Chapitre 23

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NATHAN

Plus que quelques mots, et ce sera terminé, je n'aurai plus qu'à me relire. Punaise, j'aime mes études, mais qu'est-ce que ça fait du bien d'arriver au bout des partiels ! Je pose le point final sur ma copie d'histoire moderne. En quatre heures, j'ai eu du mal à trouver assez de temps pour tout dire. Le sujet portait sur les guerres de Religions en Europe au XVIe siècle, sur les causes, les événements et les conséquences. Le sujet est bien trop vaste pour être traité en seulement quatre heures, j'ai dû me faire violence pour réduire au maximum ce que je voulais dire. Mais voilà, on y est, j'ai écrit tout ce qui me paraissait important. Je me relis lentement, essayant de corriger toutes mes fautes d'orthographe. Il y a en forcément à la fin d'un partiel. Une fois ma relecture terminée, je m'étire et fais craquer mes articulations. J'ai envie de bouger après être resté assis pendant presque une semaine. Les partiels sont un moment éprouvant, autant mentalement que physiquement. J'observe mes amis assis aux quatre coins de la salle. Nous avons décidé, depuis la première année, de ne pas nous mettre à côté pour les examens. La tentation de discuter est trop grande, surtout quand on se retrouve à côté de Jordan. Et puis, aucun de mes potes ne veut se retrouver à côté de moi, ils disent que je leur mets la pression en écrivant trop.

Apparemment, Jordan est déjà sorti. Tous les autres sont encore là. Je cherche la seule personne qui a réussi à détourner mon attention des révisions cette semaine. Chloé est presque allongée sur sa table, ses cheveux relevés dans un chignon qui ne ressemble plus à grand chose. Je l'observe se redresser tout en continuant à écrire, les lèvres pincées. Nous avons passé la semaine de révisions ensemble avec les potes. Je ne savais pas que Chloé pouvait stresser pour quelque chose. Apparemment, le fait d'avoir des mauvaises notes lui semblait impossible. Alors on a travaillé tous ensemble et, pour la première fois, elle a accepté mon aide en histoire médiévale. Ça n'a pas duré longtemps mais elle m'a laissé lui expliquer la généalogie des Capétiens à laquelle elle ne comprenait rien. Elle m'a remercié par un sourire et j'ai cru que j'allais fondre devant elle. Depuis que j'ai déposé mon mot dans son sac à main, je cherche un indice pour savoir si elle l'a lu. Si c'est le cas, elle ne laisse rien paraitre. Je ne pense même pas qu'elle en a parlé aux filles. Mike aurait forcément eu l'info par Sabrina si c'était le cas. Chloé a semblé très intéressée par mes notes hier, je me demande si elle n'essayait pas de comparer mon écriture et celle du papier. Elle est douée mais, si elle a compris que le mot venait de moi, elle ne m'en a pas parlé, et c'est aussi bien comme ça, j'ai trop de choses à gérer en ce moment.

Maintenant que les partiels sont terminés, j'ai presque envie d'aller lui parler, d'essayer de trouver les mots face à elle pour lui dire ce que je ressens, mais c'est sûrement trop tôt. Je me contente donc de l'observer. Son poignet se déplace vite sur la feuille. Elle jette des coups d'oeil sur la grande horloge murale et se pince le nez. Il ne reste que dix minutes quand elle commence à se relire. Je m'arrache à sa contemplation pour aller déposer ma feuille sur l'estrade. Je donne ma copie au surveillant et émarge à côté de mon nom.

Je quitte l'estrade, soulagé d'en avoir terminé avec ces partiels. En m'approchant de la rangée où est assise Chloé, je lève les yeux pour vérifier ce qu'elle fait. Elle est en train de me regarder. Mon coeur fait un bond dans ma poitrine quand nos yeux se rencontrent brièvement. Elle se concentre à nouveau sur sa copie et ne remarque ni mes joues devenues rouges, ni le sourire qui ne quitte plus mon visage.

Petite fille trop gâtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant