À mesure que le jour du bal approchait, un subtil mélange d'excitation et d'appréhension flottait, tel un léger parfum, dans les couloirs du domaine d'Ormeron. Les échos des conversations animées, résonnaient dans toutes les pièces de la grande demeure. On pouvait entendre les domestiques s'affairer avec une précision calculée, ajustant les moindres détails.
Tandis que tout le monde attendait le bal avec impatience, la jeune Nalira ressentait le poids des attentes peser lourdement sur ses petites épaules. Lyra, consciente des inquiétudes de la petite fille, profitait de ces derniers jours, pour lui enseigner les règles et codes de cet univers dont elle ignorait tout.
Dans le royaume de Thalestoria, les enfants qui atteignent sept ou huit ans, sont souvent invités aux événements de grande importance. Ils passent une partie de la soirée parmi les adultes puis, lorsque la cloche retentit à dix heures, ils se retirent dans un petit salon réservé, où ils peuvent se divertir en jouant aux jeux de plateau, en lisant ou en pianotant quelques mélodies.
Nalira, studieuse et appliquée, s'efforçait d'assimiler chaque leçon avec sérieux. Sous les conseils avisés de Lyra et avec l'aide précieuse d'Eldric, elle apprenait à marcher avec grâce, à saluer les invités avec une révérence respectueuse, et à manier les bases de la conversation.
Malgré tous les efforts de la petite fille, Lyra ne pouvait ignorer la nervosité qui imprégnait chacun de ses gestes, la tension dans ses regards inquiets.
Un après-midi, alors que la leçon du jour touchait à sa fin et que Nalira s'apprêtait à quitter la salle de classe, Lyra perçut cette fébrilité, comme une corde trop tendue prête à se briser. La jeune femme s'approcha de la fillette en silence et, d'un geste doux, retint son bras frêle. Puis, d'une voix qui se voulait assurée, elle murmura :
« Mademoiselle, vous serez prête pour le bal, je vous le promets.
Nalira, le regard incertain, leva lentement les yeux vers elle.
- Je... je ne sais pas, murmura-t-elle d'une voix brisée. Il y a tellement de choses à retenir, tellement de règles... Et si je fais le moindre faux pas... je risque de tout gâcher.
Ses petites mains tremblaient, se tordant nerveusement l'une contre l'autre, comme si elle tentait de contenir l'angoisse qui l'envahissait. Lyra, sensible à l'inquiétude de la petite fille, s'agenouilla à sa hauteur, réduisant la distance entre elles. Elle posa une main légère sur celles de Nalira. Son sourire se fit plus tendre, ses yeux cherchant ceux de la petite fille avec une bienveillance réconfortante.
- Un faux pas ne remettra jamais en cause votre légitimité, Mademoiselle. Et surtout, vous ne serez pas seule. Le Comte sera là, à vos côtés, quoi qu'il advienne.
Les mots étaient dits avec une telle conviction que, l'espace d'un instant, ils semblèrent effacer les doutes de Nalira. Pourtant, à la mention de son oncle, son visage se ferma, comme si un voile sombre était venu recouvrir ses pensées. Elle baissa à nouveau les yeux, sa voix se faisant presque inaudible, empreinte d'une vulnérabilité déchirante.
- Justement... que se passera-t-il s'il est seul contre tous les autres ? Si... si tout le monde se retourne contre lui à cause de moi ?
Ses épaules frêles se mirent à trembler légèrement. Elle releva les yeux, cherchant dans le regard de Lyra une force qu'elle n'arrivait plus à trouver en elle-même.
- J'ai si peur, Lyra...
Sa petite voix, fébrile, contenait toute la terreur d'une enfant qui craignait de décevoir.
- Il n'est pas le seul, souffla Lyra avec tendresse. Beaucoup de gens dans cette maison sont de votre côté.
Le regard de Nalira vacilla, hésitant, incertain, mais teinté d'une pointe de curiosité. Lyra perçut cette lueur fragile et s'en saisit avec douceur, poursuivant sur un ton apaisant :
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Le Chant De La Pluie
Historical FictionUne tasse de thé, de la musique classique dans les oreilles : vous voilà prêt à lire « Le Chant de la pluie ». Alors qu'elle est sur le point de réaliser son rêve de devenir préceptrice, une aspiration transmise par son père Sylvan, Lyra est cont...