Chapitre 17

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[PDV Alice]

La vie suit son court. Ma mère m'a aidée à m'adapter à cette nouvelle vie, ou, plus exactement, à cette ancienne vie dont je suis incapable de me souvenir. Je tente de contrôler mon Pouvoir mais, comme elle me l'a expliqué, il est bien trop imprévisible. Le temps où je le contrôlais sans peine me manque vraiment.

Cela fait maintenant trois mois que je suis entrée dans ce monde. Au court de ces trois mois, j'ai manqué, par deux fois, de détruire notre maison, voire même les villes avoisinantes. Mon Pouvoir était alors totalement ingérable. Dans ces moments, une sensation de mort est omniprésente. Comme si un contact mental avait était brutalement interrompu par le décès de l'interlocuteur. Le simple fait de penser à cette sensation me donne la chair de poule. Ces jours-là, mes actions ressemblent beaucoup à celle que j'avais adoptée lorsque les Mages s'étaient emparés de mon esprit. Je me gifle mentalement. Ma mère m'a conseillée de ne plus comparer ma vie actuelle à mes souvenirs, car cela pourrait créer un profond sentiment d'abandon chez moi. Je pense qu'il existe une part de vérité dans cela.

Pourtant je ne peux m'en empêcher. Arthur et Gabriel me manquent. L'un pour sa gentillesse, l'autre pour ses talents. Je ne pensais pas m'être autant attachée à eux. Le merveilleux don que je possédais me manque. L'adrénaline, la liberté, la puissance, les liens créés avec les personnes rencontrées... Tout cela me manque profondément. Vais-je un jour m'en remettre ? Désormais je vis dans une routine ennuyante et dont je ne peux me défaire du fait de ce Pouvoir si imprévisible. Je ne vois personne car je n'arrive pas à m'habituer à tout cela. Je passe mes journées à essayer de parler à Flavia malgré mes rancœurs, tenter de ne pas devenir folle de tant de passivité et me balader dans les forêts avoisinantes. Depuis le temps, j'en connais chaque recoin.

J'ai retrouvé la Flavia d'autrefois, celle que j'aimais tant. Pourtant, je n'arrive pas à être tout à fait proche d'elle. Après tout, elle a tué notre mère. Mais ce n'était pas elle. Je rattrape aussi le temps avec ma mère. Toutes les trois essayons de réapprendre à nous connaître, car, même s'il semblerait je vive avec elles depuis de toutes ces années, cette autre vie m'a profondément changée. Et sa perte m'a laissée très nostalgique. Parfois, alors que nous discutons, je me perds dans mes pensées en oubliant tout à fait le monde qui m'entoure. Ces instants sont de plus en plus récurrents et inquiètent beaucoup ma mère. Je le sais au regard qu'elle adopte lorsqu'elle pense que je ne la vois pas. J'aimerais pouvoir la rassurer et lui dire que je vais bien, mais ce ne serait qu'un mensonge.

Je me balade une fois de plus dans la forêt la plus proche. Il est tard, le soleil est en train de se coucher et le dîner est presque prêt, mais il fallait que je prenne l'air. Je reste tout de même aux alentours de la maison afin que je puisse entendre si je suis appelée. Je lève la tête vers le ciel et respire profondément.

- Est-ce vraiment cela, ma vie ?

Evidemment, rien d'autre que le silence ne me répond. Je soupire et continue à marcher, les mains profondément enfoncées dans mes poches. Je marche de longue minute dans le silence et la pénombre qui s'abaissent doucement sur moi. Un instant, un mouvement furtif attire mon regard sur la droite. Je m'arrête et fixe l'endroit quelques secondes avant de conclure que j'ai probablement rêvé. Je me retourne lorsque j'entends Flavia m'appeler, et m'apprête à me diriger vers notre résidence lorsque je suis heurtée par un coup dans le dos. Je m'écroule par terre et n'ai que le temps de rouler sur moi-même pour éviter le second coup qui m'est adressé. La Nylsha ! Que fait-elle ici ? Je me relève d'un bond et me précipite vers la maison. Mais elle est bien plus rapide que moi. Elle me fait trébucher et porte un coup à mon ventre, qui se met immédiatement à saigner abondamment. Mon Pouvoir s'active de façon automatique et éjecte la Nylsha au loin. Je ne cherche pas à comprendre ce qui vient de se passer ni comment cela est possible et prend les jambes à mon cou. Je cours plus vite que jamais et arrive à destination quelques minutes plus tard, à peine, la respiration haletante.

En quête du PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant