AnastasiaAnastasia n'avait jamais été une grande fan de la socialisation. Alors, quand, plusieurs semaines après la rentrée, Allison lui avait proposé d'aller à cette super soirée pleine d'étudiants, son premier réflexe avait été de dire non. Pourtant, elle était là, assise sur le lit de son amie, hésitant entre deux tenues.
« Ana, par pitié, decide-toi, geint son amie ;
- J'essaye ! Mais je sais pas ce qu'on met à ce genre de truc.
- Prend la rouge, elle ressortira bien avec tes cheveux.
- T'es sûre ?
- Oui, oui. Aller hop, va te changer. De toutes façons, quoi que tu mettes, Will n'aura d'yeux que pour toi. »Anastasia s'arrêta sur le seuil de la porte.
« Pourquoi est-ce que tu parles de Will ?
- Oh, Ana, pas à moi mon cœur.
- Bon.. ok d'accord je te l'accorde, elle soupira doucement. Mais je ne m'habille pas pour lui ! »Elle pointa un doigt accusateur vers son amie.
« Si je le fais, c'est pour moi. C'est has been de s'habiller pour un homme.
- Exactement ! Par contre, fais moi ton discours féministe révolutionnaire en enfilant ta robe s'il te plaît, on va vraiment être en retard.
- Je pensais que le retard c'était ta spécialité pourtant. »Anastasia s'engouffra rapidement dans la salle de bain en riant vivement sous le regard noir d'Allison.
Elle en sortir quelques instants plus tard, les mains tentant frénétiquement de remettre de l'ordre dans ses cheveux.« Purée ! Si tu finis pas dans le lit de Will ce soir, je te prends dans le mien !, s'exclama la jeune femme aux cheveux roses. »
Ana se contenta de lui tirer la langue, chaussures en main.
Toutes ses appréhensions étaient avérées. Il faisait trop chaud, trop sombre. Allison avait disparu depuis elle ne saurait dire quand. Elle pensait l'avoir aperçu au bras de la jolie fille de leur cours de droit international. Anastasia commençait doucement à se sentir a l'étroit dans cette pièce trop grande.
Tentant vainement de s'échapper de la foule, elle ne sentit pas le bras s'enrouler autour de ses épaules. Ce n'est qu'en sentant un souffle chaud contre son oreille que la panique finit de l'envahir.« Anastasia ! Quelle surprise de te voir ! »
William. Évidemment qu'il s'agissait de William. Qui aurait pu se permettre d'être si tactile si ce n'est William.
« Tu m'as fait peur, je pensais pas te trouver, lui dit-elle ;
- Oh mais tu sais, tu es ma lumière dans la nuit noir. Une force gravitationnelle me ramènera toujours imperceptiblement à toi, sourit-il. »Anastasia sentit ses joues se réchauffer doucement. Elle n'en laissa cependant rien paraître.
« Quel beau parleur ! Je suis sure que ça a dû fonctionner du tonnerre avec toutes les autres personnes à qui t'as pu le dire.
- Détrompe toi. Depuis le mariage, je n'ai pas réussi à te sortir de mes pensées. »Peu convaincue, elle se détacha doucement de son embrace sous le regard peiné du rouquin. Elle se perdit alors dans son regard légèrement brillant. Le visage d'Allison sembla apparaître dans son esprit, ses paroles revenant au galop. Prise d'un élan de courage, elle saisit la main de l'homme lui faisant face et l'entraîna à l'extérieur, désespérée pour un peu d'air frais.
Elle se laissa doucement glisser contre le mur et leva un regard empli d'espoir vers lui. Un rictus au coin des lèvres, il dit :« La place est prise ? »
Elle secoua la tête. Il se laissa tomber à ses côtés. Un silence confortable vint les envelopper.
Les yeux fermés, elle entendit le cliquetis d'un briquet.« Tu sais, je t'avais trouvé vachement snob, murmura-t-elle ;
- Ah oui ?, répondit-il en soufflant doucement la fumée dans la nuit noire ;
- Hum hum. Avec tes mots doux et ton costume trois pièces.
- T'en plains pas, Ellie m'aurait tué si j'avais porté moins.
- J'ai jamais dit que je m'en plaignais. »Elle le sentit saisir une de ses mèches de cheveux.
« Tu as fait quelque chose à tes cheveux, non ?
- Je les ai coupés jeudi. »Il tira quelques instants sur sa cigarette.
« Ça te va bien. »
Ses doigts frôlèrent la joue cramoisie d'Ana.
« Mon père a dit le contraire.
- L'écoute pas, c'est très joli. Tu es très jolie. »Gênée, ses doigts trouvèrent machinalement son pendentif.
« Tu veux pas ouvrir les yeux ?, demanda-t-il doucement ;
- Non, non.
- S'il te plaît. »Sa voix était demandante, presque suppliante. Anastasia ouvrit doucement les yeux, rencontrant instantanément son regard. Il portait un sentiment qu'elle n'aurait su déchiffrer.
« Tu veux savoir un truc ? »
Elle hocha la tête.
« Le lundi et le mercredi, je finis à midi.
- Mais tu..
- Et je t'attends à chaque fois, rit-il. Je t'attends à chaque fois car ce petit bout de chemin avec toi éclaircit ma journée. Tous les jours, j'attends avec impatience ces quelques minutes où je peux te parler, t'écouter, te regarder.
- Mon dieu, Will.
- Je passe sans doute pour un fou ha ha, il expira sa fumée. Mais je t'apprécie vraiment Anastasia, vraiment beaucoup. »Décontenancée, les mots ne lui venaient plus. Elle saisit sa main jouant toujours avec ses cheveux et la serra doucement, tendrement. Son regard lui criait tout ce qu'elle ne pouvait dire. Elle vit presque au ralenti le regard de William se poser sur le sien, puis sur leurs mains jointes, puis brièvement, presque trop, sur ses lèvres.
« Chaque jour, je trépigne d'impatience comme une gosse en sachant que je vais rentrer avec toi, Will. Et je prie pour que les routes soient bouchées, pour pouvoir te parler un peu plus longtemps, avoua-t-elle dans un murmure ;
- Ah oui ? Ce serait presque flippant. »Elle lui pinça la paume. Il rit. Elle déposa furtivement ses lèvres sur les siennes. Avant qu'elle n'ait le temps de se reculer, il l'embrassa de nouveau, un grand sourire au visage.
Anastasia se surprit alors à penser qu'elle aussi, elle aurait peut-être droit au bonheur finalement.
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La réussite des astres
Fiction généraleQuand deux âmes perdues se rencontrent, elles réalisent rapidement qu'elles dépendent l'une de l'autre pour s'en sortir. -il ne s'agit pas d'une romance-