Chapitre XV : Prison de plumes

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Lyra peinait à trouver le sommeil, sa conversation avec Hélorine ne cessait de tourner en boucle dans son esprit. Que voulait-elle dire par : « Vous risquez d'être un véritable obstacle pour cette famille » ? Lyra était revenue à Parnassie pour aider les Prerya... Certainement pas pour leur causer du tort... Peut-être en saurait-elle davantage en interrogeant Elwynn ? Ou bien devait-elle suivre le conseil d'Hélorine... ?

Soudain, une pensée traversa son esprit : Hélorine la considérait-elle comme un obstacle à son mariage avec Elwynn ? Non, cela n'avait aucun sens ! Elle et Elwynn étaient amis depuis l'enfance, il était pour elle un véritable frère.

Cependant, si Hélorine avait de réels doutes concernant la véritable nature de leur relation, elle devait absolument la rassurer sur ce point. Convaincue d'avoir élucidé le malentendu, Lyra s'endormit.

Ardenis s'approcha d'un pas décidé du bureau de son intendante. Il frappa et entra dans la pièce sombre. Lorsque Madame Ordonon reconnut le Comte en personne, elle se leva précipitamment de sa chaise pour le saluer.

« Comment puis-je vous être utile, Monsieur ? s'enquit-elle poliment.

- Lyra Artelis. Je vous prie de la faire revenir au domaine, déclara-t-il d'une voix calme.

Madame Ordonon balbutia, prise au dépourvu :

- M...mais ce n'est pas aussi simple, Monsieur. Mademoiselle Artelis est partie de son plein gré.

- De son plein gré ? Vraiment ? répliqua le Comte, sortant de sa veste une enveloppe abîmée : La lettre que Lyra avait laissée à l'intendante avant son départ.

- Pourtant, ce n'est pas ce que je lis dans cette lettre, poursuivit-il.

- Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, ma tâche consiste à maintenir l'ordre parmi le personnel et à m'assurer qu'ils demeurent à leur place. Mademoiselle Artelis a enfreint mes directives, expliqua Madame Ordonon, tentant de justifier la situation.

- Pour se rendre au chevet d'un ami malade. Ne s'agit-il pas là d'une demande légitime ? questionna le Comte.

- Le personnel de ce domaine doit être disposé à faire des sacrifices, rétorqua-t-elle.

- Je ne suis pas de cet avis. Désormais, si l'un des membres du personnel souhaite s'absenter pour une affaire personnelle, je vous demande de m'en informer directement. Ainsi, je pourrai juger moi-même de la légitimité de la demande, déclara-t-il fermement.

- T...très bien, Monsieur, acquiesça Madame Ordonon, quelque peu contrariée.

- Envoyez quelqu'un à Parnassie immédiatement, et assurez-vous que Mademoiselle Artelis soit de retour dans les prochains jours, ordonna-t-il avant de quitter la pièce.

Madame Ordonon resta figée quelques instants, une expression irritée traversant son visage. Puis, comme pour elle-même, elle ajouta en serrant les dents :

- J'espère que cette petite impertinente n'est pas assez sotte pour revenir ici. »

Le lendemain, Lyra apprit que les Hermely avaient invité toute la famille Prerya à se rendre à leur demeure pour la journée. La baronne insista pour que Lyra les accompagne, mais celle-ci, après les évènements de la veille, invoqua une grande fatigue et déclina poliment l'invitation.

« Veux-tu que j'appelle le médecin ? s'inquiéta la baronne.

- Non, je vous remercie, j'ai juste besoin de repos, répondit Lyra d'une voix douce et assurée.

Le Chant De La PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant