UNFAIRNESS

❄︎ 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔 ❄︎

KIRVA

Fin du deuxième mois de vacances

café-libraire

Assise aux côtés d'Amaliyah, je lis un nouveau livre qui est sorti récemment. Raylee n'a pas pu se présenter, étant donné qu'elle se trouve actuellement à Marrakech avec sa famille.

Ennuyée de ma lecture, je relève ma tête et observe mon amie défiler lentement les pages.

Les semaines sont vite passées, et étonnamment, ça a été plutôt agréable. Je n'ai pas recroisé Adam depuis, enfin si, mais c'était au supermarché, la semaine dernière. On s'est juste salué, rien de plus. D'ailleurs, ses comportements deviennent de plus en plus étranges. A mesure que je le croise, j'ai l'impression que quelque chose cloche.

Enfin, ce n'est qu'une impression. Du moins, je l'espère.

— A quoi penses-tu ?

Je sursaute légèrement et me concentre sur mon amie.

— Rien pourquoi ?

Elle plisse les yeux et m'observe, essayant de me déchiffrer. Amaliyah est très bonne pour lire les gens, c'est d'ailleurs pour cela que je me renferme chaque fois que je suis à ses côtés.

— Menteuse. Tu me caches quelque chose Kirva. Ton père ?

— Non, il a disparu depuis deux mois.

Je n'ai pas cherché à comprendre pourquoi d'ailleurs, j'ai très vite abandonné quand j'ai compris qu'on ne me dira rien.

— Et comment tu le prends ? Tes émotions, tes sentiments ?

— Je m'en fiche un peu, ma mère est plus douce en ce moment donc ça m'arrange.

Elle acquiesce lentement et réfléchit.

— Arrête tout de suite avec tes analyses, ça ne marche pas sur moi.

— J'aurai essayé au moins.

Je ricane et elle me suit dans mon fou rire. C'est d'ailleurs bientôt la fin des grandes vacances, dans moins de deux semaines, les cours reprennent. Avec les filles nous nous sommes inscrites dans une école à New York, et si tout se passe bien, nous devrions nous y rendre à la rentrée. J'espère sincèrement que nous serons toutes admises, je ne supporterais pas le fait qu'une seule d'entre nous soit admise, ou bien l'inverse. J'ai tellement hâte de m'enfuir de ce continent et de découvrir le monde des Américains. Eux et leurs pensées sont mille fois plus fous que nous. Nous devrions recevoir un courrier dans la semaine, et normalement, « vous êtes admise à l'école TNS » devrait être écrit dessus.

Le fait que je vais bientôt devoir quitter ma mère m'excite un peu, mais d'un autre côté j'ai peur. J'ai peur de ne plus pouvoir rentrer chez moi. J'ai peur que maman change d'avis et qu'elle ne veuille plus de moi du jour au lendemain. J'ai peur qu'il lui arrive quelque chose, j'ai peur de tout.

— Arrête de trop réfléchir Kirva, tout va bien se passer.

Je souris à ma meilleure amie et lui envoie un baiser de loin. Elle fait comme si elle l'attrapait de ses mains et le colle à son cœur. Je ricane et reprends ma lecture. Tout va bien se passer. Tout.

***

ADEN

Fin du deuxième mois de vacances

Routes de Manhattan

Entament une énième course, j'appuie comme un malade sur l'accélérateur. Je suis deuxième de la course, mais ça ne tardera pas à changer en premier. Mon adversaire est redoutable, mais pas assez pour le battre. Il appuie sur son bouton d'accélération trop tôt, alors il me suffit juste de quelques kilomètres d'espace avec l'arrivée pour appuyer sur le mien et le dépasser. Il essaye de cogner sa bagnole à la mienne mais je l'esquive de justesse et atteins l'arrivée en premier.