AnastasiaAnastasia appréciait la vie. Chaque mouvement, chaque parole, ne lui demandait plus tant d'efforts. Ses pensées ne filaient plus à toute allure. Elles tournaient sans cesse autour du même point ; William. Ce nom qu'elle n'arrivait à s'ôter de la tête. Ce nom qui, à chaque mention, faisait naître ce sentiment de légèreté, ce petit picotement au bas de son ventre. Cela faisait des années qu'Ana n'avait pas ressenti ce genre de sentiments, la sensation d'avoir un béguin enfantin. Oh, et que cette sensation lui faisait du bien. Elle sortait du lit de son plein gré, n'allait plus en cours la boule au ventre. Chaque doute s'élevait à la vue du rouquin.
Chaque matin, ils se retrouvaient avant les cours, se volaient un baiser ou deux et se quittaient un sourire étincelant aux lèvres. Aujourd'hui ne dérogeait pas à la règle.Anastasia avançait tête baissée dans les immenses couloirs de l'université. Allison n'était pas là aujourd'hui, elle avait perdu tous ses repères. Elle ne connaissait personne d'autre, n'avait su se faire d'autres amis. Elle finit par atteindre la bibliothèque d'un pas précipité, prêtant peu d'attention aux élèves déjà présents. Elle prit sa place habituelle, cachée au pied d'une fenêtre donnant sur le parc. D'ici, elle apercevait les dernières feuilles sur les arbres tomber sur les derniers étudiants assez courageux pour braver le froid extérieur. Après la disparition des derniers vrais rayons de soleil, elle avait trouvé son petit havre de paix dans la section psychologie infantile de la bibliothèque.
Elle prit soin d'organiser minutieusement ses affaires sur la table, les manuels d'un côté, les cahiers de l'autre. Ses stylos alignés parfaitement par couleur. Les examens approchaient et, il fallait bien se rendre à l'évidence, elle n'était pas prête. Ça non, loin de là. Ana n'avait jamais connu d'année plus éprouvante que celle-là. Le mariage, le déménagement et le nouveau cursus n'avaient pas aidé.
Anastasia poussa un long soupir, se dégagea les yeux de ses petits cheveux et se mit au boulot. Sa bulle de concentration fut rapidement percée par un bel homme aux cheveux roux. Il prit discrètement place face à elle, ne souhaitant pas l'interrompre dans son travail. Il l'observait mordiller le bout de son crayon tout en triturant son pendentif. Il se racla légèrement la gorge pour attirer son attention.
« Oh, Will, tu m'as fait peur !, chuchota-t-elle. Ça fait longtemps que t'es là ?
- Je viens d'arriver, lui sourit-il. Je t'ai vu d'en bas et je pouvais pas m'empêcher de venir te voir. »Ana sentit ses joues se réchauffer. Elle enfonça doucement son visage dans son écharpe afin de camoufler sa gêne.
« T'es pas censé être en cours ?
- Je préfère être là, répondit-il en lui tapotant le bout du nez ;
- William !
- Anastasia ! »Il lui offrit un sourire resplendissant, empêchant toute remarque de sortir de sa bouche de façon cohérente. Oh, comme Anastasia le trouvait beau. Elle fit mine de reprendre son travail, ne lui prêtant supposément plus attention. Elle l'entendit rire puis le sentit se lever pour s'assoir à ses côtés. Malgré tous ses efforts de concentration, elle ne pouvait se concentrer sur autre chose que sur son bras reposant sur le dossier de sa chaise.
« Ça a été ta matinée ? »
Elle ne répondit pas.
« J'ai cru comprendre qu'Allison était pas là. Tu t'es pas sentie trop seule ? Je t'ai pas vu à midi. »
Anastasia fit mine de chercher quelque chose dans son manuel. Elle finit par lire une bonne dizaine de fois la même phrase quand William commença a tracer des formes incohérentes de son index sur son épaule.
« J'étais dans la salle d'art, finit-elle par avouer ;
- L'abandonnée ? Anastasia, t'aurais du m'appeler on aurait déjeuné tous les deux.
- Je t'ai vu avec, hum, Lucas je crois, et j'ai pas osé déranger.
- Luke est un grand garçon il a d'autres potes, et tu ne m'aurais pas dérangé. Jamais. »Elle leva timidement les yeux vers lui. Avec toute la volonté du monde, elle n'arrivait pas totalement à le croire.
« Il faut que je bosse, dit-elle finalement ;
- Ok, ok. Je te laisse tranquille. Mais la prochaine fois, appelle moi, d'accord ? Je suis pas juste un joli visage, aussi surprenant que ça puisse être je sais aussi faire la conversation !
- Ah ouais ? Je pensais que tu servais juste à faire des bisous de temps en temps.
- Si madame le demande. »Il l'embrassa furtivement, un sourire au coin des lèvres. Elle fronça les sourcils, regardant s'ils n'avaient pas été vus. Il lui vola un second baiser. Elle lui frappa le bras.
« William ! Pas ici, je peux pas me permettre de me faire virer de la bibliothèque, le gronda-t-elle ;
- Pardon, je peux pas résister. T'es trop mignonne et mon corps agit tout seul. »Un de plus.
« Oups, sourit-il ;
- J'ai des examens.
- Moi aussi.
- Alors au travail.
- Tu rayonnes trop pour que je puisse me concentrer. »Elle haussa un sourcil. Il lui tira légèrement les cheveux.
« J'ai vraiment du retard, souffla la brune ;
- Je vais être papa ? »Anastasia sentit la gêne l'envahir d'un coup sec. Un baiser volé au coin d'un couloir ou une main un peu trop baladeuse étaient le maximum de leurs contacts. Elle n'avait jamais été prude, loin de là, mais William l'intimidait. Ses yeux verts plein de malice l'empêchaient de penser de manière cohérente. Sa confiance en lui lui faisait presque peur.
« Oh ma Anastasia, dit le rouquin en lui pinçant la joue, promis j'arrête de t'embêter. Je vais rester dans mon coin jusqu'à ce que tu finisses, ça te va ?
- C'est vrai ce mensonge ?
- Je te jure. »Il posa la main sur son cœur et leva la main droite.
« Très bien, aller hop au travail, et pour de vrai cette fois. »
Il lui tapota la tête avant de reprendre sa place face à elle. Il commença à sortir ses affaires, tenant parole. Anastasia se replongea alors dans son travail, toute distraction oubliée. Elle levait de temps en temps le regard vers lui, mais ne trouvait qu'un William tête baissée, la main gauche grattant frénétiquement. Un sourire aux lèvres, elle attaqua son devoir de droit des contrats.
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La réussite des astres
Ficción GeneralQuand deux âmes perdues se rencontrent, elles réalisent rapidement qu'elles dépendent l'une de l'autre pour s'en sortir. -il ne s'agit pas d'une romance-