En quête du Pouvoir

Chapitre 18

[PDV Alice]

Ce matin, je me lève de bonne humeur. Comme tous les jours, depuis quelques temps. Cela fait de longs mois que j'ai repris ma vie et je commence enfin à m'y faire. Maman et Flavia m'y aident beaucoup. Il ne s'est pas passé grand-chose depuis que je suis là, mais je ne m'ennuie plus comme cela pouvait être le cas. J'aide aux tâches ménagères, j'apprends toutes sortes de plats à cuisiner, j'accompagne parfois ma mère lorsqu'elle se déplace jusqu'à la Capitale pour travailler et j'en apprends toujours plus sur ma vie avec elles. En un mot, je m'acclimate. Je maîtrise un peu mieux mon Pouvoir aussi, dans un certain sens. Maintenant, lorsqu'il explose, j'arrive à générer une "bulle" qui le contient et évite, de ce fait, beaucoup de dommages. J'ai réussi à le faire les deux fois où cela a eu lieu, depuis mon agression par la Nylsha. 

Des pas traînant me sortent de mes pensées.

- Bonjour Flavia, j'ai préparé le déjeuner. Il faudrait que nous récupérions du bois pour la cheminée aujourd'hui, l'hiver ne va pas tarder à s'installer et il promet d'être glacial.

Encore endormie, elle ne me répond pas et se dirige vers le repas que j'ai préparé.

- Alors c'est comme ça. Tu profites de la nourriture que je te prépare mais ne daigne pas m'adresse un regard ?

- Oula, mademoiselle, on se calme. Certains ne se lèvent pas à l'aube, comme toi. Laisse-moi le temps d'émerger au moins.

Je ris suite à sa réponse puis sors dans le jardin. Je n'ai toujours pas l'autorisation d'effectuer des balades seule dans la forêt, mais je peux sortir dans la prairie entourant le logis. J'essaie de me réchauffer dans la fraicheur ambiante en effectuant quelques mouvements puis sors l'épée et reprends mon entraînement.

Mes muscles reprennent petit à petit leurs habitudes. Mes mouvements sont fluides et précis. L'image de la Nylsha se profile dans mon esprit et mes coups redoublent d'ardeur. Chaque mouvement exprime mon incompréhension et ma peur. Que fait-elle ici ? Qui l'envoie ? Pourquoi moi ? Que me veut-elle ?

Je continue de longues minutes. Maman pense que ce n'est pas sain de trouver remède dans la violence. Mais, ne possédant que ceci, je continue malgré tout. Lorsque toute ma frustration, causée par l'absence totale de réponse, est évacuée, je m'assoie sur une souche. Transpirante malgré le froid hivernal, le souffle saccadé, tout ce qu'une femme de bonne société doit à tout prix éviter. J'ai beau reprendre certaines habitudes, la société n'est définitivement pas prête à me voir parader dans de jolies robes serties de perles. J'étouffe le rire qui me vient en m'imaginant vêtue de l'un de ces habits grotesques. J'observe la maisonnette qui me fait face, songeuse. Elle est chaleureuse, avec ses murs crème et ses poutres si foncées. Dans les périodes plus ensoleillées, des jolies fleurs colorées entourent tout le bâtiment avec raffinement. La demeure est située non loin du premier village, juste assez éloignée pour conférer un semblant de quiétude à l'endroit. Mais assez proche pour pouvoir le rejoindre en cas d'urgence.

Le souffle désormais régulier, je me remets sur pied et me dirige vers l'abris derrière la maison. J'attrape la hache. D'une main experte, j'en évalue le poids, puis l'abat brusquement. Les copeaux volent autours de moi pendant près d'une demi-heure tandis que je continue ce travail éreintant. Lorsque j'estime que la quantité de bois est assez élevée, je rentre me laver. Après tous ces efforts, mes vêtements collent à ma peau de façon peu agréable.

Je rempli la baignoire, retire mes habits et m'immerge dans l'eau. Tandis que je flotte doucement et que mon corps transi se réchauffe peu à peu, mes pensées s'en vont à la dérive. Un visage apparaît un instant devant mes yeux clos. Un visage masculin qu'il m'est agréable de me remémorer. Je ne l'empêche pas de se rappeler à moi. Lutter contre ces souvenirs est bien trop épuisant et j'ai choisi de m'accorder quelques moments de liberté. Qui pourrait me le reprocher ?