chapitre vingt-cinq

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Anastasia

      Anastasia n'avait encore jamais mis les pieds chez son petit-ami. Cependant, pour fêter le début des vacances, William l'avait invité à dormir. Il était venu la chercher à six heures, osant à peine s'approcher de la porte d'entrée. Ana savait que ce manque de contact avec Evan le peinait énormément. Il avait contourné le sujet durant l'entièreté du trajet, préférant parler des dernières sorties au cinéma ou de la météo. Ils n'avaient jamais parlé de la météo tous les deux. La brune le laissait parler, passant une main rassurante sur sa cuisse.

William se gara finalement dans son garage, aux côtés de deux autres voitures dont Ana ne connaissait la marque mais pouvait très bien imaginer le prix. Il lui prit la main et l'entraîna à travers plusieurs couleurs, arrivant finalement au centre d'une pièce qui semblait être le salon. La maison était très lumineuse, le mur donnant sur le jardin étant entièrement composé de vitres. L'élément qui attira le plus l'attention de la brune fut le piano à queue qui trônait près des escaliers.

« Je savais pas que tu jouais, dit Anastasia en caressant délicatement les touches ;
- Depuis tout petit. Ma mère insiste encore pour que je lui joue un morceau tous les soirs. C'était un cadeau de mariage.
- Ta mere ? Mais je pensais que..
- Mes mamans se sont mariées peu de temps avant mon adoption. La vie en a emporté une mais a été assez clémente pour me laisser l'autre. »

Ana déposa un baiser sur son épaule en terme de réconfort. Il lui ébouriffa les cheveux en retour.

« Hop, trêve de tristesse. On a une visite à terminer. »

Il lui montra la cuisine, la salle à manger et une première salle de bain au rez-de-chaussée. A l'étage, il lui présenta les différentes chambres -celle de sa mère, celles d'amis, la sienne- ainsi que leur salle de bain attitrée. Le bureau de sa mère et l'ancien atelier de la défunte. Finalement, ils décidèrent de se poser sur le canapé pour discuter.

Anastasia était lovée contre le torse du rouquin, mains entrelacées. William traçait des formes aléatoires du bout de l'index sur la peau nue de son ventre. Elle se sentait frissonner à chaque contact. Un silence réconfortant les enveloppait doucement.

« William ? »

Il susurra un faible « hum hum ? » contre ses cheveux.

« Tu veux qu'on en parle ?
- De ?
- D'Evan. »

Sa main s'immobilisa un instant.

« Je sais que ça te touche. Je le vois bien. Mais il faut pas que t'internalises tout ça, c'est pas bon de garder autant d'émotions négatives au fond de soi.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
- Que t'as merdé. Tu le sais, je le sais, Evan le sait. Maintenant que c'est acquis, il faut que t'ailles lui parler parce qu'il est en train de se décomposer dans son lit et je déteste voir ça.
- Il voudra pas me voir.
- Qu'est-ce que t'en sais ? T'as essayé ? »

Il ne répondit pas. Anastasia soupira.

« Demain, tu rentres avec moi et vous parlez. Vous êtes trop grands pour laisser un truc pareil vous éloigner. »

La brune se défit de l'étreinte pour lui faire face. Elle posa une main délicate sur sa joue.

« Comment tu te sens ?, demanda-t-elle doucement ;
- Comme une merde. Je pensais vraiment pas à mal et.. et Evan est retombé à cause de moi et je m'en veux tellement. Je pensais pas que ça allait mener à une chose pareille. Je pensais pas que Luke allait être si con.
- C'est pour ça que c'est hyper important que vous vous parliez. Je pense qu'au fond Evan sait que tu voulais que son bien mais là il est trop aveuglé par sa douleur pour le réaliser complètement. Ça lui montrera que t'as compris que t'as fait une erreur.
- Tu penses qu'il acceptera mes excuses ?
- Oh mon William, évidemment que oui. Vous vous aimez trop pour qu'il les refuse. »

Une larme orpheline coula sur la joue de l'ainé. Ana l'essuya du pouce et lui embrassa tendrement le front.

« Est-ce qu'on irait pas faire à manger pour se changer les idées ? »

Will hocha timidement la tête, lui volant un baiser avant de partir en direction de la cuisine. Elle le suivit rapidement, découvrant la cuisine la plus complète qu'elle n'ait jamais vu.

« Assis toi, je m'occupe de tout.
- Ouf, j'aurais jamais su comment utiliser tout ça, répondit la brune en désignant tous les robots designs ;
- Ah, c'est la nouvelle passion de ma mère. Même moi je comprends pas tout.
- Où sont passés le feu et la marmite ?
- C'est une question qu'une sorcière poserait ça, c'est suspect. »

Elle lui tira la langue, il lui pinça la hanche. Hissée sur le plan de travail, il avait un accès direct à son corps.

« Qu'est-ce que tu veux dîner ?
- Surprend moi.
- Ça m'aide pas du tout ça, madame.
- C'est toi qui m'as invité, c'est à toi d'assumer. »

William sembla avoir une illumination. Il se mit soudainement au travail, volant un bisou de temps à autre. Anastasia l'observait tendrement, notant chacune de ses mimiques comme pour les apprendre par cœur. Alors qu'il goûtait ses ingrédients, elle le prit discrètement en photo.

Ils mangèrent sur l'immense table à manger, face à face, plongé l'un dans l'autre.

« Ta mère n'est pas là ?
- Elle est en France je crois. Ou en Italie. Un pays comme ça.
- C'est précis.
- Elle est jamais vraiment là. Et elle me prévient jamais trop de où elle va. Des fois je l'apprends par son assistant.
- Ça te dérange pas ?
- Avant oui. Ça fait quelques années que j'ai appris à m'en détacher. Je pense qu'elle a besoin d'être toujours en mouvement.
- Et toi ça te va de rester toujours au même endroit ?
- Je vais bouger un jour. Je sais pas encore trop quand. Mais je prévois pas de rester ici, pas toute ma vie. Et toi ?
- Je serais bien restée à Édimbourg. J'étais pas trop prête à bouger.
- Je comprends, vraiment je comprends. T'as mal vécu le déménagement ?
- J'en ai pas mal voulu à mon père. Puis quand j'ai réalisé qu'on pouvait toujours y retourner en quelques heures, j'ai appris à relativiser. Mais ouais, c'était compliqué.
- Regarde, côté positif, si t'avais pas déménagé tu m'aurais jamais rencontré.
- Et ma vie en serait mille fois plus meilleure. »

La maison se remplit du rire communicatif d'Anastasia alors que William l'attaquait de chatouilles.

La réussite des astresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant