Alors que le ciel s'était couvert en début de matinée, le Palais avait gagné une excitation nouvelle, loin des événements plus sombres de ces derniers jours. La cause d'un tel remu ménage ? L'arrivée soudaine du Duc Niver accompagné de sa fille aînée, Myriam. Tout le monde n'avait que ce sujet de conversation-là et bien que les domestiques s'étaient d'ores et déjà empressés de spéculer sachant que l'invitation provenait non pas du Roi lui-même, ce qui aurait pu paraître logique, mais du Prince en personne. Certains pensaient que ça y est, celui-ci s'était décidé à se trouver une nouvelle épouse, d'autres attendaient de voir ce que cette rencontre pourrait donner et surtout ce qui en découlerait, car oui, quoi qu'il puisse advenir sur les prochains jours, quelque chose finirait bel et bien par arriver. Le jeune Prince abandonné allait-il s'enticher d'une nouvelle jeune femme ou bien y'avait-il là autre chose de dissimuler ? Allez savoir, mais James avait au moins ce qu'il désirait obtenir : Toute l'attention de la Cour et plus encore.
- Vous devriez vous détendre, je vous sens un petit peu...lança Romain en le voyant s'agiter en haut des escaliers, attendant que le carrosse du Duc se gare devant ces derniers.
- Si tu dis une seule fois le mot «tendu», je jure solennellement de faire en sorte que tu n'es plus de congés sur l'année.
- J'allais dire crispé, mais nous n'allons pas chipoter sur les mots, vous et moi. Souriez donc ! Vous êtes mille fois plus beau quand vous souriez et toutes les jeunes filles aiment les princes souriants.
- Quelle tête penses-tu que je fais présentement ? pesta le Prince.
- La même qu'un condamné à mort ? Ce n'est pourtant pas une souffrance que de se recevoir une jeune femme si réputée. Et puis c'était, si mes souvenirs sont bons, votre idée.
- Merci de me rappeler à mon bon souvenir ô combien je peux être parfois idiot, Romain. C'est fort aimable de ta part.
- Je ne disais pas cela pour que vous vous renfrognez davantage, Votre Altesse. Je dis simplement que vous avez enfin alignés les pions que vous souhaitiez sur votre échiquier...Il n'en vient qu'à vous, à présent, de les faire avancer. Toute la Cour vous regarde et plus d'une personne va très certainement convoiter votre compagnie. Voilà un moment idéal pour détourner l'attention de certains pour, eh bien disons, faire ce que vous voulez faire.
Certes, cela était grossièrement dit, mais Romain n'avait pas tort sur le fond du sujet. Ce n'était ni plus ni moins qu'une distraction. Une vulgaire distraction. Aussi bien à servir à la Cour du Roi qu'à tous ceux et celles devenus un petit peu trop curieux depuis que la Princesse était partie. Or, personne à la Cour ne sait que Méryl était partie de son plein gré, bien que beaucoup le soupçonne très largement, pour la majorité, celle-ci s'était tout simplement volatilisée. Comme si cela était possible ! Une princesse, l'unique héritière légitime du trône, volatilisée ? Quand bien même cela aurait pu être le cas, peu de gens semblent la rechercher. Bien au contraire. Certains voulaient la retrouver mais uniquement pour découvrir avec quels secrets cette dernière avait bien pu s'échapper de sa petite cage dorée.
- Tout ceci m'agace fortement, je ne peux demeurer tranquille, siffla James.
- Avec un petit peu de chance, la douce compagnie que vous vous apprêtez à recevoir vous permettra de vous détendre un petit peu.
- Si je ne te connaissais pas aussi bien, je pourrais presque croire que tu es heureux.
- Oh, mais je le suis, mon Prince, je le suis. Vous n'avez pas idées ô combien tout ceci m'enchante au plus haut point !
Difficile de ne pas le remarquer. Romain n'avait eu de cesse que d'afficher un sourire radieux malgré les préparatifs chargés et le temps épouvantable s'annonçant pour la journée. Comment ne pouvait-il pas être heureux ? Une jeune femme allait se présenter devant son maître, son ami, et peut-être même réussir à le séduire ? Non pas qu'il ait une dent particulière contre Son Altesse Royale, mais la Princesse était partie, c'était un fait. Un fait qu'il avait très largement accepté. Elle était partie, la place était donc vacante.
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Prince Ascète - Tome 2 (PAUSE)
FantasíaS'il a vécu pendant cinq ans dans l'ombre de celle que l'on dénommait la «Princesse Casanova», James se retrouve présentement plus seul que jamais au sein de l'endroit le plus dangereux du royaume : Le palais royal. Mensonges, tromperies, complots e...