Le Chant De La Pluie

Chapitre XIII : Promesses et confidences

Après s'être changée, Lyra prit le premier livre qui lui tomba sous la main, c'était l'un de ceux prêtés par Monsieur Paginaut il y a quelques jours. Il ne lui fallut que quelques lignes pour se retrouver emportée par sa lecture.

Le narrateur était un jeune homme, un doux rêveur. Alors qu'il s'apprêtait à embarquer pour un nouveau continent à bord d'un navire, il tomba amoureux. Une jeune femme, une simple passante, qui se baladait sur les quais accompagnée d'un vieillard et qui d'un simple regard avait fait chavirer le cœur du jeune marin. Alors que le bateau s'éloignait peu à peu du rivage, ses compagnons l'empêchèrent de sauter par-dessus bord. Le jeune homme, les yeux fixés sur le port, jura alors de consacrer toute son existence à retrouver la jeune femme.

Lyra parcourait les pages avec empressement, tant l'histoire la transportait. Elle repensa à ce que lui avait dit Nalira peu de temps avant son départ du domaine, la petite fille lui avait parlé de l'amour au premier regard. Son cœur s'emballa à l'idée qu'un amour semblable puisse exister. Lyra n'était encore jamais tombée amoureuse, c'était un sentiment dont elle ignorait tout, seuls les livres lui en avaient donné un lointain aperçu.

Alors qu'elle était sur le point de commencer un nouveau chapitre, quelqu'un frappa à sa porte. Elle sursauta puis s'empressa d'aller ouvrir. C'était Elwynn.

« Nous nous trouvons au salon, veux-tu te joindre à nous ?

- Je... je ne veux pas vous déranger, répondit-elle.

Le jeune homme la regarda d'un air curieux.

- Nous déranger ? Comment peux-tu imaginer une seule seconde que ta présence dérangerait qui que ce soit ?

- Ne sois pas contrarié Elwynn, c'est juste que je ne suis pas sûr d'avoir ma place parmi vous, elle poursuivit d'une voix hésitante : tu sais... vos invitées risquent de se poser des questions... Je ne veux pas vous embarrasser...

- Si ta présence dérange ou préoccupe qui que ce soit alors c'est à lui de partir, tu as ta place plus que quiconque dans cette maison et je ne tolérerai aucune remarque à ce propos. Sache que partout où je demeurerai tu auras ta place Lyra, tu fais partie intégrante de ma famille et je te défendrai toujours comme tel.

À ce moment précis, et face à la franchise d'Elwynn, Lyra se sentit ridicule. Elle se reprochait de ne pas avoir pleinement cru en la bonté de son ami, laissant ses propres craintes obscurcir son jugement. Il la regardait avec une telle intensité qu'elle ne put s'empêcher de rougir.

- Cela fait deux fois aujourd'hui que tu me prouves que je devrai te faire davantage confiance... admit-elle finalement, les yeux rivés au sol.

Elwynn répondit avec un sourire bienveillant :

- Alors, cette fois-ci, accorde-moi ta confiance et accompagne-moi jusqu'au salon. Je m'occupe des présentations. »

Son expression révélait son désir sincère de dissiper les doutes de la jeune femme. Cette dernière lui offrit un léger sourire timide, mais empreint de gratitude. Elle acquiesça silencieusement et suivit Elwynn jusqu'au salon.

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Le cœur battant d'appréhension, elle franchit les portes de la pièce. Les sœurs Hermely étaient assises sur le grand fauteuil. Les deux jeunes femmes n'avaient plus rien à voir avec les deux petites filles qu'elle avait pu apercevoir quelques années auparavant. Hélorine, l'aînée, possédait une beauté naturelle, les traits fins de son visage évoquaient la douceur des statues antiques, avec un nez légèrement aquilin et des lèvres pleines d'une couleur rose foncé. Ses yeux, d'un marron profond, brillaient d'intelligence et sa chevelure épaisse, d'un noir de jais, encadrait son visage avec élégance. Anista, la cadette, possédait un charme tout à fait différent de celui de sa sœur. Si Hélorine rayonnait d'une beauté saisissante, Anista avait un visage beaucoup plus doux. Ses traits étaient moins marqués, mais son sourire sincère illuminait son visage d'une lueur chaleureuse. La baronne, qui s'était apprêtée élégamment pour l'occasion, était installée sur un siège qui leur faisait face. Elles tenaient toutes les trois une tasse de thé fumante.