Petite fille trop gâtée

Chapitre 41

CHLOÉ

Je saute de mon lit avant d'entendre le réveil. Je me prépare comme tous les jours et, pourtant, ce matin est différent de tous les autres. La veille, je suis restée à l'appart'. Je ne suis même pas retournée chez mes parents pour les remercier d'avoir organisé ma soirée d'anniversaire. Je leur ai juste envoyé un message, prétextant devoir réviser mes cours. J'ai passé le temps en arpentant les lieux de long en large. Après plusieurs heures affreuses où je me suis fait des noeuds au cerveau, j'en suis venue à plusieurs conclusions : je suis amoureuse de Nathan, d'un amour totalement inattendu et irrationnel au vu de notre début de relation. De son côté, il a aussi des sentiments pour moi, je ne sais juste pas dans quelle mesure, et je ne sais pas non plus s'il cherche à être en couple ou juste à s'amuser. Et, enfin, je vais le revoir dans quelques heures. Cette dernière conclusion m'effraie autant qu'elle me rend joyeuse. Aujourd'hui, je n'ai plus qu'à foncer, lui dire ce que je ressens pour lui, m'excuser pour toutes les fois où je me suis mal comportée avec lui, et voir ce qu'il me répond. Si nous voulons la même chose, tant mieux, sinon, je serai condamnée à le regarder de loin, et ce sera terrible. Mais je préfère me raccrocher à la première option.

J'ai tellement besoin de me défouler que je ne pense même pas à prendre ma voiture ce matin. Je m'installe avant tout le monde dans l'amphithéâtre où doit avoir lieu le cours d'histoire contemporaine, le seul de la matinée, et attends mes amis. C'est la première fois que je suis la première à être présente quelque part. De longues minutes plus tard, les filles arrivent. Mike, Jordan et Nathan suivent peu après. Il s'assoient devant nous et sortent leurs affaires. Sabrina essaie de communiquer en langage des signes pour me demander ce qu'il s'est passé mais apparement, mes gestes ne l'aident pas à comprendre ce que j'ai vécu samedi soir. En même temps, c'est assez compliqué d'expliquer que j'ai quitté ma propre fête, que Nathan m'a fait monter au sommet du Palais des Papes en pleine nuit, qu'il m'a donné la suite de la chanson et qu'il m'a embrassée. Il n'y a pas assez de gestes pour mimer tout ça.

- Depuis quand tu arrives en avance en cours toi ? Me chuchote Laureen assise à côté de moi.

Je n'ai pas le temps de répondre car les trois garçons viennent de se retourner pour nous dire bonjour. Je suis figée sur ma chaise. Nathan se contente de me regarder avec un petit sourire mais ne m'adresse pas la parole. Apparemment, je suis aussi transparente qu'une vitre ce matin, la journée commence bien. J'écoute le cours d'une oreille discrète, concentrée sur la nuque de Nathan. J'ai envie de lui crier de se retourner, qu'on n'a pas vécu ça pour rien samedi. Mais bon, les mecs sont des êtres totalement hermétiques, je devrais le savoir à force...

Après le cours, nous nous rendons tous à la bibliothèque, c'est notre nouveau rituel du lundi pour ne pas prendre de retard dans nos dissertations. D'ailleurs, j'ai un devoir à terminer en histoire médiévale. Au moins, Nathan m'a appris que, pour réaliser une bonne dissertation, il faut en savoir largement plus que le sujet en lui-même. Alors je parcours les rayons de la bibliothèque pour trouver un livre intéressant sur les tombes celtiques... un sujet un peu trop précis à mon goût. Une main m'attire derrière une rangée de livres. Je me retiens de hurler, encore plus quand mes yeux plongent dans ceux de Nathan.

- Salut, dit-il avec un large sourire. Je me demandais quand est-ce que tu serais enfin seule.

- Pourquoi ? Tu n'osais pas me parler devant les autres ?

- Non, c'est ça que je n'osais pas faire.

Il m'embrasse. Je ne sais pas comment il fait mais chaque baiser est plus incroyable que le précédent. Je me laisse aller dans ses bras. Je ne m'étais pas rendue compte que son contact m'avait autant manqué ce week-end. Mes barrières cèdent et je lui rends son baiser... avant qu'une alarme lumineuse s'active dans ma tête et que je prenne peur. Je le repousse légèrement qui s'éloigne aussitôt, l'air perplexe.