Gasparini : Cailee & Alexander (Tome 1)

Chapitre 4 : Super maman, super opportunité

Alexander

Je ne suis pas retournée en Italie depuis que j'ai commencé l'université. Je travaille deux fois plus pour entrer en équipe pro l'année prochaine. Le hockey est ma passion et je veux en faire mon métier. Cependant, mon père insiste pour que j'ai un plan B au cas où je ne réussis pas dans ce domaine. On a d'ailleurs eu plusieurs disputes à ce sujet, ce qui m'a amené à réduire mes visites en Italie. Je n'ai plus la force d'affronter les jugements de mon père à l'égard de mon choix de vie.

Cependant, mon retour cette année a été motivée par une seule chose : mon père. J'ai appris qu'il était très malade. Je ne sais pas ce qu'il a mais depuis la mort de maman il y a quelques années, il fume plus d'un paquet par jour. Je suppose que ça a un lien. L'appel de ma tante me disant de rentrer voir mon père cet été m'a fait réfléchir. J'y ai souvent pensé mais c'est elle qui a fait pencher la balance. Mon programme était de rentrer et de rester peut-être une semaine, le temps de voir une amélioration chez mon père, puis de rentrer en Angleterre. Mais en ramenant Broghan chez lui la dernière fois m'a fait changer d'avis.

Les Gasparini sont ma deuxième famille. J'ai presque passé tous mes après-midi après l'école dans leur jardin à jouer avec Broghan et Nikolaus. Grâce à eux, j'ai eu toute une fraternité : trois frères et deux petites sœurs. Mais c'est avec surprise que j'ai découvert que l'une de celle que je considérais comme ma petite sœur est devenue bien trop grande pour échapper à mon attention. Cailee est le genre de fille qu'on a envie de protéger ou qu'on traite comme un sucre. C'est une vraie princesse chez elle. C'est également ainsi que je la voyais jusqu'à la journée shopping. Après les avoir raccompagné au manoir, je suis rentrée chez moi la queue aussi dure qu'un bâton. J'ai honte d'admettre ça mais les lèvres de Cailee m'ont donné la trique. J'ai souffert pendant le reste de la journée en refoulant ce souvenir mais son gloss est resté sur ma mâchoire. Un parfum sucré et rosé. Comme elle.

J'ai laissé Broghan conduire sur le chemin du retour pour me concentrer sur autre chose afin de ne pas avoir à expliquer que sa petite soeur de seize ans - bientôt dix-sept ans - m'a fait bander avec un seul petit bisou sur la mâchoire. Je n'ai jamais été excité par aussi peu et ma réaction de hier m'a légèrement fait flipper. Je refuse de ressentir la moindre attirance sexuelle pour cette fille. J'ai vingt-deux ans, l'âge de baiser une femme pas une gamine. OK, je deviens fou là.

Ce matin, j'arrive au manoir des Gasparini pour emprunter deux trois trucs pour ma fête samedi soir. J'ai choisi ce jour car mon père ne sera pas à la maison mais chez ma tante et donc c'est ma seule chance de ne pas avoir l'air d'un connard qui fait la fête alors que son pauvre père malade est à l'étage, même s'il sait que j'organise une grosse fête à chaque retour.

En avançant dans le séjour, je tombe bien-sûr sur Vicky qui se met du vernis à ongle.

_ Alex ! Justement je pensais à toi.

Elle est adorable. J'ai bien noté qu'elle voudrait venir à ma fête mais ses frères sont formellement contre et je dois aussi avouer que c'est pas un endroit sûr pour elle.

_ Victoria, la réponse reste la même.

Elle se lève en ne faisant pas attention à ses ongles pas encore secs et me tire sur le canapé pour m'assoir.

_ Je sais je sais, mais laisse moi te convaincre.

Elle sort une feuille de sa poche et la déplie.

_ J'ai établi une liste de raison pour te convaincre.

Amusé, je lui laisse une chance de plaider sa cause même si c'est déjà perdu d'avance.

_ Numéro un : le genre féminin a toujours été mal considéré...

_ Victoria, cesse d'importuner ce pauvre garçon et va ranger le bordel que t'a faite en cuisine.

Lana apparaît dans le vestibule toujours aussi élégante. Elle me sourit avant de lancer un regard noir à Vicky.

_ Dommage Vicky. J'ai failli céder dès la première raison, je dis en plaisantant.

_ T'es sérieux ? Maman, laisse moi au moins finir ma phrase.

_ J'ai dit non !

Elle grogne et s'empresse d'aller en cuisine, les pas furieux.

_ Lana, vous êtes toujours aussi radieuse.

Elle s'assoit à côté de moi en soufflant.

_ Deviens père et tu comprendras le secret de ma beauté.

Je rigole et m'apprête à me lever quand elle me dit de rester là où je suis. OK. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire.

_ Vicky souhaite aller à ta soirée.

Ce n'était pas une question.

_ Ne vous en faites pas, je lui ai déjà expliqué que c'était pas une soirée pour elle. Quoiqu'elle soit bien déterminée à y aller.

Elle lâche un petit rire en mettant le dos de sa main devant sa bouche. Ses ongles sont vernis d'un rouge éclatant et la bague qu'elle a à l'annulaire témoigne d'un grand amour venant de son mari à en juger la taille du diamant.

_ Justement... je voudrais que tu laisses Vicky venir à ta soirée.

Ma tête fait un mouvement de recul, geste assez comique.

_ Vous voulez que j'emmène votre fille de quatorze ans à une soirée d'adulte ?

Elle secoue la main comme pour désapprouver ce que je viens de dire.

_ Des adultes responsables. Elle corrige. Je compte sur toi pour que ma fille ne finisse pas dans quelque part sans culotte.

Cette image m'horrifie. Jamais je laisserai ça arriver. Surtout avec ses frères aux alentours.

_ Écoutez, je ne pense pas que ça soit une bonne idée. Broghan ne laissera jamais ça passer.

Elle se lève, les yeux croisés sur sa poitrine.

_ Broghan ni personne n'empêchera ma fille d'avoir la soirée de ses rêves.

Elle est plus entêtée que sa propre fille. Sans que je ne puisse répliquer, elle sort L'ARGUMENT qui me rangera de son côté.

_ Je paierai tous les frais pour ta soirée. Alcools, déco, accessoires, tout ce que tu veux. Et en échange tu feras de ma fille ton invitée spéciale et tu feras de ta soirée un endroit safe pour une ado de quatorze ans.

Je me lève à mon tour pour la surplomber de ma taille.

_ Un endroit peut-il vraiment être safe avec de l'alcool ? Je la taquine.

_ Veux-tu que j'en vienne à confisquer ça ?

_ Lana. Je dis en faisant mine de réfléchir. Je crois que nous avons un deal.

J'ignore pourquoi elle tient tant à ce que Vicky vienne à ma soirée. Je ne cherche pas à savoir. Lana retourne dans son bureau et je m'avance dans la cuisine pour annoncer la nouvelle à Vicky.

Sur le plan de travail sont étalés toutes sortes d'ingrédients. Je crois que la pauvre a essayé de faire un gâteau mais s'est résignée à la dernière minute.

_ Victoria, c'est ton jour de chance.

Une idée me trotte dans la tête. Lana a peut-être ouvert une porte vers quelque chose d'excitant. Et à ce moment là, mon cerveau a cessé de fonctionner pour laisser autre chose s'exprimer.

Vicky me regarde impatiente.

_ Je te laisserai venir à ma soirée si tu arrives à convaincre Cailee de venir aussi.

C'est game over pour mon intégrité.