En quête du Pouvoir

Chapitre 11

[PDV Alice]

Après l'annonce de Sylvie, j'ai pris plusieurs décisions : je vais retrouver la mémoire afin que nous sachions enfin qui est à l'origine du blocage du Pouvoir et je vais combattre aux côtés des libérateurs, quoiqu'en dise Gabriel. Ce dernier ne semble pas motivé à m'accueillir dans ses rangs, mais je suis bien décidée à le faire changer d'avis. Et j'ai la nette impression que c'est ce que j'entreprends depuis qu'il est ici. Je tente de me reconcentrer sur ce que disent la directrice et les professeurs. Cela fait presque une heure que ceux-ci débattent pour savoir si, oui ou non, je suis un danger pour l'école et si, oui ou non, je dois rester afin de les aider à avancer dans l'utilisation du Pouvoir de l'Esprit.

- ...un grand danger pour les élèves. Je ne pense pas que cela soit judicieux de risquer autant de vies, pour quoi ? Un mythe ! Jamais nous ne réussirons à utiliser plus de pouvoir, mais nous nous y étions fait jusqu'à l'arrivée de cette fille.

Il m'adresse un regard dédaigneux. Un brouhaha naît de ses propos. La majorité des professeurs sont d'accord avec lui : je ne dois pas rester ici. Sylvie essaie de les faire taire, sans succès. Arthur me lance un regard désolé auquel je réponds par un haussement d'épaules. Ils ne veulent pas de moi ici ? J'irai ailleurs, j'ai de toute façon l'intention de les quitter d'ici peu pour rejoindre les Libérateurs. De plus, j'ai toujours fonctionné ainsi, je ne vois pas pourquoi cela changerait aujourd'hui. Pourtant...

Arthur me regarde toujours. Je lui souris, ce qui semble l'étonner. Je me racle la gorge. Certains professeurs tournent la tête vers moi avant de retourner à leur discussion houleuse.

- Messieurs, un peu de tenue s'il vous plait.

Mon intervention, bien que brève, a pour effet de faire taire toute conversation. Je les jauge du regard. S'ils ne veulent pas de moi ici, c'est parce qu'ils ne me comprennent pas et donc qu'ils ont peur de moi. C'est ce qu'on appelle la peur de l'inconnu. Je sors de ma réflexion.

- Voilà qui est mieux. Bien, je suppose que c'est mon tours de prendre la parole, n'est-ce pas ?

Aucune réponse, seulement quelques regards méfiants.

- Je prends ça pour un oui. Alors, je vais tenter de résumer le débat qui a eu lieu et dont je n'ai pas suivi la moitié. Vous, dis-je en pointant du doigt tous les professeurs exceptés Sylvie et Arthur, ne voulez pas de moi ici car je pourrais réduire à néant la tranquille routine dans laquelle vous vous êtes installés et vous, dis-je en désignant les deux derniers, souhaitez que je reste afin que ceux qui possèdent le don de l'Esprit retrouvent leur gloire passée. Maintenant, réfléchissons un instant. Quelle demande est la plus bénéfique pour votre futur ?

Tout le monde reste silencieux excepté un professeur qui s'écrit rageusement :

- La nôtre, sans aucun doute au vu de ce qui est arrivé il y a quelques jours.

- Sachez, mon cher, que c'est là que vous faites erreur. Et c'est pour cela que je me permets, aujourd'hui, de vous aider à retrouver le droit chemin. La réponse à ma question était, bien évidemment : aucune.

Des chuchotements s'élèvent, à droite à gauche, et Sylvie et Arthur m'adressent respectivement un regard d'avertissement et un regard interrogateur. Je leur souris et continue mon discours, ce qui a pour effet d'arrêter net les chuchotements.

- Si je reste, vous avez chacun une image de ce qui peut vous arriver. Si je pars, cependant, vous n'avez pas l'air de bien vous rendre compte de ce qui peut vous arriver. Mais, puisque je suis serviable, je vais vous dresser une esquisse. Imaginez un instant un monde dont l'influence des Guerriers de l'Ombre va croissante et dont les méthodes pour étendre cette influence sont... cauchemardesques, c'est le mot. Imaginez que les Ombres décident d'utiliser le Pouvoir que vous-même n'arrivez pas à utiliser, ceci en puisant dans vos propres réserves d'énergie. Pensez un instant : vous serez seuls, démunis, sans défense. Comment lutterez-vous contre l'armée de l'Ombre ?