La surprise de ce baiser se mêla à une joie profonde. Pourtant, ce moment ne s'éternisa pas. Il relâcha ma bouche et posa son front contre le mien alors qu'une douleur se manifestait au niveau de mon nombril, m'obligeant à grimacer.
— Excuse-moi. Je suis désolé, je n'aurais pas dû.
Ses mots furent comme une lame qui transperça mon cœur. Depuis ma visite chez Siora, je ne faisais que penser aux paroles de Vilseh. Elles me rongeaient de l'intérieur, me dépouillant de mon énergie mentale. Alors, quand il se baissa afin de toucher l'eau, je saisis sa mâchoire et l'embrassai de nouveau.
Sa réponse ne tarda pas, il m'étreignit avec force et son baiser se transforma. Il se pressa contre mes lèvres, les mordillant par moment, et je crus devenir fou. Blotti contre lui, je le laissai maître de la situation, me fondant dans son affection. Mes mains quittèrent son visage pour dévaler son torse, et je sentis son cœur battre à une vitesse insensée sous mes paumes.
Si j'osais, je dirais que tout était parfait. Lui, le contexte, notre confession sous les yeux d'Elysia... Ses doigts qui s'aventuraient sur mon corps me rendirent fiévreux et je m'entendis soupirer de plaisir lorsqu'ils passèrent sous mon haut.
Une nouvelle salve de douleur piquante parcourut mon ventre, et même si j'en connaissais la signification, je m'en foutais. Je n'avais plus que faire de ma vie d'humain, de ma femme et de cet enfant que je haïssais déjà alors qu'il représentait moins qu'une idée. Dans cette bulle coupée de la réalité, seul Zora comptait. Lui qui me désirait comme je le désirais, lui et ses yeux qui semblaient voir plus loin en moi que j'en étais capable, lui et ses récits fantastiques des quatre coins du monde que je rêvais d'explorer.
Sa peau, habituellement si froide, se réchauffait à mon contact. Ses gestes, tendres et possessifs, me donnaient à entrevoir une tout autre facette de l'affection que l'on pouvait offrir à quelqu'un.
Lorsqu'il s'éloigna de nouveau, ma gorge se serra. Je ne voulais pas arrêter et mettre fin à ce moment magique qui me redonnait vie. Il me garda pourtant contre son cœur qui battait aussi vite que le mien. Il déposa un baiser sur ma joue qui fit frissonner mon corps et me chuchota :
— Passe la nuit avec moi.
Je frémis en comprenant le sous-texte. J'en mourrais d'envie, mais... est-ce que je pouvais aller aussi loin ? Passer du temps avec lui n'était pas considéré comme une traîtrise de ma part, mais avoir des relations charnelles, alors même que je les refusais à ma femme...
— Non.
Ma voix ne fut ni franche ni forte. Elle ressemblait à un murmure, à la hauteur de mon désir de décliner cette proposition. Dans son étreinte, je compris soudain l'étendue de mon erreur. Continuer à le voir ne m'apporterait que du malheur. Pourtant... La douleur que j'avais sentie par deux fois sur mon ventre me disait bien qu'Elysia aspirait à me partager un avis à propos de cette union. Pour preuve, je savais que mon tatouage s'était développé.
Je le repoussai, rejoignant Shenzi qui s'amusait encore à sauter dans l'eau. Lorsqu'elle me vit arriver, elle bondit, bien plus haut et se transforma. Elle retomba avec force, m'éclaboussant plus que de raison. Je ris de son initiative tandis qu'elle reprenait son apparence, jappant pour me montrer à quel point elle était heureuse. Faisant mine d'essorer mon haut, je le soulevai pour découvrir que mon tatouage avait bel et bien évolué. Il entourait maintenant mon nombril, remontant vers mon sternum.
Je le dissimulai, ennuyé. Était-ce un problème ? Oui, évidemment que c'en était un. Elysia ne nous marquait pas sans raison. Mais cette fois, était-ce un mauvais présage, une malédiction, ou pire, une bénédiction ? Je mordis l'intérieur de mes joues, soucieux.
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Mirage [MxM] [Terminé]
FantasyLes humains sont en voie d'extinction. Dans le désert de Nahari, Syriel mène une vie simple, soumis aux mesures de préservation de sa race. Contraint par un mariage arrangé et la surveillance accrue pour qu'il procrée, il n'a qu'une envie : s'enfui...