De l'autre côté de la frontière - Tome 3

Epilogue

Un mois s'est écoulé depuis le changement de pouvoir, il a fallu du temps, que ce soit pour rassembler chaque meute auprès de nous, pour leur prouver la véracité de nos propos pour ensuite leur effacer la mémoire en laissant juste l'essentiel. Amir et moi sommes les nouveaux dirigeants suprêmes. Les horreurs de l'ancien sont restées. Amir a été légitimé durant le processus d'effacement de mémoire. Je ne sais pas comment Luna et alpha ont fait, ils nous ont dit qu'ils nous expliqueraient. J'ai encore beaucoup à apprendre sur les pouvoirs dont j'ai hérité et j'ai hâte d'en apprendre plus sur ce qui fait que je suis cette louve ainsi que sur mon rôle.

L'un des changements qui a été fait aussi, c'est le lieu de la nouvelle meute suprême. Après avoir effacé la mémoire des anciens membres de cette meute, nous l'avons assignée à l'un des hommes nés alpha, c'est lui qui gère l'ancien territoire alors que nous l'avons implanté de l'autre côté du lac près de chez mes parents et qui était le premier lieu suprême existant.

Assise face à l'eau, je profite du premier jour de beau temps pour réfléchir. J'ai découvert au réveil que j'étais enceinte et j'ai peur. Je n'ai couché qu'une seule fois avec Amir et depuis notre ascension nous prenons notre temps pour apprendre à nous connaître et essayer de faire les choses bien malgré le marquage. Je sais que je passerais ma vie avec lui, ce n'est pas le problème. C'est probablement l'un des seuls avantages des âmes sœurs d'ailleurs, car ne pas être maître de son choix en termes d'homme qui partage ta vie ce n'est pas forcément ce que j'aurais voulu et soyons clair vu la manière dont notre histoire à commencer, ce n'est vraiment pas vers lui que j'aurais été.

Heureusement, il ne le sait pas encore. Habitant séparément pour l'instant, je suis la seule à le savoir, car j'ai évité tout le monde depuis mon réveil. J'ai besoin de solitude pour réfléchir, pour démêler le positif du négatif de la situation. Je garderais ce bébé, qu'il le veuille ou non. Étrangement, je suis heureuse d'être enceinte même si c'est beaucoup trop tôt. Je sais que c'est mon rôle de faire des enfants, assurer la lignée et faire naître l'héritier. J'ai toujours été préparée à cette situation et j'ai peur que ce soit juste parce que je fais ce que l'on attend de moi que je suis heureuse.

- Tout va bien, Amour ?

La voix d'Amir me fait sursauter et je me crispe, il va l'entendre, je ne pourrais plus le cacher. Je le sens s'installer à côté de moi, mais n'ose pas le regarder.

- Tu comptais te cacher de moi durant combien de temps ?

Sa question me fait serrer les dents et les larmes montent. Égoïstement, j'aurais voulu garder cela pour moi, assumer seule le temps qu'on se décide à vraiment se lancer. Je ne veux pas que les choses se fassent sous prétexte que je suis enceinte.

Je sens l'un de ses doigts glisser sous mon menton et m'oblige à le regarder. Son pouce essuie délicatement ma joue ou une larme vient de s'échapper.

- Parle-moi, Amour. Je ne veux pas te faire une scène, je veux juste savoir. Je peux comprendre tes réticences et tes peurs, mais pour qu'on y arrive, tu dois me parler sans avoir peur.

- Je ne veux pas que les choses changent dans notre façon de procéder juste parce que je suis enceinte. Tout va trop vite, ça me fait peur.

Il me serre contre lui et son calme m'apaise. Ses lèvres déposent un baiser sur mon front et lorsqu'il se recule, je sais que mes peurs sont infondées.

- On ne change rien à notre manière de procéder. Les choses ont été très vites, je te l'accorde et je suis désolé de t'avoir marquée sans ton consentement, mais je te promets qu'on prendra le temps qu'il faut et ça même si tu portes nos bébés.

Je reste silencieuse, abasourdie par ce qu'il vient de dire.

- Nos ? dis-je fébrilement.

Il sourit.

