Avec moi tu seras riche, et tu seras libre

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Chapitre 2 

Inej


L'air de la nuit lui caressait la peau. Une odeur fauve, pénétrante, baignait ses sens encore anesthésiés. Les battements de son coeur refusaient de se calmer, tout comme le tremblement dans ses membres. Inej Ghafa ferma les yeux, concentrée sur sa respiration.

Sans un mot, le garçon avait ralentit le pas, lui laissant le temps de reprendre contenance. Ils n'étaient encore qu'à quelques pas de la Ménagerie. Du coin de l'oeil, elle pouvait contempler le bâtiment de l'extérieur, information qu'elle eut toutes les peines du monde à s'ancrer en tête.

Hors de ces murs maudits, Inej se sentit de nouveau en possession de sa propre voix. Timidement, ses lèvres s'entrouvrièrent, deux syllabes à peine plus hautes que le silence.

— Merci.

— Merci de quoi ?

— Le manteau, mentit Inej.

Le garçon haussa les épaules.

— T'en auras plus besoin que moi. On va traverser le Barell.

Inej hocha la tête.

— Tu n'es jamais venue dans le Barell, j'imagine ?

— Non.

— Ce n'est pas un endroit très hospitalier, ni très sur. Mais on s'y habitue.

Inej ne souffla mot, lui laissant prendre la tête.

Le garçon hâtait déjà le pas sur les pavés. Elle eut tôt fait de le suivre, retardant ses plans pour lui fausser compagnie. Il avançait d'un pas boiteux, mais sûr. Inej fixait sa jambe blessée.

Autour d'eux dansaient les lumières de la ville, au creux d'une agitation fébrile. A cette heure de la nuit, un tourbillon de passants battait les pavés, enfilade de robes, de chapeaux et de pas pressés défilant dans les rues. Inej inspira, se concentrant sur ses jambes et sur le moyen d'arrêter de les faire trembler.

Ses yeux s'arrêtèrent sur un fiacre, probablement en partance pour la Ménagerie. Elle l'avait deviné à la silhouette à la fenêtre, qu'elle reconnaissait sans peine. Un relent de nausée lui saisit brusquement le ventre.

De l'autre côté de la route, les cris d'un homme aviné l'ancrèrent de nouveau en pleine réalité. Ils se dirigeaient vers le pont, gorgé d'une foule attenante, même à cette heure pourtant tardive. Deux gardes de la stadwatch jugulaient le flot des passants.

Le garçon fronça les sourcils, entrainant leurs pas plus loin, en marge d'un auditoire. Il se planta face à elle, ne manquant pas de la faire sursauter.

— Ecoute. Je pourrais te dire que tu seras bien mieux avec nous qu'avec elle, te promettre le bonheur et la sécurité. Mais ce ne seraient que mensonges. Alors voici deux vérités : avec moi tu seras riche, et tu seras libre, dès que tu auras racheté ton contrat.

Inej cessa de respirer. Ses mots tremblèrent, difficilement audibles.

— Tu... Tu me permets... de racheter mon contrat ?

— Ce sera long. Elle t'a cédée à prix d'or. Mon boss t'as achetée une petite fortune. Et crois moi ça n'a pas été facile de l'en convaincre.

Inej cligna des yeux, interdite. Et le dévisagea de longues secondes.

— C'était ton idée ? Parce que je t'ai proposé de t'aider ?

— Parce que t'as le pas plus léger que l'air. Je ne t'ai pas entendue approcher, alors que tu avais ça autour des pieds.

Le corbeau sur la rampeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant