13 - Les adieux

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 Quelques heures plus tard, alors que l'horizon s'éclaircissait, Zora et moi nous trouvions toujours dans sa roulotte. Nous avions pris le temps de nous laver et de nous changer. J'avais d'ailleurs dû batailler pour récupérer mes vêtements habituels. Mais quand j'avais menacé le démon de partir sur le champ, et nu de surcroît, il m'avait pratiquement habillé lui-même. Dormir n'avait même pas été une option, car nous voulions profiter de chaque instant. Nous avions donc passé la fin de la nuit à parler.

J'avais eu beau lui poser des questions sur lui et son passé, il avait marqué un point d'honneur à converser du monde en s'arrangeant pour que le sujet dévie. Il m'avait conté tant d'histoires, toutes plus incroyables les unes que les autres, que mon esprit était empli d'images merveilleuses.

Cette fois-ci, mes marques ne m'avaient pas fait mal et j'aimais à penser que la raison de cette absence de souffrance était la présence de Zora à mes côtés. Environ une heure après leur apparition, les miennes avaient recouvré leur teinte pourpre, cependant, celles de Zora demeuraient d'un bleu foncé saisissant qui tranchait avec sa peau brune.

Après les avoir observés, j'avais pu vérifier qu'ils s'étendaient de son index à son cou en passant par l'intérieur de sa main, de son avant-bras, puis remontaient vers le rond de son épaule pour se terminer à la limite de sa mâchoire. Leur placement était caractéristique. Puisqu'ils se montraient sur la partie haute de son corps, sans pour autant atteindre sa tête, Zora serait donc amené à élargir la foi de ma déesse et j'adorais cette idée.

Pourtant, j'avais du mal à croire que tout ça était possible et surtout, je me demandais si Elysia acceptait vraiment cette union. Car même si le déroulement des événements semblait normal, il restait des éléments que je ne comprenais pas. Quelque part, j'avais hâte de me confier à la pythie. Elle seule serait en mesure de me transmettre la volonté de la déesse, qu'elle me soit favorable ou non.

Lorsque les premiers rayons du soleil percèrent l'horizon, je sus qu'il était temps de partir. Assis sur son canapé, j'attrapai la main de Zora et m'empêchai de soupirer de désespoir.

— Il faut que je rentre.

Il détourna les yeux et serra mes doigts plus fort.

— Pour ce que je t'ai dit cette nuit, c'est la vérité. Si tu veux venir avec moi, tu quitteras cette ville-prison. Je peux même la détruire entièrement pour toi, si c'est ton souhait.

Son ton morne et cassant me troubla. Je pensais être le seul vraiment affecté par cette rupture, mais je retrouvais ma peine dans son regard.

— Je vais y réfléchir, mentis-je. Donne-moi quelques jours.

Il déposa un baiser sur ma joue en acquiesçant, puis se leva, m'invitant à le suivre au-dehors. Nous quittâmes sa maison où je laissai tous les vêtements et lorsqu'il referma la porte, je me souvins de la bague. Je l'ôtai de mon doigt et lui tendis.

— Non, répliqua-t-il, intraitable. Hors de question que je récupère cet anneau. Ce sont nos alliances, garde-la, je t'en prie. Les autres ne verront rien, mais nous, nous connaîtrons leur signification.

La détresse que je vis en lui m'obligea à accepter, de plus, je souhaitais moi aussi conserver le bijou, alors ses arguments firent mouche.

Nous retrouvâmes Shenzi auprès de Kyro qui éclata en sanglots alors que je la remerciai.

— Syriel triste, devina-t-elle en reniflant. Kyro triste aussi !

Sa phrase fut ponctuée d'une l'arme qui roula sur sa joue. Avant que je ne puisse réagir, elle me sauta au cou et je l'enlaçai en retour. Ses oreilles duveteuses chatouillèrent les miennes et je la serrai contre moi, peiné de perdre une mie de plus. Shenzi, bien que gaie en nous rejoignant, calqua vite son humeur sur les nôtres alors que nous prenions le chemin de l'oasis. La queue et les oreilles basses, elle marchait à côté de moi à pas feutrés, bien loin de son explosion de joie de la veille.

Mirage [MxM] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant