Prince Ascète - Tome 2 (PAUSE)

👑 CHAPITRE 5 👑

Fidèle à l'ordre qui lui fut donné, James passa le restant de son après-midi à feuilleter les pages du premier livre qu'il avait pu attraper sur la pile préparée en amont par Romain. Ce n'est qu'en parcourant les pages que le Prince devina aisément ce qui provenait de la bibliothèque royale et ce qui provenait du libraire non loin de la place centrale en ville : Le contenu était tout à fait différent. Si l'un se voulait plus subtile, plus métaphorique dans ses descriptions, l'autre fut plus imagé, plus parlant, à tel point qu'à plusieurs reprises et non sans le vouloir, James sauta du regard quelques paragraphes. Il n'était décidément pas prêt pour entrer dans ce monde-là. Toutefois, il se surprit à trouver un certain loisir récréatif dans ses lectures même si ces dernières tournaient autour de personnages féminins prit dans des dilemmes dignes des siens : Joséphine doit-elle épouser le Duc ou poursuivre ses rêves ? Ah. Quel suspense insoutenable. La part de lui-même qui savourait chaque mot comme un nouveau petit plaisir coupable en aurait presque oublié la raison qui le poussait à poursuivre son ouvrage : Comprendre le coeur d'une femme. Si toutes les héroïnes semblaient prises entre deux décisions impossibles, il n'y avait rien de plus dans ces romans aux coquettes couvertures, que de la fiction et aucune explication logique et applicable à sa propre situation. Aucun de ces livres ne lui dirait pourquoi Méryl s'en était allée ni même si elle reviendrait un jour comme aucun de ces livres ne saurait lui expliquer clairement et simplement ce qu'il avait raté.

Alors, dans un soupir lasse qui laissait apparaître les signes d'un mal de tête, James posa son troisième livre de la journée et s'en alla sur son petit balcon.

En contre bas, le centre-ville semblait être en ébullition alors que le soleil commençait progressivement à décliner. Dans quelques jours, le royaume accueillerait le festival des fleurs annonçant alors le début du printemps. Les jeunes filles célibataires se retrouveraient couronner et parer de fleurs tandis que les jeunes hommes n'auraient qu'à choisir leur fleur préférée parmi l'assemblée. Bête coutume. Comme si le choix de passer l'intégralité de sa vie pouvait se faire aussi simplement. D'ailleurs en cinq années de présence dans la capitale, jamais il n'avait été au festival et il aurait bien accusé son emploi du temps pour cela, mais la vérité était toute autre. Il avait fuit toutes festivités ou célébration de l'amour sous une quelconque forme que ce soit. C'était idiot. Sans doute aurait-il dû y aller...Mais seul ? L'aurait-elle accompagné s'il lui avait demandé alors ?

Toujours tant de questions qui n'ouvraient non pas sur des réponses, mais sur un éventail de regrets.

- Votre Altesse.

- Es-tu venu contrôler que je faisais bel et bien mes devoirs, Romain ?

- Non.

Le problème quand on fréquente quelqu'un sur le très long terme, c'est que cette personne devient pour vous presque un livre ouvert et c'était le cas de Romain. James savait à ses différentes intonations ou bien même aux différences de lueurs dans son regard quand celui-ci lui mentait, lui cachait des choses ou se préparait à dire quelque chose qu'il ne voulait pas entendre. Malheureusement, cette fois-ci fut non différente.

- Qu'y a-t-il ? demanda-t-il alors dans un soupir devinant aisément où cette question le mènerait.

- Le Roi vous réclame.

Evidemment. Cela devait finir par arriver.

Si pendant une semaine Sa Majesté s'était plus ou moins tenue à l'écart du Prince, celui-ci ne pouvait continuer à l'ignorer, d'autant plus qu'il était certain que le Roi lui mettrait la pression pour obtenir ce qu'il souhaitait plus que tout au monde actuellement : des informations sur sa fille.

- J'ai survécu à bien des choses, mais cette fois-ci, j'ai l'impression d'être un agneau s'apprêtant à se diriger vers l'abattoir.

- Vous saviez que ce moment finirait par arriver et vous devriez vous estimer heureux que Sa Majesté n'ait pas franchi ces portes. Il vous aurait probablement achevé sur votre lit de mort.