👑CHAPITRE 19👑

59 15 7
                                    

Ils s'étaient faufilés en dehors du palais au nez et à la barbe des gardes, laissant derrière eux leur identité respective. Le temps d'une journée, il n'était plus que «James» et elle n'était plus que «Myriam», deux jeunes gens sortant alors que la pluie écrasait d'ores et déjà la capitale sans pour autant empêcher le bon déroulement des festivités, car oui aujourd'hui commençait la Fête des Fleurs.

- Je vous sens crispé, Votre Altesse, fit remarquer Myriam en avançant à contre courant de la foule, Vous devriez vous détendre et profiter.

- Comment pourrais-je ? Il y a...tellement de gens !

- Vous ne le découvrez que maintenant ? s'étonna la jeune femme en continuant à zigzaguer à travers la foule.

Pour la première fois de sa vie, James se sentit idiot. Il y avait eu par le passé d'autres occasions où le Prince ressentit la même chose, mais cette fois c'était différent. Il repensait à l'ensemble de ses beaux discours, à toutes les idées qu'il s'était faites dans son coin et à toutes les rumeurs que l'on pouvait raconter et oui...Voilà encore un nouveau mur dans lequel il se heurta brutalement. Pourquoi n'était-il jamais sortis du palais auparavant ? Pourquoi n'avait-il jamais prit son courage à deux mains pour se confronter lui-même à cette réalité là ?

Parce qu'il n'avait jamais eu le temps de le faire auparavant ou tout du moins, il n'avait jamais prit ce temps.

La vie au palais avait son propre rythme, un rythme effréné où les journées paraissaient posséder plus de vingt-quatre heures. Les levés se firent tôt dans la matinée et les couchers bien trop tard dans la nuit. S'il ne passait pas sa journée assis presque cloîtré dans son propre bureau, le Prince les avaient passées en tenant compagnie au Roi. Son temps, sa vie, il les avaient données au palais, à ses affaires, à la cour et à toutes les mondanités. Néanmoins, ce n'était pas une excuse qu'il se cherchait tandis qu'il essayait de suivre Myriam partie droit devant tel un boulet de canon, naviguant entre les passants avec l'aisance d'un poisson remontant un courant sans aucune difficulté. Plutôt, il se découvrit suffisamment stupide pour comprendre que toute sa vie durant, jamais il n'avait su ou pu profiter de cette dernière tout simplement.

- C'est pour cela que j'aime tellement la capitale ! fit la jeune femme en marquant un arrêt sur une place, Il y a tant de choses à voir, à faire. Tout semble si...Vivant !

- Pourtant, vous allez prochainement hérité d'un Duché, vous ne devez pas vous ennuyer de votre côté, releva James en l'ayant rattrapée.

- Ce sont là deux choses complètement différentes. Je ne rechigne jamais devant les tâches qui sont les miennes et je suis contente de pouvoir prendre la succession de mon père et de faire honneur à son nom. Toutefois, il y a des moments où...

- Vous aimeriez être ailleurs ? Être une autre personne, n'est-ce pas ?

Ils échangèrent un regard car l'un comme l'autre savait. Mieux encore, ils comprenaient. Aucun mot, aucune image ne pourrait décrire ce sentiment commun, alors ils laissèrent place à un silence lourd de sens.

- Que penseriez-vous si je vous proposer un petit-déjeuner ? Après tout, nous avons quitté le palais comme deux voleurs et n'avons même pas eu le temps de nous mettre quelque chose sous la dent, proposa James dans un sourire amical.

- En voilà une idée lumineuse ! Mais n'oubliez pas ce que je vous ai dit hier : Je ne mange pas sans une vue exceptionnelle, lui rappela Myriam.

- Et je ne l'ai pas oublié. Venez, je connais l'endroit idéal !

- Vraiment ? Pour un prince qui ne sort jamais de sa tour, je vous trouve soudain bien entreprenant.

- Certes, mais cet endroit m'a été chaudement recommandé ! Croyez-moi, je n'en ai entendu que du bien.

Et pour un tel savoir, il fallait remercier Romain. S'il n'avait pas mené de son plein gré cette petite enquête concernant les endroits les plus favorisés par ces demoiselles et ces dames de la Cour, James n'aurait pas eu connaissance de cet endroit. Ni de n'importe quel autre endroit composant la capitale d'ailleurs !

Mais quel ne fut pas leur surprise, quand arrivés devant l'enseigne, celle-ci affichai déjà complet.

- C'est une plaisanterie, j'espère ? souffla James, penaud.

- Avec le début des festivités aujourd'hui, il ne fallait pas s'attendre à autre chose. Tous les restaurants du coin doivent avoir été prit d'assaut.

- Je présume que nous pouvons oublier l'affaire de déjeuner avec une vue.

- Cela dépend ! Nous ne sommes guère obligés de manger dans un endroit réputé pour avoir une belle vue. Venez avec moi !

Encore une fois, Myriam mena la danse comme si elle avait vécue dans la capitale toute sa vie et cela, à la grande surprise du Prince se laissant emmener. Elle passait à travers les passants avec agilité, saluant parfois quelques marchands lui proposant couronnes de fleurs, bijoux, breloques, bibelots ou étoffes. Mais rien ne l'arrêtait.

- C'est le début du festival et vous n'achetez rien ? demanda James.

- Vous attendiez-vous à ce que l'on fasse un arrêt sur chaque stand ? C'est vrai que c'est tentant, mais je me réserve ce petit plaisir pour notre après-midi. Actuellement, je suis affamée et je me contenterais bien d'un petit quelque chose à grignoter.

- Et est-ce qu'il y aurait quelque chose en particulier qui vous tenterait ?

- Pourquoi ? Iriez-vous me chercher ce que je vous demande ?

- Cela dépend...Allez vous me faire parcourir la ville à la recherche du plat le plus atypique possible ?

- J'avoue que l'idée de vous voir courir dans tous les sens est plus que tentante, mais cela serait mesquin de ma part, ricana la jeune femme, D'autant plus que cette escapade, nous devons la vivre ensemble, n'est-ce pas ?

«Ensemble» oui, voilà un mot qui lui plaisait d'entendre de plus en plus.

Prince Ascète - Tome 2 (PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant