Chapitre 6

13 1 0
                                    

NATHAN

Non mais quelle peste celle-là ! Dès la première fois où je l'ai vue, j'ai compris qui elle était : une gosse de riches qui se croit supérieure aux autres et qui pense que ceux qui n'ont pas sa chance sont des moins que rien. Enfin, pour être tout à fait honnête, je n'ai pas compris tout de suite qui elle était. Quand je l'ai vue la première fois, elle était une simple festivalière qui regardait notre spectacle. Ses yeux pétillaient, je n'avais vu qu'eux... avant de remarquer la beauté de Chloé.

Elle était belle, impossible de penser autrement. Elle avait tout pour elle. Parmi tous les touristes, elle rayonnait. Pourtant, dès l'instant où elle a ouvert la bouche pour me balancer ma pauvreté à la figure, elle est devenue terriblement laide. Je n'avais jamais senti une telle haine de la part d'une personne que je ne connaissais pas. Je ne comprends pas ce qu'elle fait à la fac. Comment est-il possible qu'elle accepte de fréquenter toutes ces personnes qu'elle considère comme inférieures à elle ?

Je me secoue, depuis la rentrée, mes pensées sont uniquement dirigées sur Chloé. Je ne comprends pas l'attirance que je ressens pour elle. Je lui ai dit que j'étais sympa avec elle parce qu'elle s'entendait bien avec mes potes mais, la vérité, c'est que j'ai envie de la connaitre. C'est sûrement mon côté naïf qui parle, mais j'ai l'impression que Chloé s'est forgée une carapace et qu'elle n'est pas la personne qu'elle prétend être. Et, même si elle était réellement cette gosse de riches imbue d'elle-même, je suis persuadé qu'elle changera. Personne ne peut rester enfermé dans ses idées toute sa vie... et Chloé a radicalement besoin de changer d'état d'esprit. J'ai envie de lui montrer tout ce qu'elle perd en restant dans son petit monde étriqué.

Je pense aussi à Sabrina et aux autres, je sens qu'ils commencent à s'attacher à elle. La preuve : elle est invitée à l'une de nos soirées jeudi soir ! Avec la troupe, on organise toujours des fêtes en comité restreint. On déteste tous les six l'alcool fort et la musique à fond. On s'est bien trouvés. Nous sommes ensemble depuis le début de la licence. Tout a démarré d'un post anonyme sur un groupe Facebook des étudiants d'Avignon. Sans le savoir, en écrivant ce post, j'écrivais mon amitié future avec les cinq personnes qui composent dorénavant ma vie.

En fait, mon message n'était qu'une bouteille à la mer. Je débarquais fraichement de la banlieue parisienne où j'habitais avec mes parents. J'avais décidé de partir faire mes études à Avignon. Tout simplement parce que la première fois où je suis allé au pied du Palais des Papes, mes parents ont dû user de tous les stratagèmes pour me faire ressortir de la ville.

Une fois arrivé sur place, je me sentais seul. Je suis arrivé tôt sur Avignon, on était fin juillet. Je devais trouver un travail rapidement avant la rentrée pour soulager mes parents. Pourtant, je ne trouvais rien qui m'intéressait. En sortant d'un énième entretien d'embauche où, je le savais, je n'avais pas fait bonne impression, je vis un attroupement autour d'un groupe d'artistes près de la place de l'Horloge.

En m'approchant, j'ai réussi à distinguer une troupe de danseurs contemporains. Je suis resté quelques instants à les regarder, m'imaginant à leurs côtés. J'ai toujours eu une attirance particulière pour la gymnastique et la danse. Pas la danse classique, mais la danse contemporaine. Grâce à mon inscription dans un club de gymnastique à Paris, j'avais développé de bonnes compétences dans ce domaine.

C'est là que l'idée a germé dans ma tête : et si je créais une troupe ? Il me suffisait de trouver des personnes motivées pour mener ce projet. C'est là que j'ai rencontré Sabrina et Mike. Ils se connaissaient depuis la maternelle et avaient été les premiers à répondre à mon post Facebook. Ils disaient être partants pour qu'on se rencontre et pour monter un groupe. Les autres ont suivi peu de temps après. D'abord Mélody, qui nous a demandé, avec sa timidité habituelle, si elle pouvait se joindre à nous, en nous tendant une lettre de motivation qui nous avait fait beaucoup rire. Elle y avait écrit : « Bonjour, comme vous pouvez le constater, je suis très timide. Enfin, mon nom n'est pas « très timide », c'est Mélody. Je suis calme, joyeuse, agréable, et je ne donne jamais mon avis si on ne me le demande pas. Je saurai être efficace sans me faire remarquer. » Il m'arrive encore de l'appeler « très timide ».

Petite fille trop gâtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant