Alors qu'il traversait les couloirs de l'étage pour rejoindre le rez-de-chaussée, Ardenis fit une brève apparition devant la petite salle de classe ou Nalira terminait sa leçon du jour. La petite fille, occupée à ranger ses affaires, aperçut son oncle et se précipita sur le seuil de la porte, le visage illuminé d'une impatience enfantine.
« Mon oncle ! Puis-je vous parler un instant ?
Ardenis, distrait par ses pensées, se retourna avec un léger sursaut et fit demi-tour avec une grâce mesurée. Lorsqu'il arriva à la porte, il aperçut brièvement Lyra, en train de ranger une pile de manuels.
— Que puis-je faire pour toi ? s'enquit-il, la voix empreinte d'une cordialité un peu distraite.
Nalira déclara timidement :
— Vous savez que c'est bientôt mon anniversaire ?
— En effet, je suis bien au courant, confirma-t-il avec un sourire qui trahissait une certaine affection pour sa jeune nièce.
— Eh bien, j'ose vous demander une faveur, continua-t-elle, hésitante.
— Une faveur, dis-tu ? répéta-t-il, l'intrigue se mêlant à la surprise.
— Oui... murmura-t-elle, prenant une profonde inspiration pour rassembler son courage. J... je souhaiterais avoir du matériel pour peindre, dit-elle enfin, la nervosité et l'excitation se mêlant dans sa voix.
— Pour peindre ?
— Oui, hier avec Mademoiselle Lyra nous avons étudié l'art de la peinture, j'ai trouvé cela passionnant. Je veux essayer, j'aimerais beaucoup faire votre portrait !
— Je vois... murmura-t-il, son visage marbré d'une émotion contrariée.
Ses sourcils se froncèrent légèrement alors qu'il observait la petite fille. Cette dernière, percevant le changement d'humeur de son oncle, se mordilla la lèvre inférieure.
— Cela vous contrarie ? demanda-t-elle, l'inquiétude perçant dans le timbre de sa voix.
— Non, pas du tout, répondit-il en se ressaisissant avec un sourire qui visait à rassurer. Je vais voir ce que je peux faire pour cela.
La joie qui illumina le visage de Nalira fut une véritable source de réconfort pour Ardenis. Elle sauta de joie, son enthousiasme presque palpable.
— Oh, merci, mon oncle ! Lyra ? Puis-je emprunter le manuel que nous avons étudié hier ? J'aimerais le prendre avec moi dans ma chambre.
— Bien sûr, le voici, répondit Lyra avec un sourire chaleureux, en tendant le livre.
— Merci infiniment ! À plus tard Lyra, au revoir mon oncle !
Elle serra le livre contre elle avec une exaltation débordante et s'éclipsa en direction de sa chambre, ses pas joyeux résonnant dans le couloir.
Ardenis observa sa nièce et se réjouit de la voir si heureuse, il ne put s'empêcher de sourire à son tour. Mais à mesure que la silhouette de Nalira disparaissait au bout du couloir, son sourire se dissipa.
« Du matériel pour peindre... Pourquoi fallait-il qu'elle soit attirée par la peinture ? » pensa-t-il avec amertume.
Des souvenirs douloureux firent leur apparition, des souvenirs qu'il aurait préféré ne pas déterrer. En effet, il lui été impossible de ne pas penser, à ce moment précis, au père de Nalira. Ce dernier était un jeune peintre, il commençait à être très reconnu et avait déjà une excellente renommée à Aédorval lorsqu'il fut présenté à sa famille. Si à cet instant il avait su déceler la noirceur de cet homme, jamais il ne l'aurait laissé poser les yeux sur Auralyne, sa sœur.
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Le Chant De La Pluie
Historical FictionUne tasse de thé, de la musique classique dans les oreilles : vous voilà prêt à lire « Le Chant de la pluie ». Alors qu'elle est sur le point de réaliser son rêve de devenir préceptrice, une aspiration transmise par son père Sylvan, Lyra est cont...