Chapitre XX : Résolutions

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Le Comte était en chemin pour retourner dans son bureau, il traversa les longs couloirs, l'esprit toujours préoccupé par la conversation qu'il venait d'avoir avec Nalira. Lorsqu'il arriva devant la porte, celle-ci était entrouverte, c'était pour le moins étrange, car nul n'avait le droit d'entrer dans cette pièce, et lui seul en possédait la clé.

Il poussa doucement la porte, tout en restant prudent. Au même moment, Eldric apparut à côté de lui. Il le salua respectueusement, se racla la gorge et annonça d'une voix monotone :

« Monsieur, votre mère requiert votre présence au salon.

- Savez-vous si quelqu'un est entré dans mon bureau, Eldric ? demanda Ardenis, l'esprit préoccupé.

Le majordome tourna lentement la tête vers la porte, puis répondit, un air perplexe sur le visage :

- Je l'ignore, Monsieur. Je viens seulement de quitter le salon.

Le jeune homme entra dans la pièce, ses yeux scrutant chaque recoin à l'affut du moindre changement notoire.

- J'ai la nette conviction que quelqu'un est venu ici, murmura-t-il, plus pour lui-même que pour le majordome.

- Je ne saurais le dire, Monsieur, répondit Eldric, observant le Comte avec attention.

Ardenis inspecta la pièce minutieusement. Lorsqu'il fut assuré que rien n'avait disparu ou été déplacé de son bureau, il se tourna de nouveau vers son majordome.

- Excusez-moi, Eldric, que vouliez-vous me dire ? demanda-t-il, ses sourcils légèrement froncés.

- Vous êtes demandé au salon, Monsieur, répéta Eldric.

- Ma chère mère savait pertinemment que je refuserais sa demande en vous envoyant me chercher.

- C'est une éventualité que votre mère a effectivement évoquée. Cependant, votre tante, la Vicomtesse d'Irunia, m'a demandé de vous évoquer un sujet « de la plus haute importance ».

Le jeune Comte souffla, visiblement agacé.

- Bien, j'en déduis que je n'ai pas le choix n'est-ce pas ? »

Il referma la porte d'un geste vif et suivit le majordome jusqu'au salon.

Lorsqu'il entra, un silence s'installa. Sur le grand fauteuil étaient installées sa mère et Elvoria, face à celles-ci, sur deux autres petits fauteuils sa tante accompagnée de son fils, Kaël.

« Enfin, vous daignez vous montrer mon très cher neveu !

- Vicomtesse. Cher cousin, salua Ardenis.

Kaël, visiblement mal à l'aise, peinait à dissimuler son appréhension face à la présence imposante de son cousin. Il faut dire que tout les opposait, le jeune Comte, incarnait l'élégance et l'assurance. Sa stature imposante et son port altier invoquait le respect et l'admiration de tous ceux qui croisaient son chemin. À l'inverse, Kaël, plus petit et moins sûr de lui, paraissait toujours fuyant. Ses traits, moins marqués, reflétaient une certaine timidité et un manque de confiance en soi. Contrairement à l'assurance naturelle d'Ardenis, Kaël affichait souvent une posture voûtée, ses épaules se refermant sur lui comme pour se protéger d'un danger invisible.

Enfoncé dans son siège, il jouait nerveusement avec les boutons de ses manchettes, évitant soigneusement le regard d'Ardenis.

- Bien, de quoi vouliez-vous me parler de si important et qui à vos yeux mérite de m'arracher à mon travail ?

- Ne soyez pas aussi condescendant Ardenis, admonesta la Comtesse mère.

- Je ne puis réprimer ce qui coule dans mes veines très chère mère, la condescendance est un trait caractéristique de notre illustre famille, lança-t-il un sourire narquois sur le visage.

Le Chant De La PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant