𝐈 𝐃𝐎𝐍'𝐓 𝐍𝐄𝐄𝐃 𝐀 𝐂𝐑𝐎𝐖𝐍

Chapitre 30

" notre plus grand mérite n'est pas de ne jamais tomber, mais de nous relever à chaque fois."

Raph Waldo Emerson

Kyle.

Ce sentiment me pousse à accélérer la cadence.

Ce sentiment me force à avoir mal.

Ce sentiment me déteste autant que je le déteste.

Je m'arrête net devant la sortie du musée que je ne peux franchir. Je suis le garde du corps de la princesse, et je ne peux en aucun cas la laisser seule.

Même s'il est avec elle.

La voir l'enlacer et l'embrasser c'est encore pire que d'entendre le mot fiancé dès qu'elle parle de lui. Je pensais pouvoir m'y faire mais c'est une grosse peine perdue.

« Merci. Merci de ne pas avoir oublié.

Jamais. »

Je m'empare de mon visage à l'aide de mes mains, essayant de me sortir sa voix de la tête.

Je déteste le fait que sa présence me fasse vriller.

Je déteste le fait qu'elle a le pouvoir de m'apaiser.

Je déteste le fait que son rire me fasse vibrer.

Mais, oh que j'aime l'aimer...

_Kyle.

Sa voix glaciale me donne envie de creuser un trou et de m'y enfermer le restant de mes jours. Quand je les ai vus s'embrasser, J'ai poussé le tableau qui était accroché au mur pour qu'il tombe au sol.

Exprès.

_je vais te poser une question, J'aimerais que tu répondes sincèrement.

Il sait.

Je ne pipe mot, immobile et dos à lui. J'entends ses bruits de pas sur le sol, Signe qu'il se rapproche de moi.

_ tu l'aimes ?

Je me retourne, avec l'expression neutre que je bagage avec moi tous les jours. Une culpabilité décelable s'imprime en moi. Je m'attendais à lire dans ses prunelles une colère écarlate mais je ne vois que de la pitié.

Le silence s'abat sur nos deux silhouettes. Une atmosphère électrique, dérangeante s'installe entre nos deux corps, et forme un mur impassible et vivace.

Face à mon silence, il se raidis. Comme s'il s'attendait à mon mutisme. Il me regarde de ses yeux sévères.

_ je suis désolé, Kyle.

_ pourquoi ? Ma gorge est serrée, comme si une corde s'enroule autour.

_dès demain, tu ne seras plus le garde du corps de Rin.

Ses mots sont définitivement la main qui tire la corde afin de m'étrangler.

Un écho resonne en moi, et je ne me suis jamais senti aussi vide qu'en cet instant.

_ne fais pas ça. J'arrive à articuler avec un effort immense pour camoufler ma colère.

Ne me fais pas ça...

_ c'est la meilleure chose faire, tu le sais.

Ses paroles me semblent lointaines, déconnectés. Impossible à accepter.

_ oui, votre altesse. J'approuve à contre cœur, l'âme lourde et les yeux vides.

Je ne serais plus là pour elle.

Lui le sera.

_ ramène la au château, et ne lui dis pas que c'est moi qui t'ai viré. Tu es parti tout seul comme un grand, c'est clair ?

Sur ce, il serpente le couloir pour quitter cet endroit.

Il sait qu'elle va le détester si elle apprend que c'est lui qui me vire.

Je plonge les mains dans mes poches en serrant les doigts contre le tissu, prenant de l'avance vers la princesse qui se trouve dans la pièce d'art.

Je l'observe reluquer une toile. Une lueur pétillante collée à ses incroyable yeux. 

Pourquoi doit-il me retirer la seule chose qui me fasse vivre ? Pourquoi m'enlève-t-il la possibilité de la protéger ? D'être à ses côtés ?

Je te déteste.

Et c'est en cet instant que je prends conscience que je suis amoureux. Je m'en doutais bien avant mais en la regardant....je...je l'aime.  Je suis fou amoureux d'elle et je ne peux rien y faire. Je ne peux pas la faire détourner son regard de lui et faire fondre ses sentiments.

Je mourrais pour elle quand même.

Je tuerais pour elle quand même.

Elle est juste...mon univers tout entier.

Nos pupilles s'effleurent, son regard brille et m'offre ses éclats.