- J'entends trois battements de cœur, le tien et les leurs. On va avoir des jumeaux, Amour.

- Et ben, merde alors. Soufflais-je sous le choc ce qui lui tire un rire.

- On va s'en sortir, je te le promets.

Je hoche la tête et me blottit dans ses bras, j'ai besoin de ressentir ce qu'il fait naître en moi, j'ai besoin de son calme et sa douceur. Moi qui croyais qu'il allait mal réagir ou être le même que j'ai connu dans la grotte, je me rends compte qu'il n'y a pas plus gentil et attentionné que lui. Notre relation a mal commencé et je n'aurais pas pensé dire cela il y a quelques semaines, mais c'est un homme comme lui dont je rêvais et je suis heureuse qu'il m'ait trouvée même si ça ne s'est pas passé comme je le pensais.

Deux ans plus tard

Assise face au lac, je regarde l'horizon qui est à couper le souffle comme à chaque fois. La chaleur du soleil caresse ma peau et le clapotis de l'eau du lac est tout ce dont j'avais besoin pour me détendre. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas pris du temps pour moi, que ma vie file à cent kilomètres-heure, que j'ai l'impression de ne plus pouvoir profiter des moments simples de la vie. Tellement de choses se sont passées depuis que je suis sortie de cette cellule, les choses se sont passées tellement vite que j'ai encore du mal à tout assimiler près de deux ans plus tard.

Un baiser sur mon épaule me sort de mes pensées et je regarde l'homme qui s'assied à mes côtés avec un sourire sur mes lèvres. Pour nous aussi, les choses ont été dures, mais avec le temps, sa patience, il a réussi à se faire sa place et je peux le dire, je suis heureuse à ses côtés.

- Comment te sens-tu ?

- Mieux, j'avais besoin d'un break et me retrouver ici face à cette vue était tout ce dont j'avais besoin.

Il m'attire contre lui et mon oreille se pose pile à l'endroit où se trouve son cœur. Comme le mien, il bat la chamade à chaque fois que je me retrouve contre lui. Qui l'aurait cru il y a deux ans qu'on en serait là tous les deux ? Pas moi.

- Tu devrais penser à lever le pied, Amour. On est deux à gérer et si tu as besoin de temps pour toi, je veux que tu le prennes.

- Et te laisser tout gérer parce que je suis fatiguée ? Hors de question ! On a fait le choix d'assumer nos responsabilités, je ne peux pas tout te laisser juste parce que je suis fatiguée.

- Tu portes deux bébés, Sohalia. Bien sûr que tu as le droit d'être fatiguée et d'avoir besoin de repos. Personne ne t'en tiendra rigueur.

Il pose un baiser sur ma tempe et je le sens sourire contre ma peau.

- Je n'en reviens pas qu'on a réussi à créer des jumeaux pour la deuxième fois.

- Moi non plus, si j'avais su, j'aurais refusé de retenter l'expérience alors que les premiers n'ont qu'un an. Quelle folie nous a pris ? En tout cas, cette grossesse est ma dernière, je refuse de revivre ça une troisième fois.

Il rit et je ne peux m'empêcher de le suivre.

- Six bébés, ça ne te dit pas ?

J'entends son sourire dans sa voix et je sais qu'il n'est pas sérieux, enfin, peut être que...

- Hors de question ! C'est moi qui les portes, c'est moi qui les sors, donc c'est moi qui décide et je te le dis Amir, pas d'autres enfants après ceux-ci. Je suis prête à faire la grève du sexe si besoin ! m'exclamais-je en le faisant éclater de rire.

Je ris à mon tour et l'empêche de me rappeler que je suis incapable de faire cette grève en plaquant mes lèvres sur les siennes.

Rien n'a été facile depuis deux ans, mais on fait front ensemble et je n'aurais pas pu rêver mieux comme partenaire de vie. Il est parfait dans tous les sens du terme et j'en suis follement amoureuse. Lien ou pas lien, c'est lui que j'aurais choisi et dont je serais tombée amoureuse. Il est mon tout, mon âme sœur, mon confident, mon ami, mon amant, mon mari. Je l'aime d'un amour que je pensais impossible et, peu importe ce que la vie nous réserve, je sais que je pourrai toujours compter sur lui.