Chapitre 12

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[PDV Alice]

Je lis ces livres pendant des heures. Les mots défilent devant mes yeux, sans que je ne comprenne vraiment le sens des phrases qu'ils forment. La fatigue accumulée au fil des jours commence à se faire ressentir et je sens mes yeux se fermer d'eux-mêmes. Je m'endors, sachant que je rate ainsi le repas du soir. Mais qu'est-ce que rater un simple repas lorsqu'on est habitué à manger, au mieux, un jour sur deux ?

Lorsque je me réveille, il fait nuit. Mais je suis totalement reposée. Alors je m'habille de cet ensemble que l'on trouve si facilement dans ce château, composé de vêtements noirs, moulants et légers. Je me glisse sans bruit dans les couloirs, préférant l'ombre aux torches flamboyantes. Je jette un coup d'œil par une fenêtre et constate que la nuit est déjà bien avancée, bien que les ténèbres règnent encore. Dans trois heures, le château se réveillera. Il me reste donc trois heures pour réfléchir à la suite des évènements. Je dois encore convaincre Sylvie de s'allier aux Libérateurs. Mais après cela ?

Je marche, sans but, dans l'école. Couloirs après couloirs. Les portes défilent, les fenêtres s'alignent, je continue d'avancer, mettant toujours un pied devant l'autre. Lorsque les premiers rayons du soleil pointent et que les élèvent commencent à rejoindre la cantine, ma décision est prise.

Je suis les jeunes jusqu'au réfectoire, attrape de quoi me restaurer puis me dirige vers la table où me rejoindront, dans quelques instant, les professeurs. Je bois mon verre d'eau et mange un morceau de pain en les attendant. Au moment où je croque dans ma pomme, une chaise se tire en face de moi. Je fixe Arthur du regard tout en continuant à manger mon repas. Il me sourit mais semble perturbé, bien que je n'arrive pas à savoir pourquoi. J'attends quelques minutes supplémentaires : c'est à Sylvie que je dois parler. Les quelques professeurs qui arrivent se mettent en bout de table, s'éloignant le plus possible de l'endroit où je me trouve. Attitude que je trouve assez immature. Cependant, cela m'arrange : je ne veux pas qu'ils prennent part à la discussion. Sylvie arrive finalement, mais elle est accompagnée de deux professeurs qui s'assoient à côté de nous. Je soupire mais adresse tout de même un léger sourire à Sylvie. Je me racle la gorge afin de prendre la parole mais, à la surprise de tous, je ne dis rien, mes yeux se perdant dans le vide. Seule Sylvie entend ce que je ne dis pas tout haut :

- Je ne voudrais pas vous paraître impolie, mais j'avais besoin de vous parler sans influence extérieure.

- Il semblerait que tu es choisi la meilleure manière pour cela. Soit, je t'écoute.

Je retiens un sourire lorsque je me rends compte qu'elle répond de la même manière que moi, sans effort particulier. Puis je songe à tout ce qu'elle a probablement perdu lorsque le Pouvoir a disparu. Je continue :

- Je m'en vais aujourd'hui.

- Tu rejoins finalement les Libérateurs ?

- Non, je pars de mon côté, une autre tâche m'attend. En revanche, ce que j'attends de vous est que vous vous rangiez aux côtés des Libérateurs.

- Alice...

- Attendez, laissez-moi terminer. Je sais ce que vous allez me dire : votre Pouvoir est ridicule et vous mourrez inutilement sous les coups ennemis. Moi je vais vous demander trois choses toutes simples. Je sais que Gabriel est prêt à vous prendre à ses côtés, tant que vous n'allez pas au front, et ce n'est pas ce que j'attends de vous. J'aimerais que vous accompagniez Gabriel. Je souhaiterais ensuite que vous appreniez les rudiments du combat. Mais j'aimerais qu'en parallèle vous vous entrainiez à utiliser l'Esprit d'une toute autre manière. Si cela échoue, alors j'accepterais que vous renonciez. Mais pas avant que vous n'ayez rempli ces trois conditions.

En quête du PouvoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant