Chapitre 16

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La douleur est immense, le sentiment de trahison est horrible, l'envie de me débattre et hurler me prend aux tripes, mais je serre les dents

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La douleur est immense, le sentiment de trahison est horrible, l'envie de me débattre et hurler me prend aux tripes, mais je serre les dents. Je ne leur donnerais pas la satisfaction de voir que leur action me touche, que de me forcer à être marquée sans mon consentement me détruit. Jamais je n'ai baissé les bras et ce n'est pas aujourd'hui, face à l'ennemi que je baisserais les bras.

Ses crocs toujours plantés dans ma poitrine, je sens ses doigts entrelacés ceux de ma main gauche pendant que l'autre semble se poser sur les chaînes. L'incompréhension me gagne en sentant que les chaînes se détendent et je plante mon regard dans le sien.

- Ne me regarde pas, amour. Continue de regarder mon oncle, fais comme si de rien était et écoute-moi. Je suis désolé pour ça, vraiment. Si j'avais eu le choix, jamais je ne l'aurais fait. Je t'ai fait la promesse de te protéger et je le ferais quitte à mourir. Lorsque j'éloignerai mes crocs de ta peau et que tes mains seront libres, fuis et cache-toi. Surtout, ne retourne pas à la meute Jayens maintenant, ne laisse personne t'approcher et fuis si tu sens que l'alpha suprême arrive. Je vais tout faire pour l'empêcher de te trouver, je vais user de ton pouvoir pour le soumettre afin qu'il ne te traque pas, mais rien ne garantit que ce rendez-vous ne soit pas un piège. Je te promets de te retrouver, Amour et que nous serons enfin libres de vivre notre vie sans menace.

Ses paroles me laissent complètement perdue, je ne comprends rien à ce qu'il se passe, à ce que je dois faire, si je dois lui faire confiance, mais la perspective de pouvoir fuir d'ici est bien trop alléchante pour que je me pose plus de questions. Dès que j'en ai la possibilité, je pars, peu importe où je vais, peu importe ce qu'il dit ou si je dois ou pas lui faire confiance.

Lorsque ses crocs commencent à quitter ma chair, je sens les chaînes libérer mes mains et mes pieds touchent le sol.

- Maintenant, Amour.

Il fait volte-face et empoigne son oncle me laissant la possibilité de récupérer la couverture puis fuir. Je ne perds pas une seconde, celle qui pourrait être précieuse plus tard et court en dehors de la caverne avant de foncer droit devant moi. Je ne sais pas vraiment vers où je dois aller et je me repère aux odeurs. Alors que j'avance, la puissance que j'ai ressentie hier me revient et je laisse plein contrôle sur ma louve. Elle sait où elle doit aller, elle non plus n'a pas confiance en Amir et la perspective que notre meute soit détruite m'angoisse trop que pour fuir autre part que chez moi. Je sais que j'y serais en sécurité, que ma famille fera tout pour qu'il ne m'arrive rien et puis je me dois de les rassurer sur ma survie même si c'est pour les quitter après afin d'échapper à Amir. Je ne le laisserais pas mettre la main sur moi tant que je n'aurais pas pris la place de Luna Suprême. C'est mon devoir, je me dois de faire ce pour quoi je suis née même si je n'ai aucune idée de comment procéder ou même comment diriger un tel royaume. Mais tout ça, j'y penserais après, quand mon esprit sera apaisé et que j'aurais la certitude que ma famille se porte bien.

Je ne sais pas combien de temps je prends pour arriver à l'abord de mon village et lorsque je pénètre au-delà du charme, la vue qui s'offre à moi me stoppe net. Le même décor se dresse sous mes yeux qu'à la meute d'Amir. Tout est détruit, les maisons calcinées, des corps au sol pour certains égorgés, pour d'autres brûlés. Sans m'en rendre compte, je tombe à genoux et un hurlement me vrille la gorge. La douleur de la trahison d'Amir est minime comparée à celle que je ressens à l'instant. J'ai la sensation qu'on m'arrache le cœur et qu'on me broie de l'intérieur. Mon ventre se tord, mon estomac se contracte et la nausée me prend par surprise. Je vomis le peu que j'ai ingurgité, la bile me brûle l'œsophage pourtant les relents continuent et la bile sort toujours malgré mon envie que la douleur s'arrête. L'odeur est immonde, la vue horrible et la douleur trop intense pour que je puisse faire autre chose que rester prostrée au sol. Pourtant, je dois partir, c'est trop dangereux de rester ici. L'envie de trouver mes parents me prend et je me relève difficilement. Je ne comprends même pas pourquoi j'ai cette soudaine envie de les voir, je ne suis pas prête à affronter la vue de ma famille morte. Je souffre déjà le martyre en voyant les membres de la meute au sol, alors je n'ose imaginer ce que la vue de mes parents morts me ferait. Pourtant je continue de les chercher et au fil des minutes, l'espoir renaît. Je hurle leur prénom en espérant qu'ils aient réussi à survivre, qu'ils n'aient pas été massacrés avec les autres, qu'ils soient cachés quelque part.

