Chapitre V : Des liens inattendus

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« Les fleurs chantent sans bruit,
A l'ombre d'un passé silencieux,
Ecoutez, le chant de la pluie. »
Le Chant de la pluie, Livre I

Lyra ne disposait que de peu de temps libre au cours de la journée et elle regrettait profondément de ne pas pouvoir consacrer davantage de temps à la lecture. Avant de partir de Parnassie, elle avait sélectionné avec soin, une dizaine d'ouvrages issus de la bibliothèque de son père. Parmi eux, Le Chant de la Pluie, qu'elle parcourait dès que son cœur se faisait lourd. L'effervescence des premiers jours s'amenuisait peu à peu, laissant la place aux pensées mélancoliques.

Elle avait pris l'habitude de s'installer sur l'une des marches menant aux cuisines du domaine, l'escalier se trouvait toujours à l'ombre en début d'après-midi. Un doux murmure du vent dans les arbres, produisait une mélodie apaisante qui venait l'accompagner dans sa lecture.

Un jour, alors qu'elle était plongée dans un roman, elle entendit un bruit de pas rapides, accompagné d'un marmonnement, se rapprocher. Elle leva les yeux pour découvrir une femme d'un certain âge vêtue d'une longue robe grise. Elle se posta devant Lyra et, avec une pointe d'agacement dans la voix, demanda :

« Auriez-vous vu Mademoiselle Nalira dans les parages ?

Lyra comprit immédiatement qu'il s'agissait de la préceptrice.

— Non, je suis désolée, je ne l'ai pas vue, répondit-elle poliment.

La vieille dame marmonna, comme pour elle-même, visiblement contrariée :

— Cette petite va me rendre folle ! Bien, si jamais vous l'apercevez, prévenez immédiatement Madame Ordonon.

Malgré sa curiosité, Lyra n'osa pas poser plus de questions. Il était évident que la préceptrice n'était pas d'humeur à la conversation.

— Très bien, je la préviendrai », assura-t-elle.

La préceptrice tourna les talons et s'éloigna en direction du parc. En l'observant s'éloigner, Lyra ne put s'empêcher d'admirer sa prestance. Il était évident qu'elle avait des années d'expérience, il suffisait d'un simple coup d'œil pour comprendre que cette femme était une enseignante aguerrie. Cependant, elle n'avait pas aperçu dans ses yeux la même lueur qu'elle avait tant observé dans ceux de son père, au contraire, son regard était dur et froid.

L'annonce de la disparition de Mademoiselle Nalira préoccupa Lyra, qui se demanda si elle ne devait pas entreprendre des recherches de son côté. Au même moment, elle perçut du coin de l'œil, un léger mouvement dans le buisson en bas des marches. Un oiseau, un rongeur ? Son instinct la poussa à aller voir. Elle abandonna son livre sur l'une des marches et s'approcha doucement. Le buisson s'immobilisa et Lyra écarta quelques branches pour découvrir deux petits yeux bleus apeurés.

« Tiens, quel drôle de petit écureuil avons-nous là ! dit Lyra d'un air amusé.

La petite fille semblait très craintive et resta silencieuse. Lyra savait ce qu'elle devait faire et tenta de la rassurer.

— Ne vous en faites pas, Mademoiselle, personne ne saura que je vous ai trouvée.

Nalira adressa un sourire timide à Lyra et peu à peu, se détendit.

— Vous n'êtes pas un peu à l'étroit ici ? demanda la jeune femme.

La jeune enfant acquiesça de la tête en guise de réponse. Lyra jeta un coup d'œil autour d'elle et réfléchit à une solution, au bout de quelques secondes, une idée lui vint à l'esprit. La première semaine, alors qu'elle cherchait un endroit tranquille pour lire, elle avait découvert une petite clairière à l'ombre cachée dans un coin reculé du parc, traversée par une petite rivière qui s'écoulait doucement. Elle avait l'intention de l'aménager plus tard pour  rendre l'endroit plus confortable. Elle savait que là-bas, personne ne les trouverait. Elle murmura alors :

Le Chant De La PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant