Myriam décida qu'il fallait absolument et incontestablement faire le tour de chaque stand se trouvant sur son chemin. Elle s'y arrêtait, s'y attardait, regardait, observait, prit le temps d'échanger avec tous les artisans et vendeurs - pour son plus grand bonheur - croisant ne serait-ce que son regard espiègle tandis que de temps à autre, entre deux arrêts, elle jeta un coup d'oeil à son accompagnateur.
- Vous savez que le principe d'un festival est tout de même de s'amuser, lui rappela-t-elle en le voyant bougonner dans son coin.
- Je ne vois pas ce qu'il y a d'amusants à regarder chaque...babioles.
- Pour vous ce ne sont peut-être que des babioles, Votre Altesse, mais pour ces gens, ces petites choses sont potentiellement leur seul moyen de survie. Le royaume n'est pas en crise, mais tout le monde ne gagne pas «bien» sa vie et certaines personnes profitent alors d'occasion comme celle-ci pour arrondir leur fin de mois. C'est de la connaissance basique.
- Et vous pensez que je suis ignorant de cela ?
- Je dis simplement que vous pourriez paraître plus intéressé. Vous n'imaginez certainement pas l'influence que vous pouvez avoir. Le Prince achetant un bracelet ou ne serait-ce qu'une petite boîte à telle étale ? Mon dieu ! Vite, tout le monde se précipite.
- Vous plaisantez, j'espère ? soupira James.
- Regardez bien mon visage et dites-moi si j'ai l'air de plaisanter selon vous. Toutefois, si vous ne me croyez pas sur parole, je peux vous en faire la démonstration.
- Allez-y, crier sur tous les toits que des nobles sont, sans accompagnement, présents au beau milieu du centre-ville et je ne donne pas cher de notre peau.
- J'oubliais... Vous êtes nul avec une épée, lui reprocha-t-elle.
- Même avec un couteau à beurre, je me blesse.
Ils échangèrent un regard complice avant de sourire, amusés. Puis, Myriam passa à l'étale suivante, toujours fidèlement suivie.
- Je suis sérieuse. Vous n'en avez peut-être pas l'impression, mais vous pouvez réellement changer la vie de ces gens. Pourquoi ne le faites-vous pas ?
- Honnêtement ? Je n'en sais trop rien. Je présume qu'à force de vivre enfermé dans le palais, j'ai perdu l'habitude de connaître... la vie. Après tout, je ne visite que rarement les quatre coins du royaume alors que je suis le Prince.
- Vous ne sortez jamais ? Jamais, jamais ?
- Je n'ai pas dit «jamais», j'ai dit «rarement».
- Pourquoi ? l'interrogea Myriam en marquant un arrêt.
- Parce que les affaires urgentes au palais me prennent tout mon temps et je n'ai pas une minute à moi. Je ne peux me permettre de sortir à ma guise et de faire n'importe quoi, lança James comme si c'était une évidence même.
- Pourtant, n'êtes-vous pas en dehors du palais présentement ? N'avez-vous pas pris ce temps là ?
Il y avait tout de même quelque chose de fortement agaçant chez cette jeune dame et ce fut sa façon de pointer très justement les choses. Comme si pour Myriam, tout était une évidence même.
- J'ai effectivement pris ce temps-là, mais je l'ai pris pour une bonne raison.
- Et puis-je savoir laquelle est-ce si ce n'est pas trop indiscret ?
- Je l'ai pris pour être avec vous. En votre compagnie.
Alors la demoiselle s'arrêta au milieu de la route pavée sur laquelle ils se trouvaient et se retourna vivement vers le Prince resté très neutre.
VOUS LISEZ
Prince Ascète - Tome 2 (PAUSE)
FantasíaS'il a vécu pendant cinq ans dans l'ombre de celle que l'on dénommait la «Princesse Casanova», James se retrouve présentement plus seul que jamais au sein de l'endroit le plus dangereux du royaume : Le palais royal. Mensonges, tromperies, complots e...