Toi et moi c'est absurde

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Chapitre 10  (partie 2)

Inej



Ils avaient longuement murit ce plan. Mademoiselle Nyssen, victime de son succès, déchainait les passions. Aussi, elle vivait sous garde rapprochée. Il y aurait des patrouilles et des hommes de la stadwatch un peu partout, ce qui ne faciliterait pas sa mission du soir. Inej savait que son déguisement ne la protégerait pas. Kaz lui avait appris que toutes mercuriennes qu'elles soient, les femmes n'étaient pas à l'abri d'un sort tout aussi cruel que n'importe quelle autre une fois emprisonnées.

Elle accéléra le pas. Mademoiselle Nyssen avait coutume de retourner se pomponner dans sa loge pendant l'entracte. Inej devait s'y glisser avant elle.

S'il était vrai que Van Der Hoot était son amant, ils possèderaient un moyen de pression considérable quant à l'achat de sa voix au conseil des marrées. Kaz s'en frottait les mains d'avance. Sans doute qu'il se préparait à l'approcher dans les prochaines minutes.

Fais attention à toi.

Ce n'était pas dans ses habitudes, de se montrer soucieux, mais ces temps-ci, il avait multiplié les démonstrations de ce type. D'autant plus que ces marques d'affection ne s'adressaient visiblement qu'à elle. Inej ne savait qu'en penser.

— Tu lui plais, avait soufflé Nina alors qu'elles attendaient Kaz à l'abri d'une de ses planques dans le West Stave.

Inej avait secoué la tête.

— Bien sûr que non.

— Il ne veut juste pas te le montrer.

Elle avait levé les yeux au ciel. Nina prenait un malin plaisir à ces saillies dernièrement, parce qu'elle avait surpris Kaz poser une main protectrice sur elle lors d'un règlement de compte avec les Dime Lions. Elle-même ne s'expliquait pas ce geste, provenu de nulle part. Elle balaya pourtant ses doutes d'une main de fer.

— Je ne suis pas son genre de fille.

— Moi je suis sûre que si. Et puis je l'ai vu la semaine dernière en train de te reluquer les jambes.

Ses joues s'étaient empourprées. Inej s'en était rendue compte elle aussi. Son regard s'était attardé sur elle, quelques secondes de trop, comme il l'avait fait plus d'une fois depuis qu'ils se connaissaient. Tu luis plais. Une part d'elle croyait à ces mots, et voulait se battre pour les faire exister. Mais tout lui criait de repousser l'idée, bien trop dangereuse, de se laisser aller à ce fol espoir. Elle avait croisé les bras.

— Les hommes comme lui ne rêvent que de pouvoir.

Nina avait cligné des yeux, un sourire fauve au coin des lèvres.

— Je vois bien comme il te regarde. Il te convoite, Inej.

— Un homme te résiste et tu en conclues ça ?

— Me résister ? Kaz Brekker ? Oh, mais je te le laisse ma belle, il est bien trop sinistre pour moi.

Inej avait ri. Bien des gens craignaient Kaz Brekker mais curieusement, ce n'est pas ce qu'elle retenait de lui. Etait-ce parce qu'il l'avait tirée des griffes de Tante Helen, qu'il lui avait offert une nouvelle vie, plus digne, ou avait-il simplement toujours été différent avec elle ? Elle avait baissé les cils.

— Il n'est pas si sinistre, une fois qu'on le connait bien. Il est même plutôt le contraire.

Un sourire de chat s'était dessiné sur les lèvres de son amie. Ses yeux perçants l'observaient par en dessous, le silence mutin.

Le corbeau sur la rampeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant