Chapitre 2

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[PDV Alice]

Arthur s'en va, me laissant seule dans ma chambre. Je reste quelques secondes debout, au milieu de la pièce, ne sachant que faire. Puis je remarque une salle de bain jointe à ma chambre. Je m'y dirige donc afin de me doucher et ainsi retirer toute la boue qui me recouvre et laver mes plaies.

Puis, n'ayant rien d'autre à faire, je me couche dans mon lit. Nous devons nous lever à huit heures le matin. J'ai donc sept heures de sommeil devant moi, ce qui est largement suffisant. Pour la première fois depuis longtemps, je m'endors en sécurité.

Pourtant mon sommeil n'est pas paisible. La scène qui s'est joué il y a quelques heures, avant que je ne rejoigne l'école, revient à ma mémoire et je ne peux lutter contre.

[Flashback]

Je m'étais promis de ne jamais tuer personne. Même est ces temps de guerre. Mais aujourd'hui, combattant une guerrière qui, selon mes observations, appartient au clan des Guerriers de l'Ombre et qui a l'air bien décidée à mettre fin à mes jours, je ne vois pas d'autre issue.

J'ai pourtant essayé de mettre fin au combat d'une autre façon : je me suis enfuie après l'avoir blessée à la jambe, j'ai essayé de l'assommer, de la blesser suffisamment pour la mettre à terre, mais rien n'y fait et, à chacune de mes tentatives pour mettre fin à ce combat, elle réattaque de plus belle. Et pendant ce temps-là, je faiblis.

Finalement, après plusieurs minutes supplémentaires, je vois une ouverture et, à contrecœur, plonge mon poignard dans sa poitrine.

Je reste stupéfaite face mon acte et regarde, immobile, le corps, dont la vie s'échappe, s'écrouler sur le sol. J'entends une branche craquer derrière moi, puis les pas d'un homme prenant la fuite. Je ne me retourne pas, trop secouée par ce que j'ai fait. Avant que j'ais le temps de reprendre mes esprits, le corps de la jeune femme se transforme.

Il devient d'abord pareil à du brouillard, puis reprend consistance. Après cela, le corps verdit, ses cheveux blanchissent, restant à la limite du vert, et ses yeux, désormais ouverts, deviennent rouges, tandis que des griffes d'une dizaine de centimètres, au moins, apparaissent au bout de ses doigts. Je suis pétrifiée de terreur.

Ce n'est que lorsque ce monstre commence à bouger que je me mets à courir, plus vite que jamais. Je me retrouve face à une maison dans laquelle je m'étais réfugiée plus tôt dans la journée, mais la porte est fermée. La panique m'empêche de réfléchir.

Lorsque j'entends du bruit derrière moi, je puise dans l'énergie qui me reste et m'élève dans les airs, par la seule force de mon esprit. Une main attrape mon pied et je donne des coups désespérés, de façon hystérique, pour la faire lâcher prise. Je réussi finalement et accélère mon envol.

Je me pose quelques instants à la cime d'un arbre afin de reprendre mon souffle et calmer les battements de mon cœur. Puis je repars comme je suis venue. J'aperçois la « chose » monstrueuse me regarder d'un air mauvais puis faire demi-tour, si vite que sa silhouette en devient invisible.


Je me réveille en sueur et paniquée. Mon cœur bat à une vitesse folle tandis que la silhouette de la femme... du démon devrais-je dire... s'inscrit plus profondément dans ma mémoire. La suite des péripéties se rappellent à ma mémoire :


Après une trentaine de minutes éreintantes, j'aperçois « l'Ecole des Esprits », le seul lieu où je trouverai d'autres personnes utilisant le Pouvoir de l'Esprit. Je n'y suis personnellement jamais allée, mais je sais qu'aujourd'hui j'ai besoin d'eux, car ils sont les seuls à pouvoir m'en apprendre plus sur mon Pouvoir. Et ils auront peut-être besoin de moi dans cette guerre que les Guerriers de l'Ombre ont débutée. Je me pose devant l'immense portail et m'écroule, épuisée. Je reste ainsi quelques instants pour réfléchir aux événements et reprendre mon souffle.

C'est la deuxième fois en deux jours que je me fais attaquer par les Guerriers de l'Ombre _et au moins la vingtième fois ce mois-ci. Hier, ils étaient une dizaine. J'ai voulu m'enfuir lorsque je les ai vus, mais ils avaient des armes à feu _les seules de la régions_ et je ne fais pas le poids face à de telles armes. Et aujourd'hui ils m'envoient un « super démon ». Je ne comprends pas pourquoi ils déploient tant d'efforts pour m'attraper.

Finalement, j'abandonne ma réflexion, me lève puis appuie sur un bouton à côté du portail. Après quelques secondes, les portes s'ouvrent et je me retrouve dans une grande allée menant aux portes de ce que l'on peut considérer être un château. Je m'avance vers l'imposante porte de ce château. Elle s'ouvre finalement sur une femme qui semble plutôt âgée mais qui, malgré cela, dégage un charisme et une vivacité impressionnants. Elle me regarde d'un air surpris. Il faut dire que je dois avoir triste mine, éreintée, pleine de boue et de blessures.

- Que venez-vous faire ici ?

Je note dans mon esprit les personnes cachées dans l'ombre, prêtes à se défendre si mes intentions étaient malveillantes.

- Je m'appelle Alice Sword et je viens vous demander de l'aide.

- Sword, dis-tu ? Je me souviens de ce nom...

- Ma mère a passé de nombreuses années ici.

- C'est vrai, je me souviens d'elle. Que veux-tu Alice ?

- Pouvoir me défendre si les Soldats de l'Ombre m'attaquent à nouveau.

- Bien. Il me semble que nous devrions avoir cette conversation dans mon bureau. Si tu veux bien me suivre...

Ce n'était pas une question. Je remarque le léger signe, presque invisible, qu'elle adresse aux personnes chargées de la sécurité, puis les regarde disparaître.

Après avoir traversé d'immenses couloirs, nous nous retrouvons dans un bureau qui, comparé au reste de l'établissement, semble restreint. Elle me fait signe de m'asseoir puis me dit d'attendre avant de ressortir de la salle. J'en profite pour observer les lieux.

Les couleurs sont rassurantes et la pièce est chaleureuse. Je remarque cependant un poignard posé sur le bord du bureau et qui ne sert certainement pas de presse papiers, ainsi qu'un bouton qui doit probablement déclencher une alarme. Un cadre est posé sur le bureau, mais avant que je ne puisse le retourner pour le regarder, la porte s'ouvre sur la femme de tout à l'heure ainsi qu'un jeune homme, qui doit avoir une vingtaine d'années.

Il est bien bâti et dégage cette aura spéciale de ceux qui utilisent les pouvoirs de l'esprit _ce qui n'est pas vraiment étonnant dans un tel lieu.

- Alice, voici Arthur. C'est lui qui entraîne les nouvelles recrues.


Je sors finalement de cet état de « transe ». Épuisée tant par l'afflux abondant de ces souvenirs que par la dure journée qui j'ai eu, je m'endors enfin. 

En quête du PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant