Chapitre 18

12 1 0
                                    

CHLOÉ

J'en ai par-dessus la tête des dissertations et des commentaires de documents à rendre. C'est toujours la même chose ! Des heures passées devant mon ordinateur ou la tête plongée dans des livres pour écrire trois phrases hors-sujet. Je n'ai pas cours de la journée mais je suis obligée de réviser si je veux être au point pour les partiels. Pour couronner le tout, Mme Dubreuil, la gérante de chez Tracy's, m'a demandé de faire des heures supplémentaires.

« Tu comprends, on arrive à l'une des périodes les plus chargées de l'année. » m'avait-elle dit pour se justifier. Ma période à moi aussi est déjà bien chargée !

Je bougonne en me rendant au travail. Mon humeur ne s'améliore pas une fois entrée dans la boutique.

- Chloé, il y a un monde fou aujourd'hui. Heureusement que tu as accepté de m'aider. me dit madame Dubreuil, qui était devenue bien plus familière avec moi depuis que je suis son employée.

J'ai toujours du mal à accepter ce tutoiement non justifié. Ma fierté en prend un coup à chaque fois. Je passe mon badge autour du cou en me glissant derrière le comptoir.

Madame Dubreuil n'a pas menti, je n'ai jamais vu autant de monde dans la boutique. D'une démarche trainante, je m'approche d'une dame, la cinquantaine, les cheveux grisonnants par endroits, malgré une couleur qui tire sur le violet. Son visage est fermé. Mauvaise pioche, je sens que cette cliente va m'en faire voir de toutes les couleurs avant de se décider.

- Bonjour madame, puis-je vous aider ? Je lance avec un sourire.

- Oui, ce serait bien ma mignonne. Ça fait plus de cinq minutes que j'attends qu'on me conseille sur un pantalon.

- Dites-moi tout. Dis-je en serrant les dents.

- J'ai besoin d'un nouveau pantalon à pince, mais j'aimerais une couleur un peu spéciale, une couleur qui se démarque.

- Bien-sûr, nous allons regarder ensemble.

J'aime me balader dans la boutique, conseiller les clientes... mais, aujourd'hui, cette dame me donne du fil à retordre, elle refuse tout ce que je lui montre.

« Non, pas celui-là, il est beaucoup trop classique à mon goût. »

« Vous pensez que j'ai vingt ans pour me proposer un accoutrement pareil ? »

« Je vous ai demandé un pantalon qui se démarque ! Celui-ci est aussi banal que tous les autres ! »

Finalement, après avoir fait plusieurs fois le tour de la boutique et présenté la quasi totalité des pantalons disponibles, je finis par lâcher l'affaire.

- Je suis désolée, madame, mais je crois que je vous ai proposé tout ce que nous avions en pantalon selon vos critères.

La dame ne m'écoute plus, elle est en train de sortir un pantalon vert émeraude d'un portant et le tient devant elle.

- Celui-là me plait beaucoup. Glousse-t-elle.

- Parfait. Je réponds en masquant une grimace.

Ce pantalon est horriblement large et la couleur n'arrange rien. Nous sommes passées devant plusieurs fois mais je n'avais pas voulu le présenter à ma cliente. Je prends la référence du vêtement et vais chercher la taille demandée par la dame. Allez, plus que l'épreuve de l'essayage et cette vieille bique me laissera enfin tranquille.

Une fois dans la cabine, la dame prend tout son temps pour se changer. Je vois les clients continuer à affluer. Si elle ne se dépêche pas, je vais devoir l'abandonner avec son pantalon vert. Je reste près de la cabine d'essayage, essayant de comprendre pourquoi le fait de mettre un simple pantalon prend autant de temps à cette vieille folle. Quand elle sort enfin, je retiens un mouvement de recul. Je ne comprends pas par quel tour de magie elle a réussi à enfiler ce pantalon. Le tissu est tellement tendu qu'il menace d'exploser au niveau des cuisses et des fesses. Il lui faut au moins deux tailles au-dessus... et encore ! Ma cliente se regarde sous toutes les coutures sans s'apercevoir que ces dernières sont prêtes à lâcher. Elle regarde surtout son fessier proéminent, caressant le tissu satiné.

Petite fille trop gâtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant