Prince Ascète - Tome 2 (PAUSE)

👑CHAPITRE 18👑

James s'était levé tôt. Sans doute trop tôt d'ailleurs. Mais les habitudes avaient la vie dure et il avait préservé celle-ci depuis cinq années maintenant. Il ne saurait dire l'heure, se refusant de jeter un œil à l'imposante horloge trônant au mur juste derrière lui, mais il savait qu'il était l'heure pour les domestiques d'échanger de place. Ceux ayant travaillés toute la nuit iraient se coucher et ceux qui dormaient se lever, prenant progressivement place dans leur rôle respectif. La patrouille des gardes royaux fut relevée tandis que d'autres soldats s'arrêtèrent devant chaque entrée menant au palais. Le tout, savamment dosé dans le plus grand des silences car en principe, à cette heure-ci, le Palais dormait. Les nobles de la cour du Roi ne se réveilleront pas avant trois bonnes heures et sans doute que cela laissait suffisamment de temps à la météo pour s'annoncer davantage plus clémente car il fallait bien l'avouer : la nuit ne semblait pas vouloir se dissiper.

Une épaisse couche nuageuse s'était étalée sur la capitale et l'orage à présent menaçait de frapper à tout moment, compromettant alors tous les plans du Prince qui, pour une fois, avait presque décidé de déjeuner à l'extérieur.

- Comme d'habitude, vous voilà déjà levé, Votre Altesse, constata Romain en entrant dans la chambre, Je présume que la nuit fut de courte durée.

- Je n'ai pas vraiment...trouvé le sommeil, hésita-t-il à lui répondre, J'en ai donc profité pour mettre de l'ordre dans les affaires en cours, faute de pouvoir mettre de l'ordre dans mes pensées. Tout est sur mon bureau, tu pourras t'en occuper.

- Souhaitez-vous que j'informe le chef que vous mangerez dans vos appartements ou allez-vous descendre dans le salon ?

- Je ne sais pas encore, je n'ai guère d'appétit pour le moment. Je vais donc opter pour une promenade. Ne me suis pas.

Toute la nuit durant, il y avait pensé. A cette nuit-là. A Lola. A Romain. Et dans de rares moments de paix et de tranquillité, à Méryl. Elle aurait adoré ce temps-là, orageux. Méryl, à l'instar des escargots, adorait les temps de pluie où elle en profitait toujours pour gambader dans les jardins avant de revenir recouverte de boue, trempée jusqu'aux orteils et causant ainsi bien des migraines à ses femmes de chambre qui venaient à peine de lui faire sa toilette. Elle aimait courir dans les grandes allées, rire aux éclats sous les divers coups de tonnerre comme si ceux-ci servaient d'excuse afin que personne ne l'entende. Elle aimait profiter d'une journée désastreuse pour en faire une journée heureuse et tout cela, James le savait car pendant cinq années, il l'avait observé. A chacun de ses levés, il se chaussa, vêtit tantôt un manteau, tantôt une simple veste et partait à sa rencontre sans vraiment l'approcher. Il se contentait de l'observer, de loin, l'épiant sous toutes les coutures en se demandant lequel des deux finiraient par tomber malade le premier.

Malheureusement, les rhumes furent toujours de bons amis pour lui mais rarement pour elle.

Encore une fois, il se surprit à prendre la direction des jardins, marchant néanmoins sous les toits couverts des différents couloirs extérieurs afin d'être certain de ne pas être touché par ne serait-ce qu'une seule goutte d'eau.

C'est là qu'il l'aperçue.

Assise, recroquevillée sur elle-même, les genoux sous son menton, le bras tendu vers les gouttes s'écrasant contre la paume de sa main. Pendant un bref instant, il cru en l'apparition d'un fantôme, voir même peut-être, d'une hallucination et pourtant, c'est quand elle détourna le regard sur lui qu'il réalisa qu'il n'y avait pas plus réelle comme vision que celle-ci. Elle semblait surprise, mais il devait l'être davantage car jusqu'à présent, personne ne devait se trouver ici.

- Votre Altesse.

Malgré la finesse du châle qu'elle portait sur ses épaules, laissant clairement apparaître le fait qu'elle n'était vêtue que d'une simple chemise de nuit, Myriam n'en oubliait pas les convenances et le salua la première en se relevant si brusquement que James fut persuadé qu'il venait de la déranger.