Malgré cet espoir, au fond de moi je ressens un vide, celui qui m'indique que j'espère pour rien, que je me berce d'illusions en espérant les revoir vivant, qu'ils sont tous aussi morts que les autres. Puis en ne les trouvant pas, l'idée qu'Amir puisse les avoir enlevés pour les faire souffrir me traverse. Me rendre compte de sa trahison ultime me brise un peu plus et j'éclate en sanglots. J'ai tout perdu en une journée, les souvenirs de la nuit merveilleuse que j'ai passés s'effacent au profit de l'horreur dont je suis victime depuis notre retour à la meute. Jamais je ne lui pardonnerais ce qu'il a fait, j'aurais pu faire abstraction de son marquage sans mon consentement, mais jamais je n'accepterais qu'il soit responsable de la mort de toutes ces personnes qui sont si chères à mon cœur. Il le savait, je l'avais prévenu que je ne pourrais pas passer au-dessus pourtant il a laissé la haine prendre le pas sur le reste et voilà où nous en sommes. Brisée, détruite, anéantie, sans plus personne sur qui compter, sans repères, sans avenir. Je ne me relèverais jamais de ce qu'il vient de se passer, je le traquerais à mon tour, car il est hors de question que je le laisse s'en sortir comme ça. Notre combat signera notre fin à tous les deux, nos forces sont égales et aucun de nous n'abandonnera à moins d'être mort et je ne lui laisserais pas la chance de me mettre le coup ultime. Je serais celle qui tuera et pas celle qui sera tuée. Je ne suis pas de celle qui abandonne, je n'ai jamais été élevée en lâche et je rendrais ce dernier honneur à ma famille, à mon père et ma mère qui m'ont transmis leur valeur et leur force. Je vous fais la promesse de vous venger.

Je hurle cette phrase alors qu'un rire à me glacer le sang se fait entendre dans mon dos. Je fais volte-face, persuadée de tomber sur Amir, mais la personne qui se trouve à quelques pas de moi est pire que lui. Je sais d'avance que les heures suivantes vont être synonymes de souffrance. Quand il va voir que mon pouvoir a déjà été partagé, que je suis marquée et que je ne lui suis plus d'aucune utilité, il va me faire souffrir avant de se débarrasser de moi.

- Gagne du temps, ne lui montre pas que tu as déjà su te transformer.

La voix de la déesse me parvient tel le lien que j'ai avec Amir. Ses paroles résonnent dans mon esprit et je sais que l'Alpha Suprême ne l'a pas entendu.

- Tente de fuir, laisse-toi attraper, aie foi en ton âme sœur Sohalia, n'oublie pas qui est ton véritable ennemi.

Ses paroles me donnent la force d'affronter ce qui va suivre. L'envie de la croire prend le pas sur la haine. Un ennemi à la fois, un problème avant l'autre et je m'en sortirais. Il ne m'abandonnera pas, je le savais déjà. Certes, pas pour les bonnes raisons, il sait qu'il a besoin de moi et il fera tout pour remettre la main sur ma personne même s'il sait qu'il n'aura pas mon pardon. Mon véritable ennemi est l'Alpha Suprême, c'est à cause de lui qu'on en est là et qu'Amir a voulu se venger de ma famille. Une fois l'un hors d'état de nuire, je pourrais me concentrer sur l'autre et être proche de lui me donnera l'avantage de pouvoir le tuer à son tour. Être stratégique, jouer à son jeu, mentir, manipuler, voilà ce qu'il faut que je fasse. Plus jamais je ne laisserais mes sentiments prendre le dessus sur mes objectifs. Amir avait compris que les sentiments étaient autant une force qu'une faiblesse, il a joué et m'a fait tomber dans son piège, il est temps de retourner la situation à mon avantage.

Je jette un dernier coup d'œil à l'alpha puis m'élance avant qu'il ait pu amorcer un pas ou une parole. Je ne mets pas toute ma force dans ma fuite ni au moment où il arrive à me rattraper. Je me débats pour la forme, mais le laisse m'emmener. J'ai peur, on ne va pas se mentir, je sais que je vais ramasser, mais si ça me permet de mettre la main sur mon deuxième ennemi alors je suis prête à prendre le risque d'avoir mal, voire mourir.

De l'autre côté de la frontière - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant