The Assassins - T3. Le limbe d'or

4. Kassyen

Kassyen expira difficilement l'air contenu dans ses poumons et se tourna lentement sur le flanc en gémissant. Les hématomes qui recouvraient la moitié de son corps le faisaient souffrir, tout comme ses côtes cassées et son visage tuméfié.

Il tendit le bras et tira la fine couverture qu'on lui avait laissé jusque sous son menton. Il se recroquevilla dessous, car elle était trop petite pour dissimuler tout son corps. Il était frigorifié. La chambre dans laquelle il était enfermé possédait bien une cheminée, mais il n'avait ni bois, ni moyen de faire un feu. Il frissonna lorsqu'un courant d'air vint caresser ses cheveux. La seule fenêtre de la pièce ne fermait pas complètement. Il était donc sans défense face au climat hostile des Neheres.

Les seuls moments où il n'avait pas froid étaient lorsqu'on l'emmenait jusqu'à Drar. Pendant quelques heures, il retrouvait le luxe de la chaleur. Si ces moments de répit n'étaient pas accompagnés d'un passage à tabac, il aurait même pu les apprécier.

La porte de la chambre s'ouvrit dans un grincement et des bruits de pas résonnèrent sur le parquet. Kassyen ferma les yeux, n'ayant aucune envie de voir le visage de cette vielle peau.

Un bruissement de tissu retentit et une main vint frôler la peau de sa joue. Kassyen ouvrit brusquement les yeux et eut un mouvement de recul trop rapide, qui lui valut une douleur intense dans tout son corps. Le dos collé au mur, il fusilla la silhouette du regard, prêt à sortir un flot d'insultes. Mais il s'arrêta brusquement lorsque ses yeux rencontrèrent un regard brun familier.

Les battements de son cœur accélérèrent et il tendit la main vers elle. Elle esquissa un sourire et glissa ses doigts le long des siens. Kassyen sentit tout son corps se réveiller. Son dos se détacha du mur et il s'appuya sur sa main libre pour s'approcher d'elle.

Elle pencha la tête sur le côté et vint de nouveau poser sa main sur sa joue, son pouce venant délicatement caresser sa pommette. Kassyen vint poser son front contre le sien et leurs nez s'effleurèrent.

- Tu ne devrais pas être ici, murmura-t-il. Je ne veux pas qu'ils te fassent du mal.

Le rire de Zari retentit, brisant l'atmosphère glaciale qui les entourait.

- Pourquoi est-ce qu'ils me feraient du mal ? dit-elle d'une voix qui ne le ressemblait pas.

Kassyen fronça les sourcils et s'éloigna d'elle.

- C'est toi qui me mets en danger en refusant de les aider.

- Quoi ?

Une fleur de sang grandit au-dessus de son cœur. Paniqué, Kassyen tenta de comprimer la plaie, mais elle lui saisit les mains.

- Tu vas me tuer. Tu vas tous nous tuer.

- N...Non, bégaya Kassyen en essayant de se dégager.

Elle le lâcha brusquement et il se réfugia contre le mur, genoux repliés pour se protéger d'elle.

- Elle n'est pas réelle, murmura-t-il. Elle n'est pas réelle. Elle n'est pas réelle.

Zari fut soudain à quelques centimètres de lui. Elle saisit sa tête entre ses mains et le força à regarder son visage, alors qu'elle le toisait avec haine.

- Ce sera ta faute. Tu dois choisir. C'est moi ou Rune. Tu ne peux pas nous avoir toutes les deux.

- Non, protesta Kassyen.

- Choisis ! hurla-t-elle.

Kassyen sentit ses ongles s'enfoncer dans ses joues et il ferma les yeux. Il cria et donna des coups de pieds qui ne rencontrèrent que de l'air.