En même temps que son corps s'élançait, je le vis grandir jusqu'à une taille qui avoisinait celle d'un ours. Ce nouvel amas de muscles, d'une force colossale, m'envoya au sol en retombant au-dessus de moi. Je basculai en arrière dans le but de l'esquiver et sentis bientôt les pavés de la rue contre mon dos. Un gémissement de douleur m'échappa puis, en retrouvant les yeux, je tombai nez à nez avec une bête immense qui grognait et dont les yeux rouges fixaient les miens.
Ses pattes, disposées de part et d'autre de mon corps, me donnèrent l'impression de n'être qu'une petite chose fragile, semblables aux rongeurs que je voyais parfois se faire dévorer par les chats errants de la cité.
Autour de nous, j'entendais à peine les exclamations de peur des gens présents, mais ce son était étouffé par mon attention, focalisée sur la créature gigantesque qui me dominait. Son regard, si perçant, me statufia et nous nous jaugeâmes durant un moment qui me sembla s'éterniser.
Ses crocs, aussi longs que ma main et d'une épaisseur presque terrifiante, se trouvaient à quelques centimètres de mon visage. Il grondait, les babines tremblotantes à cause du son rauque qu'il produisait. À cet instant, j'eus peur. Je me sentais déjà défaillir sous ses coups de dents, me demandant s'il jouerait avec moi avant de m'achever.
Le poids de l'une de ses pattes sur ma poitrine rendait ma respiration difficile et je savais que s'il décidait de m'arracher la gorge, je ne pourrais rien faire. Mais contre toute attente, il se laissa retomber sur moi, s'étalant de tout son long, m'écrasant et m'entravant.
Je restai une seconde immobile, attendant qu'il se redresse, mais rien ne se produisit. Dire que la confiance me guidait était faux, j'étais encore sous le coup de l'inquiétude et le moindre mouvement de sa part m'aurait de nouveau statufié.
— Écartez-vous ! hurla Vali à la foule afin de les dissuader d'approcher, tandis que Zora retenait le vendeur.
Je baissai les yeux sur l'énorme boule de poils blancs et ne pus que sourire, fier de ce qu'il venait de se passer. Elysia me bénissait une nouvelle fois en m'apportant un compagnon avec lequel je serai capable d'avoir un lien si puissant, que seul la mort serait en mesure de le rompre. Le calme revenu, je m'autorisai à me redresser sur un coude ainsi qu'à plonger les doigts dans ces poils neigeux. Au moment même où j'entrai en contact avec ces derniers, un puissant ronronnement s'extirpa de la bête, faisant vibrer tout son corps.
Surpris, je ris quelque peu devant cet animal incroyable puis relevai le regard vers l'elfe, dont les yeux fuyants trahissaient l'embarras.
— Tout va bien ? me questionna Zora de loin.
Je hochai la tête, continuant de flatter le pelage doux. Mon dos, douloureux, me tirait un peu, preuve que la peau avait été égratignée. En m'attardant un peu sur l'anatomie de la créature, j'aperçus une morphologie semblable à celle d'un gros chat, pourvu d'une bosse dorsale de belle taille. Je tentai de me relever et, à ma grande surprise, il s'écarta de lui-même. Me remettant sur mes pieds et époussetant mes vêtements, j'eus alors la chance de pouvoir l'admirer, debout, la tête haute me fixant avec fierté.
Plus grand que moi, son corps était celui d'un félin athlétique, seule sa tête conservait des airs de fennec avec ses oreilles fuselées, dressées sans pli vers le ciel. J'admirais ses muscles rouler sous son cuir épais, ses pattes larges aux griffes saillantes, sa longue queue qui remuait avec douceur et son regard, digne, d'un rouge sombre et profond qui me happait.
Autour de nous, l'agitation était retombée. Les plus peureux étaient partis, ne laissant que les curieux ou les avides de bains de sang. Zora relâcha le vendeur qui vint vers moi, un air de gêne flottant sur son visage.
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Mirage [MxM] [Terminé]
FantasiaLes humains sont en voie d'extinction. Dans le désert de Nahari, Syriel mène une vie simple, soumis aux mesures de préservation de sa race. Contraint par un mariage arrangé et la surveillance accrue pour qu'il procrée, il n'a qu'une envie : s'enfui...