UNFAIRNESS

❄︎ 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏 ❄︎

KIRVA

France, banlieue de Paris
Matinée

Alors que j'étais en train d'écouter de la musique, Diet Mountain Dew de Lana Del Rey, le son se coupe, m'arrachant brusquement de mes pensées. J'ai rapidement compris que les filles cherchaient à me joindre. Je prends mon cellulaire en mains et appuie sur le bouton vert pour décrocher l'appel.

— Helloooooooooo !!! me salue mon amie.

— Bonjour Ama, réponds-je doucement.

A l'écran, s'affichent les deux têtes de mes meilleures amies. L'une est maquillée d'un smoky eyes, ainsi qu'un combo lèvres dont seule elle connaît le secret, et l'autre est maquillée d'un simple coup de mascara accompagné par du gloss transparent.

— Pourquoi t'as une tête d'enterrement ? me demande Raylee.

— Parce que je vois vos gueules, réplique-je.

— Ha ha ha, très drôle. Tu fais dans la comédie ?

Je tire la langue et me redresse, me positionnant plus confortablement dans mon lit. Les filles et moi nous appelons régulièrement, si ce n'est pas pour dire tous les jours. Il est important pour Amaliya de "communiquer et s'informer de l'état de l'autre" dans une amitié, ce qui se justifie bien.

— Alors ? Vous voulez quoi ? brise-je le silence.

— Pourquoi, tu faisais quelque chose d'important ? demande Amaliya.

— Non, j'écoutais de la musique...

Un silence s'abat, un silence lourd de sens, et Raylee est la première à le briser.

— Tes parents se disputent encore, c'est ça ?

— Yep, t'as tout compris, rétorque-je.

Elle acquiesce et change de sujet. La discussion s'approfondit et très vite, Amaliya se met à parler d'un sujet qui nécessitait l'approbation genre opposé au nôtre. Elle demande alors à son frère, qui débat comme si sa vie est en jeu, et elle finit par le renvoyer de sa chambre; agacée. Elle a une sacrée famille... Malgré ses nombreux problèmes avec sa mère, et son père, peu présent pour l'aider à gérer la maison. Je ne remarque même pas que la nuit est tombée, et que je devais me coucher pour me réveiller tôt demain, à cause de mon rendez-vous chez la psy. Je raccroche et essaye de m'endormir, malgré mes pensées qui se mélangent.

Quelques heures plus tard, un gros boom résonne dans toute la maison, et lorsque je me lève précipitamment pour me diriger vers le bruit alarmant, je vois ma mère en panique, arriver dans ma chambre.

Je fronce les sourcils. Mais c'est quoi ce bordel ? J'essaye de demander à ma mère ce qu'il se passe, mais pour seule réponse, elle pose son index sur mes lèvres et me fait signe de me taire. Elle me tire vers la salle de bain de ma chambre, après avoir bien fermé la porte de ma salle à coucher, et reprend son souffle.

— Écoute ma chérie, je sais que c'est difficile à comprendre, et que ça te démange de me demander ce qu'il se passe, mais là, tout de suite, il faut juste que tu ne fasses aucun bruit, et que tu restes ici. Dors si tu veux. Je- je vais rester seulement le temps que ton père se calme, me susurre-t-elle.

La confusion laisse place à la colère, et je ne peux pas m'empêcher d'insulter mon père. Putain... ça n'était pas arrivé depuis longtemps, comment se fait-il qu'il ai repris ça...

Un sentiment de peine m'envahit, et je prends instantanément ma mère dans mes bras. Je sais bien qu'elle veut pleurer, mais elle ne le fera pas. Pas devant moi en tout cas, car elle est comme ça, elle ne veut pas me montrer sa peine, pendant que la mienne s'agrandit davantage.