Chapitre 1

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CHLOÉ

L'annonce de mes parents est injuste, méchante et sans aucun fondement. J'ai eu des nausées durant tout le trajet de retour. Sans un regard pour mes parents, je me précipite dans ma chambre pour appeler Léa et Adeline, mes deux meilleures amies. J'ai besoin de leur parler. Je sais qu'elles seront là pour me défendre et que la décision de mes parents les rendra aussi tristes que moi. Je pousse un soupir de soulagement quand leurs visages apparaissent sur l'écran de mon téléphone. Adeline et Léa sont toutes les deux jolies. Léa, avec son visage en coeur encadré par des cheveux noirs coupés au carré et Adeline avec ses fossettes et sa frange qui la font toujours ressembler à une petite fille. J'ai toujours été fière de les avoir comme amies. Tout le monde n'a pas la chance de trouver des copines qui ont les mêmes centres d'intérêts et la même façon de penser qu'eux ! Avec Adeline et Léa, je peux parler de tout, elles sont toujours prêtes à m'aider.

- Quoi ?! S'écrie Adeline de l'autre côté du téléphone. Mais comment tu vas faire ? C'est juste impossible ! J'ai déjà vu des étudiants en fac, ils ne pensent qu'à boire et fumer. Tu ne vas pas commencer à fumer dis-moi ?

- Mais enfin Adeline ! C'est n'importe quoi ce que tu racontes ! Tu crois vraiment que c'est comme ça que tu vas rassurer Chloé ? Grommelle Léa. Chloé, tu es majeure, tu peux refuser, tu as le droit de faire ce que tu veux, peu importe ce qu'en pensent tes parents

- Je sais... mais je suis coincée... Ce sont mes parents qui me donnent leur argent, je n'ai rien sinon. Si je décide de ne pas les écouter, ils ne me laisseront pas rester à la maison sans rien faire. Je n'ai pas le choix.

- Tout ça à cause d'une bosse sur la tête de Thérésa... soupire Adeline. Franchement, elle était totalement nulle. Je ne peux pas comprendre que tes parents s'intéressent autant à ces gens pauvres. Crie Léa, horrifiée par cette nouvelle.

- Ils ne s'y intéressent pas vraiment. Je grimace à mon tour. C'est plus une question d'image de la famille. Ils ne veulent pas qu'on commence à penser qu'ils ont une fille snob.

Je ferme les yeux et soupire de soulagement. Au moins, Adeline et Léa me comprenent et compatissent à mon malheur. Nous avons toujours été proches toutes les trois. Nous nous retrouvons tous les week-ends depuis des années. Bien entendu, je suis la meneuse du groupe, celle autour de qui les deux autres gravitent. Léa et Adeline ne sont rien sans moi. Elles me demandent des conseils à longueur de journée sur leur manière de s'habiller, sur leurs fréquentations. Plus qu'une amie, je suis une référence pour elles.

La discussion se poursuit longtemps entre les filles et moi. Je leur promets de tout faire pour écourter mon séjour à l'université et de les voir le plus souvent possible. Je raccroche au bout de deux heures d'appel, enfonce ma tête dans l'oreiller et hurle jusqu'à m'en faire mal à la gorge.

Le lendemain, je me lève tard, comme tous les jours. J'aime prendre mon temps le matin. Mon cerveau met quelques secondes à me rappeler les événements de la veille. Je sens des larmes couler sur mes joues sans pouvoir les retenir. Je ne veux pas aller à l'université, je ne veux pas changer de vie. Même si je dois passer pour une fille parfaite aux yeux de mes parents et accepter tout ce qu'ils me demandent, j'arriverai à leur faire changer d'avis.

Je m'habille tout en échafaudant un plan pour garder ma vie telle qu'elle est. Une fois maquillée, je descends dans la cuisine et passe devant le bureau de mes parents. Eux aussi, ils travaillent depuis la maison, et personne ne les oblige à sortir d'ici ! J'essaie de me composer un visage souriant avant de leur dire :

- Bonjour papa, bonjour maman ! Je ne déjeunerai pas avec vous aujourd'hui, je vais rejoindre Adeline et Léa. Mais, avant, je vais passer à l'hôpital pour voir Thérésa.

Petite fille trop gâtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant