Petite fille trop gâtée

Chapitre 3

CHLOÉ

Stupide réunion de rentrée ! J'ai calculé, puisque la réunion commence à 10h00 précises, je n'ai pas d'autre choix que de me lever aux aurores, à 7h30. J'ai besoin de temps pour me préparer à rencontrer mes nouveaux camarades. Je veux leur montrer à quel point je ne suis pas comme eux. Moi, je n'ai pas besoin de suivre des cours pour être cultivée, je n'ai même pas besoin de diplôme pour être reconnue dans mon monde. Ma stratégie est de montrer ma supériorité immédiatement. Des frissons me parcourent à chaque fois que je pense que je vais être cataloguée comme eux. Je choisis mes vêtements avec soin : chemisier blanc en dentelle et jupe crayon, sans oublier mes formidables talons sans lesquels je me sens trop petite. Je sors ma Mini Cooper du garage de ville que mes parents louent près de l'appartement et prends le chemin de l'université. Pas besoin de GPS, je connais Avignon par coeur. À peine arrivée devant la fac, je grommelle, impossible de trouver une place à côté du campus. Les quelques places existantes sont déjà prises. Je n'ai pas d'autres choix que de sortir des remparts pour me garer au parking des Italiens. Je déteste ce grand parking ! Je tourne quelques minutes avant de trouver une place où ma voiture sera à l'abri des coups de porte des autres.

Je regarde l'heure, il est déjà 9h45. Je soupire, je n'ai même pas le temps de retoucher mon maquillage. Je cours presque dans les rues d'Avignon pour arriver devant le campus. Je remarque vite que l'ambiance est assez spéciale ici. J'entends, depuis l'extérieur, de la musique et plusieurs voix qui chantent. Enfin, si on peut appeler ça chanter... J'avance prudemment, restant à bonne distance de l'attroupement formé dans un coin du campus. Il y a effectivement des « chanteurs », ou des rappeurs plutôt, qui sont acclamés par la foule à chaque rime. Alors c'est ça la fac ? Du bazar partout dès le premier jour ? Je détourne mon regard de l'attroupement pour chercher ma salle.

L'université d'Avignon est immense, il y a des étudiants partout. Je n'ai aucune idée de l'endroit où je dois me rendre et rien qu'à l'idée de devoir demander mon chemin... Je n'ose y penser. Enfin, je reconnais le nom inscrit sur le fronton d'une porte et m'y engouffre. La réunion commence dans moins de cinq minutes. J'ouvre la porte en essayant de reprendre le contrôle de ma respiration et entre. Aucun professeur n'a encore pris place sur l'estrade. Mes talons claquent sur le parquet verni tandis que je descends les marches de l'amphithéâtre à la recherche d'une place. Plusieurs têtes se tournent vers moi. Ils n'ont jamais vu une femme porter des talons ou quoi ? Il ne reste des places que dans les trois premiers rangs... moi qui espérais pouvoir me placer au fond de la salle pour me faire oublier !

Une fois assise le plus loin possible des autres, je profite de l'attente pour regarder les étudiants autour de moi. Certains sont assis seuls, les yeux rivés sur l'écran de leur portable, mais la plupart sont en groupe. Ils doivent se connaitre depuis la première année de licence, il n'y a que moi pour arriver en plein milieu d'un cursus. Mais je sais me faire des amis, je ne me fait aucun souci pour ça. Aucun étudiant n'a vraiment fait d'effort vestimentaire pour la rentrée. Ils sont tous en jeans et t-shirt. Pourquoi ne font-ils même pas d'effort pour ce jour si particulier ? J'ai passé des heures à imaginer ma tenue dans ma tête !

Je devrais commencer par faire un tri dans ces étudiants pour savoir lesquels seront intéressants à fréquenter. Je dirige mon regard vers le premier groupe à gauche : non, sûrement pas ! C'est un groupe d'étudiants habillés de noir, tatouages et piercing apparents... Je déteste ce genre d'extravagances !

Continuons... Un autre groupe d'étudiants à quelques rangées de moi. Raté. Ce sont des étudiants à l'allure de gamins, boutonneux, lunettes vissées sur le nez. Ils discutent déjà des cours. Quel ennui !

Mon regard se pose sur quelques filles dans la salle qui semblent simples, mais sympas. Peut-être que j'ai une chance de ne pas finir seule cette année. Je poursuis mon inspection jusqu'à ce que je repère un garçon au milieu d'un groupe d'amis, assis au fond de la salle. Son groupe est l'un des plus animés de l'amphithéâtre, ils rigolent sans arrêt. Je suis sûre de l'avoir déjà vu quelque part. Il est pas mal du tout pour un étudiant, habillé simplement mais beau. J'ai toutes les peines du monde à détacher mon regard de lui, je veux me rappeler où je l'ai déjà vu. Il est vêtu d'un sweat noir et d'un jeans, ses cheveux bruns ondulent légèrement sur le dessus de sa tête et une fossette se dessine sur sa joue à chacun de ses sourires.