Chapitre XXVI : Ouvrez les portes !

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« Lyra ! Lyra, s'il vous plaît, ouvrez-moi !

La petite voix suppliante parvint à Lyra, qui s'apprêtait justement à quitter la chambre. Elle ouvrit la porte sans plus attendre, découvrant Nalira, le visage empreint d'une inquiétude manifeste. 

— Bonjour, Mademoiselle, que se passe-t-il ? demanda Lyra d'une voix douce, son regard cherchant à deviner la source de son agitation.

La petite fille porta une main tremblante à son cœur, comme pour le sommer de ralentir. 

— C'est... c'est aujourd'hui, Lyra. Le bal... ce soir. J'ai tout oublié, je ne me souviens de rien ! C'est affreux ! balbutia-t-elle, ses yeux emplis d'une détresse enfantine.

Lyra retint un sourire attendri, bien que sa voix demeurât empreinte d'une douceur ferme.

— Mademoiselle, reprenez votre souffle, tout va bien, soyez-en assurée. C'est votre inquiétude seule qui parle, rien de plus. Inspirez profondément, je vous en prie.

Nalira obéit, quoiqu'avec quelque difficulté, et tâcha de maîtriser sa respiration. Mais elle ne parvenait pas tout à fait à retrouver son calme.

— Oh, Lyra... Je vais me ridiculiser, vous verrez, murmura-t-elle, détournant un regard embué. Si seulement vous pouviez être là ce soir, près de moi... Si j'oublie quelque chose, qui me le rappellera ?

Les lèvres de Lyra s'étirèrent en un sourire empreint d'indulgence.

— Vous êtes bien plus capable que vous ne l'imaginez, Mademoiselle. Vous avez appris chaque pas, chaque mot avec une assiduité dont vous pouvez être fière. Croyez-moi, vous n'aurez besoin de personne pour vous guider ce soir.

Malgré ces paroles rassurantes, un trouble persista dans les yeux de Nalira. Elle hésita, puis finit par relever la tête : une requête lui brûlait les lèvres :

— Avec le bal, il n'y aura pas de leçon aujourd'hui... mais ne pourrions-nous pas revoir quelques points, malgré tout ? Cela me rassurerait tant !

Lyra acquiesça d'un léger signe de tête.

— Bien sûr. Si cela peut apaiser vos doutes, ce serait avec plaisir.

Un sourire passa sur le visage de Nalira, accompagné d'une lueur empreinte de nostalgie.

— Pourrions-nous... pourrions-nous le faire à la clairière ? Cela fait si longtemps que nous ne nous y sommes pas retrouvées.

La suggestion éveilla chez Lyra un tendre souvenir : le doux secret de cet endroit, leur petit refuge, lui avait également manqué.

— Je le veux bien, répondit-elle avec une tendresse discrète. Mais prenez un vêtement chaud, Mademoiselle, l'air est frais et le ciel semble se couvrir.

À ces mots, Nalira acquiesça avec un vif empressement. Elle pivota et s'éclipsa, légère et rapide, vers sa chambre, tandis que Lyra prit le temps de récupérer un châle et le cahier d'étude de son élève.

Elles traversèrent le jardin en silence, l'air empreint d'une fraîcheur automnale qui faisait frissonner les feuilles sous leurs pieds. Enfin, elles arrivèrent à la clairière.

— Même en cette saison, cet endroit est si joli, murmura Nalira, presque pour elle-même, ses yeux parcourant la clairière avec une tendresse particulière.

— Oui, il conserve son charme en toute saison, répondit Lyra avec un sourire complice, tout en dépliant soigneusement une nappe tissée sur le sol.

Elles s'installèrent en silence, Lyra tendit le cahier à Nalira, qui tourna les pages avec concentration. Au bout de quelques instants, la jeune fille releva la tête, un voile trouble assombrissant son regard.

Le Chant De La PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant