
Le dos collé au mur, les bras croisés, Kassyen retenait le soupir d'agacement qui menaçait de franchir ses lèvres. S'il devait minimiser l'expression de son mécontentement, c'était à cause de la femme qui l'accompagnait. Vingt minutes plus tôt, Zari avait décrété que s'il soufflait une fois de plus, elle irait seule au rendez-vous et reviendrait le chercher une fois l'accord conclut. Elle avait également ajouté quelque chose qui incluait une démonstration exagérée de violence, que Kassyen avait décidé d'ignorer.
Il rejeta sa tête en arrière et serra la mâchoire. Il sentait l'exaspération ramper sous sa peau, infectant chaque partie de son corps petit à petit. La fatigue le rendait maussade et irritable. Du moins, plus qu'il ne l'était en temps normal.
Il avait réussi à dormir trois heures cet après-midi, avant que ses cauchemars ne les réveillent tous les deux lui et Zari. Trois heures, qui n'avaient eu aucun effet sur son corps. Il était toujours aussi épuisé. Au réveil, il avait failli lancer un « Je te l'avais dit » à Zari, puis avait renoncé, sa culpabilité l'emportant sur sa frustration.
Abaissant le regard vers elle, il nota ses traits tirés, ses cernes et ses paupières tombantes.
C'est ta faute, lui souffla une petite voix dans sa tête.
Il avait décidé il y a plusieurs minutes qu'il dormirait sur le canapé la nuit suivante. Cette fois-ci, il ne comptait pas se laisser convaincre. Il avait prit sa décision et elle ne le ferait pas céder.
Des bruits retentirent dans le couloir et Kassyen zieuta la porte, dans l'espoir que quelqu'un en surgirait. Plusieurs secondes passèrent et il dû se rendre à l'évidence. Ils étaient là pour encore un moment. Sans s'en rendre compte, il lâcha le soupir qu'il retenait et se mit à taper du pied.
Sentant soudain le regard de Zari sur lui, il se figea. Bras croisés, à bout de patience, elle le fusilla du regard.
- Tu es pire qu'un enfant, maugréa-t-elle.
L'Osnovien leva les yeux au ciel.
- Au moins je ne suis pas pire que Roman, répliqua-t-il.
Elle arqua un sourcil, l'air de dire « t'en es sûr ? ». Offusqué, Kassyen se renfrogna. Alors qu'il s'apprêtait à rétorquer que ce n'était pas lui qui avait trépigné d'impatience toute la journée, elle se pencha légèrement en avant et laissa échapper un son proche du gémissement étranglé.
- Ça ne va pas ? demanda-t-il en se décollant du mur.
Avec une mine mécontente, elle fit un geste de la main pour balayer ses inquiétudes.
- J'ai juste mes règles.
La bouche de Kassyen forma un O, puis se ferma. Il eut l'impression que le rouge lui montait aux joues, et il alla retrouver sa place initiale. Zari pencha la tête sur le côté en le détaillant du regard.
- Je ne comprendrais jamais pourquoi les hommes sont aussi mals à l'aise dès qu'on mentionne les règles. Ce n'est que du sang.
Kassyen se gratta la nuque.
La porte s'ouvrit soudainement, sauvant l'assassin qui ne savait pas quoi répondre à cela. Une jeune fille, qui ne devait pas avoir plus de quinze ans les salua en inclinant la tête.
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The Assassins - T3. Le limbe d'or
Adventure⚠ TOME 3 ⚠ Le continent Est est à feu et à sang. La vie a cédé sa place légitime à la mort. Les ténèbres empiètent peu à peu sur le monde de lumière et les démons s'approprient les terres des vivants. De nouveau séparés, Zari et Kassyen subissent le...