10. Zari

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Zari tira sur ses bras pour hisser son corps au-dessus de la muraille et laissa ses jambes pendre dans le vide de part et d'autre de la pierre. Elle s'accorda une seconde pour respirer et se remettre de son ascension, tout en observant la ville qui s'étendait sous ses yeux.

Après plusieurs semaines de voyage, ils avaient atteint Tehada en fin d'après-midi. Sans surprise, la sécurité avait été augmentée et il leur avait été impossible d'entrer dans la ville. Seule, Zari aurait peut-être eu une chance, mais accompagnée de trois Osnoviens, c'était peine perdue.

Ils avaient donc attendu la tombée de la nuit pour s'introduire clandestinement dans la capitale urwahie. La tâche la plus difficile incombait à Zari : gravir l'immense muraille qui entourait la ville et leur ouvrir une porte dérobée.

Une fois son souffle repris et avant que quelqu'un ne la remarque, Zari se laissa tomber de l'autre côté et atterrit sur les remparts. Elle s'empressa de se baisser et elle attendit, cachée dans l'ombre, que les soldats en contrebas disparaissent. Une fois le silence revenu, elle s'avança vers la tour la plus proche. À l'intérieur, deux hommes jouaient aux cartes en buvant une mixture rouge. La Nolie passa discrètement derrière eux pour rejoindre la trappe ouverte qui la mènerait au rez-de-chaussée.

- Ah ! Je t'ai encore battu ! s'exclama le plus jeune des deux soldats.

- Tu triches ! protesta l'autre.

- Sois pas mauvais perdant Driss. Allez, on en refait une. Je double la mise !

Le dénommé Driss marmonna quelque chose que Zari n'entendit pas, alors qu'elle posait ses pieds sur le premier barreau de l'échelle et descendait promptement. Lorsqu'elle arriva en bas, elle fut soulagée de voir que personne ne l'attendait. Après un regard à droite et à gauche, elle déverrouilla la porte en bois qui lui faisait face. Elle l'entre-ouvrit suffisamment pour y passer la moitié de son corps et joint ses mains, qu'elle porta ensuite à sa bouche. En sortant de sa bouche, son souffle résonna comme un hululement de chouette et quelques secondes, un autre lui répondit.

Kassyen sortit de l'ombre prudemment en fixant le haut de la tour du regard, puis il s'élança vers elle.

- C'était médiocre, lui fit remarquer Zari quand il arriva à son niveau.

L'homme lui adressa un regard interrogateur.

- Ça ressemblait davantage à un cochon égorgé qu'à un oiseau, compléta-t-elle donc.

Il lui lança un regard noir et répliqua :

- C'est pas ma faute si j'ai eu une mauvaise professeure.

Zari voulut rétorquer qu'on ne pouvait pas blâmer la professeure pour le manque de talent de l'élève, mais l'arrivée d'Ilya et Inna l'en empêcha. À la place, elle se contenta de refermer la porte et la barricada avec des tonneaux, jugeant que la sécurité laissait à désirer.

Ils quittèrent tous les quatre les remparts, en prenant soin d'éviter les soldats qui faisaient leurs rondes, puis rejoignirent les rues. Au début, ils ne rencontrèrent pas âme qui vive et un silence assourdissant régnait. Mais à mesure qu'ils approchaient du centre, la rumeur des conversations augmenta et la noirceur diminua.

Ils durent faire plusieurs détours pour se rapprocher du centre, en raison des nombreux barrages où la population subissait des contrôles.

- Comment est-ce qu'on va tous les passer ? murmura Inna.

- Tu sais où habite l'oncle d'Orann au moins ? l'interrogea Kassyen.

- Pas la moindre idée, répondit-elle.

The Assassins - T3. Le limbe d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant