Chapitre 11

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NOVEMBRE

CHLOÉ

Je gare ma Merveille à la première place que je trouve sur le parking des Italiens et marche d'un pas vif dans les rues froides de la ville. Bizarrement, j'ai presque envie de retourner à la fac. Cette semaine de vacances n'a fait que m'épuiser. Mes parents n'étaient pas présents, sauf pour me rappeler mes obligations. Quand j'ai voulu leur parler de notre lieu de vacances pour ce Noël, ils m'ont répondu qu'on ne partirait nulle part, qu'il fallait que je prenne le temps de réviser pour mes partiels. Je les déteste. Nos conversations n'ont tournées qu'autour de la fac. Je préfère encore être seule dans mon appartement... Enfin non, je préfère surtout être à la fac. Parce qu'à la fac, il y a Sabrina et les autres... Au moins, eux, ils me font penser à autre chose qu'à ma vie devenue affreusement banale. Même les combats de frites entre Mike et Jordan me manqueraient presque, c'est pour dire !

Je presse le pas, mes mains sont frigorifiées. J'ai enfilé le pull le plus chaud que j'avais mais j'ai oublié mes gants, et le froid mordant me le fait regretter. Même mon immense écharpe ne parvient pas à me protéger. Je souris en pensant au cours d'histoire moderne qui m'attend en première heure, avec madame Dussaussoy. En quelques semaines, cette femme est devenue mon modèle. Et, si j'en crois le nombre d'étudiants amassés devant la porte pour assister à son cours, je crois que je ne suis pas la seule à l'adorer. Je me faufile au milieu de mes camarades, mais Sabrina m'intercepte avant que j'atteigne l'amphithéâtre.

- Te voilà ! S'exclame-t-elle en me serrant dans ses bras.

Mon corps se fige instantanément. D'où vient cette habitude de faire des câlins à des personnes qu'on ne connait que depuis un demi semestre ? C'est tout bonnement affreux !

- Je suis trop contente de te revoir. Me dit-elle en relâchant son étreinte.

Je lui souris parce que, moi aussi, je suis contente de la retrouver. Je la suis vers ses amis. Malgré la fin des vacances, ils ont l'air contents de se retrouver. Leur joie est contagieuse et je me surprends à sourire aussi. Eux, au moins, m'accueillent plus chaleureusement qu'Adeline et Léa, alors qu'on ne s'est pas vus que depuis une semaine. Machinalement, je claque des bises à chaque membre de la bande. J'ai un moment d'hésitation quand je m'approche de Nathan, mais celui-ci se baisse à ma hauteur et je l'embrasse comme tous les autres. Je pousse un imperceptible soupir, je crois que Nathan m'a acceptée dans la bande, il ne se comporte pas différemment avec moi qu'avec les autres. C'est étrange, mais je me sens heureuse de savoir que je suis inclue dans une bande d'amis... Alors que je les méprisais il y a encore quelques semaines.

Nous nous installons à nos places habituelles. Les garçons, toujours assis dans le rang devant le notre, se retournent pour raconter leurs vacances. Aucun n'a vécu d'événements palpitants et, pour une fois, je ne me sens pas obligée de chercher la chose la plus passionnante que j'ai faite pendant ces vacances. En plus, je pense que le moment le plus épique de ces vacances est quand mes parents ont dîné avec moi un soir de semaine, comme ça, sans prévenir. J'ai l'habitude de prendre mes repas seule habituellement. Mes parents sont toujours scotchés à leurs téléphones de toute façon, alors qu'ils soient présents ou non... La conversation avec la troupe est bien plus facile qu'avec Adeline et Léa. Je ne comprends pas comment c'est possible. Je connais mes deux meilleures amies depuis mon enfance, mais il y a comme une distance qui perdure entre nous.

Madame Dussaussoy fait alors son entrée sur l'estrade. Les conversations cessent d'elles-mêmes. Un sourire affiché sur mes lèvres, je pose ma tête dans mes mains et écoute la prof la plus passionnante du monde parler de la période la plus passionnante de l'Histoire. Je prends des notes, essayant de ne retenir que l'essentiel. C'est une tâche difficile, car tout semble essentiel dans le cour de Madame Dussaussoy. Comment fait-elle pour rendre l'Histoire si vivante ?

Petite fille trop gâtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant