👑 CHAPITRE 13 👑

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Confortablement installé dans l'un des plus grands et des plus beaux salon du palais, le Prince et ses invités étaient restés dans un silence quasi religieux en attendant que les domestiques aient terminés de les servir. Thé, petits gâteaux, tout avait été fait avec la plus grande des minuties pour qu'aucun incident ne puisse naître pendant cette discussion qui se voulait informelle mais qui peinait grandement à l'être.

Jamais était un politicien plus qu'un diplomate, il savait se battre contre les attaques de la Cour, il savait contré les demandes difficiles voir impossibles des partisans du Roi et, entre toute autre chose, il aimait avoir la main mise sur les affaires du Palais. Néanmoins, le Prince, dans toute sa jeunesse et son inexpérience, ne savait pas tenir une conversation sans que celle-ci ne finisse en drame ou en malentendu. Par conséquent, il était loin d'être le plus à l'aise du trio et son malaise s'affichait avec fierté sur son front qui perlait. A cet instant, il regrettait Méryl et sa verve. Méryl et ses discussions. Méryl et sa facilité déconcertante pour rentrer dans le vif du sujet. C'était elle l'élément sociable de leur couple.

- Sa Majesté ne nous rejoint-elle pas ? s'inquiéta le Duc.

- Je crains que celle-ci est fort à faire, malheureusement. Mais je ne doute point que si l'occasion lui était donné, elle nous rejoindrait volontiers, répondit le Prince en s'armant de sa tasse de thé, cherchant à s'y noyer.

- Je vois, je vois.

Des heures d'entraînement ou des semaines de cours et de tutorat sur les bonnes manières, le respect du protocole royal ou bien même la vie à la Cour n'auraient donc pas suffit à le préparer à tout cela. Que dire ? Comment le dire ? Pouvait-il simplement glisser le fait qu'il avait invité le Duc uniquement dans l'espoir de se rapprocher de sa fille, qui jusqu'à présent, avait fait vœu de silence. C'était à peine si elle osait le regarder, à peine si son regard s'arrêtait sur lui. Dans ses souvenirs, Myriam n'était guère aussi timide. Aussi réservée.

- J'ai ouïe dire que la Princesse Méryl avait disparue, relança le Duc, Cela est une nouvelle dès plus affolante. Comment vivez-vous la chose ?

Même avec tous les efforts du monde, il était quasiment impossible d'empêcher les rumeurs de sortir de l'enceinte du palais. Chacun et chacune devait avoir son petit espion, son petit informateur placé ici et là dans l'enceinte. Le Duc, comme tous les gens de sa position et ayant le même pouvoir, devait lui aussi avoir ses yeux et ses oreilles. Quoi de plus normal ? Toutefois, comment pouvait-il lui dire ? Personne ne devait savoir la vérité concernant Méryl, personne. Pas même un ami de son père.

- Comme beaucoup de personnes ici, je suis encore sous le choc, mais j'essaye tant bien que mal de ne pas me laisser abattre. Comprenez-le bien, j'ai l'avenir du palais sur les épaules et je ne saurai manquer à mon devoir en tant que Prince, mais aussi en tant que futur monarque.

Le Duc sourit et James comprit alors qu'il venait de faire une erreur.

- Je constate que vous avez hérité de l'orgueil de votre père. Pensez-vous un instant que le Roi va vous garder comme possible héritier alors que sa fille aînée est dans la nature ? C'est mal connaître la famille Valentenzia.

Ainsi donc, les hostilités étaient lancés. Il aurait fallu être né idiot pour penser un seul instant que le Duc Niver n'aborderait pas le sujet ni ne se montrait franc à son propos. Celui-ci était connu pour être régulièrement en profond désaccord avec la politique du Palais, certaines rumeurs à son sujet le disait même contre la famille royale.

- Vous ne perdez donc pas votre temps en qui concerne d'exprimer votre opinion, Duc.

- Soyons honnêtes, Votre Altesse, je ne suis pas un homme né de la dernière pluie contrairement à ce que vous pouvez penser ou imaginer de moi. Quand une invitation vient directement du Palais et que celle-ci est signée de la main du jeune Prince que tout le monde dit aux abois, je ne peux que me questionner. Vous ne cherchez pas véritablement à consolider votre pouvoir au sein du palais car si cela avait été le cas, vous m'auriez fait venir seul ou, au mieux, vous seriez venu avec un prétexte jusqu'à moi. Or là, vous m'avez invité en me demandant d'amener ma fille donc je devine aisément quels sont vos desseins. Maintenant je suis venu, en personne, car une question me taraude l'esprit : Qu'essayez-vous réellement de faire, Votre Altesse ?

Prince Ascète - Tome 2 (PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant